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Coronavirus: La fausse théorie de l’immunité communautaire Pathé MBODJE, Rédaction centrale, Le Devoir

En sonnant l’alerte, le jeudi 26 novembre, sur une seconde vague dommageable pour l’économie sénégalaise, le président Macky Sall reprenait avec beaucoup de retard les inquiétudes manifestées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dès le 16 octobre (L’Afrique ne peut pas se permettre une deuxième vague de …,www.bbc.com › Afrique › region-54568894). Le lieu commun entre les deux dates est le moment d’une forte décrue qui avait voulu signifier une baisse du niveau d’alerte dans la lutte contre la pandémie de la Covid-19… alors que le reste du monde se reconfinait face à une seconde vague.

La baisse tendancielle observée entre octobre et début-décembre s’est accompagnée d’une levée partielle du mot d’ordre de guerre avec une capitulation face aux divers mouvements d’humeur observés durant le Ramadan en avril-mai et d’un allégement des mesures de restriction imposées aux populations en juin ; elle s’est également vérifiée avec un assouplissement du dispositif technique et, devant la montée en flèche relative du nombre de cas de contaminations en décembre avoisinant encore les 10%, le président de la République demandera le 16 décembre « la réactivation des Centres de Traitement des épidémies (CTE), la remobilisation et une plus grande motivation des personnels de santé et,  surtout, le  renforcement des services d’urgence et de réanimation dans les hôpitaux, en plus des recommandations d’usage relatives à la mobilité, aux regroupements sociaux et à la distanciation physique »,  d’après le communiqué du conseil des ministres de ce jour. En bon français, le Sénégal a dormi un peu trop tôt sur ses lauriers ou n’a pas pu supporter le coût économique de la première vague, malgré les fonds énormes prétendument libérés et qui heurtent le bon sens : mille milliards de francs Cfa.

Une thèse surprenante, raciste à la limite, a tenté de rassurer les gouvernants entre octobre et décembre, qui allait à l’encontre de l’eugénisme du début quant à la faible létalité due au Coronavirus en Afrique ; la première parlait d’une accoutumance à la misère et à la promiscuité qui serait compensatrice, la nouvelle, connue sous le nom de l’immunité communautaire, « correspond au pourcentage d’une population donnée qui est immunisée/protégée contre une infection à partir duquel un sujet infecté introduit dans cette population ne va plus transmettre le pathogène, car il rencontre trop de sujets protégés », selon l’institut Pasteur (publié le 27/11/2020 à 16:49 | Le Point.fr).

Selon cette hypothèse que l’on a voulu scientifique, il suffit que 60 % de la population soit immunisé (Le Devoir du 10 décembre 2020, page 5). Au début, chaque contaminé avait la possibilité tout aussi scientifique de contaminer trois autres compatriotes ; aujourd’hui, il est le protecteur de son prochain grâce à l’immunité communautaire. Les réserves émises par le Centre africain de Contrôle des maladies (CDC) ramèneront les scientifiques à plus de recul méthodologique qui avait averti que « plus de 800 millions d’Africains pourraient être infectés par le Coronavirus si on laisse le virus se propager délibérément dans le but d’obtenir une immunité collective ; cette projection est le pire des scénarios. Cela pourrait mettre en danger la vie de 8,4 millions d’Africains si l’immunité devait être obtenue naturellement », a ajouté le CDC Afrique.

Cette cacophonie s’accompagne d’un mimétisme sans pareil lorsque, comme pour l’Angleterre, le Sénégal politique se met à qualifier la nature du néo-Coronavirus, sans laisser au corps médical le soin de ce faire : le Dr Seydi s’est empressé de remettre les points sur les « i », prenant le contre-pied de son ministre de tutelle, ce qui a ajouté à la confusion.

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