Communales région de Matam: Duel à fleurets mouchetés Par Habib KÂ, Chef du bureau régional de Matam, Thilogne
Ainsi que nous l’avions annoncé (Le Devoir du 24 janvier), toutes les communes, les présidences des conseils départementaux de Matam resteront marron beige.
L’incrustation de Wallu Sénégal ou de Yewwi Askan Wi (YAW) dans la région de Matam est encore très timide, même s’il est noté une percée assez remarquable à Thilogne de cette dernière citée, arrivée 3ème et conduite par son jeune leader Abdoulaye Bocar Lom (ABL). Le duel restait donc circonscrit au sommet des ténors apéristes qui tiennent encore fermement en main le titre privé ; les listes parallèles, Union Citoyenne Bunt Bi, Nafoore sont les bêtes noires de Benno Bokk Yakaar (BBY) dans la région de Matam. Le verdict des urnes vient d’en donner la preuve.
À Orefondé, l’Inspecteur des Domaines Djiby Sy n’a pas réussi à se défaire du maire Amadou Yéro Bâ qui a bénéficié du vote des villages de la périphérie, alors que M. Sy disposait pour l’essentiel d’un électorat centré sur sa ville.
À Agnam, Farba Ngom trône encore en maître.
À Dabia, El hadj Amadou Thimbo n’a pas pu faire basculer le maire sortant Yaya Abdoul Kane, encore lourd. Idem à Bokkidiawe où Me Al Housseynou Baydallaye Kane, Directeur général du Bureau des Opérations et de Suivi (BOS) du PSE, n’a pu empêcher Kalidou Wagué de rempiler.
À Nabadji Civol, Ourossogui, Matam commune, force est restée aux maires sortants, encore très balèzes pour leurs adversaires : Abdoulaye Sally Sall, conseiller spécial du président de la République, Me Moussa Bocar Thiam, Agent judiciaire de l’Etat (AJE) ont retrouvé sans trop de difficulté leurs fauteuils, tandis que le très puissant Mamadou Mory Diaw a presque littéralement fait une razzia dans tous les centres de vote de sa commune.
THILOGNE
Mamadou Elimane Kane de Buntu Bi a remporté 15 bureaux de votes sur 16, y compris celui même où le maire sortant a voté. Une véritable berezina.
La prééminence très prononcée de Farba Ngom sur l’édile de Thilogne, ses relations exécrables avec Almamy Bocoum, ambassadeur Itinérant et avec l’assureur Mamadou Elimane Kane, qui n’ont jamais voulu négocier et livrer l’âme du Salndou Fouta, justifient en partie ce vote qui a tout l’air d’un vote de défiance : dix ans d’ostracisme de Thilogne et de son maire, que le président Macky Sall observe sans réagir.
OGO
Abou Diallo Baalel, la voix libre, venu essuyer l’affront d’un homonyme et frère, Abou Lô, membre fondateur de l’APR. L’histoire de son mandataire séquestré, de ses listes forcloses, pour ouvrir un boulevard à Amadou Kane Diallo, pourtant transfuge de la Génération du Concret, est encore fraîche dans les mémoires ; non seulement Amadou Kane Diallo est déboulonné de son piédestal, mais, comble d’humiliation pour une candidature impopulaire, il est relégué à la troisième place par le choix libre des électeurs.
À DAARA KOLiYAABÉ, NGUIDJILONE
Samba Leldo Seck, oncle maternel de Farba Ngom, tête de liste de Initiatives pour le Développement (IPD) de Abou Ibrahima Nguette, envoya aux cordes le maire sortant Sada Ndiaye qui avait rayonné dans tout le département, toute la région du temps glorieux du Parti socialiste (PS) et du Parti démocratique sénégalais (PDS), avant de tenter tardivement une transhumance avortée vers l’Alliance pour la République (APR).
Nguidjilone retiendra pour l’histoire que c’est Samba Leldo Seck qui mit fin à la carrière politique d’un de ses fils les plus illustres, en plus de renvoyer pour cinq ans encore les ambitions inassouvies de Baba Diallo, directeur de l’Agence sénégalaise de l’Électrification rurale (ASER).
KANEL
Haymouth Daff, laminé.
Des signes avant-coureurs de son déclin étaient bien perceptibles. Il perd son fauteuil de maire au profit de Mamadou Sadio Diallo. L’ex-directeur de Cabinet du ministre de la Justice, Souleymane Nasser Niane, quant à lui, tête de liste de “Kanel Rendi Jabi”, était obligé de constater, amer, sa défaite.
À RANÉROU, ALIOU DEMBOUROU MORD LA POUSSIÈRE
Le très bouillant député et président du Conseil départemental de Ranérou Ferlo, Aliou Dembourou Sow, devenu célèbre par ses jaasi et sa trouvaille peu ingénieuse d’un mandat à vie pour Macky Sall, l’homme de l’opération « Un ministre-un mouton » offert gracieusement par lui, pour sa tabaski, est defenestré de la mairie de Vélingara Ferlo. Le Pr Ibrahima Kâ, tête de la coalition Union Citoyenne Bunt Bi, devient le nouveau maire
Quid de ses prétentions de mobiliser ses congénères avec leur jaasi dégainés au vent, pour défendre le 3ème mandat alors qu’il ne peut assurer pour lui-même un second ?
Macky Sall aura une autre relecture à faire de ses ressources humaines dans la région, surtout avec ce rejet ahurissant de “ses” candidats dans presque toutes les villes et communes du Sénégal. Surprise générale des Sénégalais, y compris dans les rangs de l’opposition qui n’en revient pas encore.
“Dërëm geenul gaal gi”, le duel était circonscrit au sommet des ténors apéristes, Farba Ngom de Agnam, Malick Sall de Danthiady, Harouna Dia de Weendu Bosséabe. L’APR conserve, sans surprise, toutes les communes, toutes les présidences de Conseil départemental.
Encore si le parti ne se lézarde, du fait de mauvais choix de son président !