Chronique : Les bonnes montres à la bonne heure
Chronique-Étonnant Sénégal !
Le Projet, plagiat du PSE ?
En partant du principe que le vannier de Papouasie-Nouvelle-Guinée effectue le même geste que son homologue de Chérif Lô, on peut penser que les bonnes montres donnent toujours la bonne heure, sans s’espionner mutuellement ; l’expérience des scientifiques indiens entre des singes et leurs propres fils prouve un fond commun à l’humanité dans ses tout débuts, avec l’embranchement vers culture et animalité avec Ferdinand de Saussure-rapports signifiés/signifiants- et Claude Lévis Strauss et le structuralisme. Au surplus, le vannier de Papouasie Nouvelle Guinée a onze heures d’avance sur son homologue des environs de Tivaouane qui se repose lui sur un méridien qui ne donne pas la bonne heure à tout le monde.
Juste pour introduire l’Aîné Ababacar Sedikh Diagne : la perfection et le Tupolev lui recommandent de reconnaître les bonnes montres qui donnent la bonne heure tout en restant…locales et internationales : les bonnes idées se rejoignent toujours, surtout si l’inspirateur défie le temps mais pas l’espace géographique.
Les critiques du projet du président Faye et porté par le Premier ministre Sonko viennent de trois sources :
– la première où sont les adversaires de Pastef,
– la seconde où sont les partisans inconditionnels de Pastef,
– la troisième où sont les honnêtes hommes. attachés à l’objectivité et que ne quitte jamais la bonne foi.
Les premiers ne se posent qu’une question : qui est l’auteur du programme de développement social et économique du Sénégal sur les cinquante ans à venir et actuellement proposé par les nouvelles autorités ? Peu importe pour eux le contenu du projet, il est nécessairement mauvais de par ses auteurs.
Pour ceux-là, l’adversité a embrouillé leur objectivité. En effet comment peuvent-ils avoir cette désapprobation du Projet et en même temps dire qu’il est le fruit d’un plagiat du PSE ou, pour être plus actuel, le fruit d’un copier-coller d’éléments du programme du président sortant que ces mêmes censeurs avaient si longtemps encensé et approuvé sans réserve ? L’incohérence…émerge.
Le second groupe, qui soutient sans réserve le Projet, partage avec leurs adversaires ce même péché mignon : une renonciation consciente ou pire inconsciente à leur esprit critique. En effet la perfection, un attribut du Créateur SHWT, n’est pas de ce monde et toute œuvre humaine est perfectible.
La sagesse et le réalisme seraient d’agir comme le pilote qui, après avoir déposé son plan de vol en tenant compte de beaucoup de facteurs dont la météo, le modifie et l’ajuste au fur et à mesure de sa progression compte tenu des réalités opérationnelles rencontrées ou prévues sur l’itinéraire du vol.
Le troisième groupe, constitué d’individus qui ne versent jamais dans le panurgisme, reste dans la sagesse et ne jette la pierre à personne, conscient qu’ils sont de leur limites d’êtres humains et des possibles erreurs qu’ils commettraient de bonne foi. Ils soutiennent le Projet avec un esprit critique sans jamais se départir de leur bonne foi.
Que dire après toutes ces considérations ?
Un pays du Tiers-Monde comme le Sénégal est peut-être classé comme un pays pauvre matériellement parlant mais il doit rester riche moralement. Rappelons-nous les mots du président Diouf qui disait, dans une situation quelque peu délicate, “Nous ne pouvons ajouter à la pauvreté l’indignité”.
Ce dont on peut être quasiment assuré, c’est un progrès fulgurant de l’efficience des dépenses publiques au niveau desquelles il y’avait beaucoup de critiques justifiées. Reconnaissons le.
Tout projet politique a ses partisans et ses adversaires. A ceux-là je veux accorder la bonne foi en sachant que chaque camp peut se tromper. Cependant, ils doivent partager le même objectif qui est le progrès social et économique de leurs compatriotes tout en préconisant, peut-être, des chemins différents pour y parvenir.
À l’entame de cet article, j’ai pensé au fable de La Fontaine : “Le Meunier, son fils et l’âne”. Ceux qui sont au pouvoir doivent garder à l’esprit la morale tirée de celui-ci. Notre célèbre chanteur vedette l’a mise en musique : Quelle que soit la façon dont vous agissez, vous n’échapperez pas à la critique.
Par déformation professionnel m’est venue aussi à l’esprit la controverse qui avait suivi la sortie du Tupolev 144, l’avion des usines de l’URSS et qui avait une grande ressemblance avec le Concorde. Certains soutenaient qu’il était le fruit de l’espionnage de l’entreprise “Aérospatial” qui avec British Aerospace avaient construit le “Concorde”, seul avion supersonique à être entré en service régulier dans le monde.
Je me souviens de la remarque que notre professeur d’aérodynamique avait faite à ce sujet : les lois de l’aérodynamique sont les mêmes en France et en URSS , les alliages d’aluminium qui servent à fabriquer les avions sont les mêmes etc et dès lors que deux avions supersoniques de transport se ressemblent est tout à fait logique et n’avait rien à voir avec l’espionnage.
Alors le Projet : plagiat, copier-coller du PSE ?
Pas nécessairement.
Il s’agit du même pays, avec les mêmes caractéristiques, dans le même environnement, etc…
Ababacar sadikhe DIAGNE,
Ancien élève des classes préparatoires aux Grandes écoles,
Ingénieur diplômé de l’ENAC-Toulouse, France
et du MIT-Cambridge, USA.