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Communication-Ousmane Sonko de mauvais conseil: Macky Sall piqué fait une overdose P. MBODJE

Combat d’arrière-garde pour le Patriote, désespoir d’un pouvoir isolé qui hurle sa colère

La posture propagandiste peut se comprendre chez Sonko ; par contre, un Macky Sall qui …pique une colère après sa dose inquiète. La communication des hommes politiques perd pied.

Quelle mouche pique nos politiques ? Chacun y va de sa dose, Macky Sall confirmant son ministre de la Santé dans son sectarisme vaccinal, Ousmane Sonko chevauchant l’Africaine de l’anarchie par son appel à l’insurrection.

Passe pour le président, sans doute secoué ce 25 février par le vaccin chinois et irrité par son impopularité qui pousse une beuglante d’autant plus inattendue que les vaccins auraient coûté l’argent du contribuable sénégalais : en faire don reviendrait à un détournement d’objectif et de deniers publics. Et encore : ce ton irrité renseigne sur un régime inquiet de l’animosité de plus en plus grande des populations sénégalaises et qui hurle son amertume.

Il faut sauver le soldat Macky Sall : isolé depuis le 24 février 2019 par un dernier succès qui le pousse à la porte mais désireux de rester, il vit une solitude dont il a cherché à sortir en appelant à une large concertation ; l’inconséquence aura été de mener en sous-marin ses propres concertations pour aboutir aux résultats de la Toussaint. Et encore : la réaction indignée des populations aurait dû lui faire comprendre le rejet des actes posés qui relèvent plus, à leurs yeux, d’une association de grands rusés pas futés, passés maîtres dans la roublardise : l’acte d’association devenait une autre déception, une autre occasion pour se détourner d’un homme ramenant par la fenêtre ceux que les Sénégalais avaient expulsés par la porte à grands renforts de coups de pied bien sentis.

En face,  l’autre camp  croit que le pouvoir est au bout de la rue devant un régime rejeté et qu’il suffit de pousser pour le faire reculer ; mauvais calcul : Ousmane Sonko semble cerné par une alliance anarchiste qui le tient en otage, dégage une stratégie de  l’attaque des intérêts étrangers expressément identifiés qui n’est pas forcément la sienne, s’embourbe dans le solidarisme prolétarien de certains mouvements anarcho-maoïstes et perd au change s’il est une menace pour le grand capital français qui a repris ses marques avec Macky Sall, après la diplomatie extrême-orientaliste de Wade vers des régimes moins soucieux de droits de la personne humaine. Autrement dit, le solidarisme de « Frapp/France dégage » et le soutien timide par la bande de Fernent, par exemple, ressortissent plus de l’exploitation de l’image de Sonko qui serait devenue une locomotive sociale pour entraîner des wagons vides, essoufflés. Malheureusement, Ousmane Sonko ne semble avoir la pleine mesure de la pénétration sociale de son image et reste encore à un niveau d’appréhension loin de la réalité sociale en se faisant chat gris dans la nuit noire, ce que les autres ont compris pour essayer d’en tirer avantage.

Il faut ainsi se rendre à l’évidence : Ousmane Sonko a entamé le 25 février dernier son ultime combat, d’arrière-garde, en refusant de ne plus accepter désormais les règles d’un jeu politique auquel il participe depuis 2014 au moins ; il a eu le mauvais conseil d’essayer à son habitude de faire prendre des vessies pour des lanternes. Contestant la levée de son immunité parlementaire par une commission « illégale » à ses yeux, il refuse de mettre encore une fois à nu et d’enlever son immunité ; par conséquent, il ne présentera nulle part, ouvrant la voie à une confrontation avec ses milices et les forces publiques : il peut désormais être arrêté à tout moment pour être présenté devant un juge qu’il considère pour moins que rien.

Cette clé de lecture d’un outrancier pour se faire martyriser lui avait réussi depuis ses déboires alors qu’il était inspecteur des Impôts et domaines ; sa radiation a renforcé l’image de l’homme projeté malgré lui au-devant des rampes de lancement et qui est resté un homme ordinaire, dans ses pulsions et son habilité  de bateleur des mots…tant que  c‘est lui qui attaquait, la défensive lui réussissant peu, comme cela est lisible depuis le 7 février dernier avec l’affaire de mœurs dans laquelle il est cité.

La guérilla a débuté dès le lendemain de sa déclaration devant la presse, comme le 8 février, avec les incidents notés à différents endroits de la région, à l’université notamment.

Ce combat d’arrière-garde veut faire oublier que Moustapha Niass et ses collègues ne seront pas en Cour, mais Adji Sarr, et que l’Assemblée nationale n’est pas la cause mais la conséquence d’accusations précises sur un calendrier événementiel que Ousmane Sonko lui-même a détaillé le 7 février dernier : il s’est rendu à une adresse donnée, s’y est enfermé avec des individus identifiés, l’un de ces individus est ensuite allé porter plainte pour viols répétés et menaces. S’embourber dans les conséquences, subsidiairement, ne devrait pas faire oublier le principal, des faits constants et reconnus, qui restent toutefois à être confrontés en Justice. Il est en tout cas trop tard aujourd’hui de contester une juridiction dont on a usé depuis l’affaire Tahirou Ndiaye, de jeter des accusations contre des personnalités publiques qui ont aussi leur honneur et leur dignité avec lesquels on joue allègrement à la Goebbels : comment juger ultra petita, Ousmane ?

Rattrapé aujourd’hui par des faits, Ousmane Sonko joue sur les effets d’ombres et non sur la source de la lumière.

L’Assemblée n’a jamais été un parapluie parfait, sinon Khalifa Sall n’aurait pas croupi en prison après son élection en 2017, Gerry Adams du Sinn Fein non plus : tous deux élus députés, la couronne britannique et sénégalaise est passée outre et personne ne s’y est opposé, ni antan, ni hier, ni aujourd’hui.

Le Devoir