Chronique : Faut-il maudire les souverainistes ?
Chronique
Devrait-on maudire les africanistes souverainistes ?
Certains devraient ranger leurs plumes au lieu de passer leurs temps à critiquer et mépriser ceux qui tentent, avec les moyens dont ils disposent et les contraintes qu’ils subissent, de faire avancer les idées qui placeraient leur continent sur le chemin du progrès économique et social.
D’anciens hauts placés dans les rouages de l’Etat, avec leurs moyens intellectuels et sans doute attirés par les avantages que donne la proximité du pouvoir, ont défendu, jusqu’à leur dernier souffle, ce régime écarté du pouvoir par le vote massif des Sénégalais en faveur de ceux qu’ils appellent panafricanistes et souverainistes, avec une ironie et un mépris dissimulés derrière une “objectivité” bien subjective.
Ce qui ne peut être oublié et reproché à ces individus, intellectuels incontestés, ce sont leurs tentatives de justifier toutes les décisions et mesures du régime du président sortant, dont certaines étaient aux antipodes de l’éthique et de la démocratie. L’intellectuel conséquent ne peut pas et ne doit pas être du côté du pouvoir, surtout lorsque celui-ci va vers l’autoritarisme et use abusivement des pouvoirs pour étouffer ceux qui ne partagent pas ses opinions, options et orientations.
Comment peut-on soutenir ceux qui, il n’y a guère, ne disposaient que de bien modestes patrimoines et qui, maintenant, sont entrés dans le cercle très restreint des Sénégalais multi milliardaires alors qu’aucune activité entrepreneuriale ne leur est connue ?
Pourquoi le Burkina Faso, du temps de Blaise Compaoré, était-il épargné des exactions des mouvements terroristes sahéliens et que depuis son éviction, le pays du Mogho Naba est l’objet d’incessantes attaques des groupes armés ?
Il faut une bonne dose de perspicacité pour voir que, face au panafricanisme et au souverainisme qui ont le vent en poupe, est déployée une stratégie sournoise et pernicieuse par ceux qui n’ont pas encore accepté l’émancipation du continent.
Celle-ci consiste à susciter et soutenir des mouvements irrédentistes dans ces pays qui ne sont pas suffisamment dociles. La situation sécuritaire dégradée qui en résulte détourne les moyens et attentions des États des objectifs de développement et de progrès.
Autant peuvent être comprises les positions et attitudes de ceux qui, par défaut de moyens d’analyse et de compréhension, font des options alimentaires, autant il est difficile d’être indulgent vis-à-vis de ceux qui, munis d’un bagage intellectuel conséquent voire considérable, abdiquent leur devoir de solidarité envers les populations, victimes d’abus ou de répressions.
Être intellectuel est peut-être, par moments, plus aisé que d’être un intellectuel conséquent et solidaire des causes justes.
Ababacar Sadikhe DIAGNE