Benno : Justice pour Amadou Bâ
En diluant l’image de Amadou Bâ autour de fake news et de fausses querelles, la majorité indique son rejet d’un candidat imposé. Quels sont alors les électeurs du Premier ministre si ce ne sont ceux en délicatesse avec Dame justice ?
Benno
Dame justice vote Amadou Bâ
- Jeu de dupes au sein de la majorité qui ne fait pas confiance à son candidat accusé de collusion avec l’ennemi
- Ambiguïté des ex-Pastéfiens dont le faux plan B suggère un fort penchant pour le candidat Amadou Bâ, surtout s’il est doublé d’une fausse déclaration de candidature du mandataire lui-même
- Pressions exercées sur Khalifa Sall via Barthélémy Dias, plus psychologiques que légales
- Valse-hésitations du Pds laissant à penser à un rapprochement avec Amadou Bâ même si Karim Wade est candidat
Ils l’auront combattu jusqu’à l’investiture officielle, le 21 décembre, avec un Mame Mbaye Niang s’inquiétant du retard d’allumage du candidat de la coalition au pouvoir et prétendant que des sages seraient intervenus pour voir Macky Sall et l’inviter à revoir sa copie.
Entretien :
– Qui se cache derrière Mame Mbaye Niang ?
Lui-même n’est pas capable de réunir les membres de sa famille ou ses amis pour avoir des parrainages ; Mame Mbaye Niang porte la voix d’une haute personnalité tapie dans l’ombre que je ne voudrais pas citer et que tout le monde connait puisqu’elle a fait de lui son protégé.
Ça sent le sabotage de la candidature de Amadou Bâ. Mais comme j’ai toujours dit, le choix du président relève d’abord de la volonté divine, les hommes après.
-Aaah mon doyen veut me faire parler encore : Mame Mbaye Niang est peut-être mandaté.
Marie ?
Ce qui donne plus de poids aux rumeurs selon lesquelles Boun serait en réalité le candidat du président. Je finis mon draft et je te l’envoie pour modification. Amadou est à 38% + depuis octobre au moins, selon les chiffres de ce moment. Ces échanges de la rédaction sont compris dans le papier pour la Une du 28.
Oui : Boun est la botte secrète du PR. Car il n’a jamais fait confiance à Amadou depuis qu’on lui connaît des amitiés avec Oscar Sierra.
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En fait pour un candidat de la coalition de la majorité déclaré, Amadou Bâ n’a pas encore les coudées franches, ce qui augure de relations tendues au lendemain de février 2024 : en lui déclarant la guerre dès l’abord, l’Alliance pour la république cherche peut-être à solder les comptes par anticipation; l‘Alliance pour la République ayant accepté Amadou Bâ du bout des lèvres ne se gêne guère pour lui faire un enfant sur le dos. Quels sont alors les électeurs du candidat de la majorité ?
Apparemment, la piste judiciaire serait un bon indicateur, en dehors du jeu politique de l’Alliance pour la République. Le vaudeville de la démission de faux représentants de Muhammad Boun Abdallah Dionne était la preuve que le pouvoir était en train de saboter l’image du candidat Amadou Bâ qui a semble-t-il été imposé à tous : “Des délégués régionaux de Kolda, Matam, Saint-Louis, Tamba et Louga ont acté leur démission de la coalition “Dionne 2024’’ pour rejoindre Amadou Bâ, le candidat choisi par le président Sall”, notait ainsi rewmi.com. C’était danser un peu plus vite que la musique, d’autant qu’un communiqué laissait entendre que le Premier ministre et le directeur de la Lonase racolaient en privé pour débaucher des cadres de Dionne2024, ce qui atténuait un peu plus la crédulité d’un Amadou Bâ manipulable à souhait.
“En politique, ce qui demeure apparent n’est pas toujours la réalité”.
L’incertitude qui plane sur les graciés et les membres d’une formation dissoute laisse apparaître une situation inédite, à la limite ubuesque vers la Présidentielle de février prochain : les candidats des formations solides pourraient présenter des gages pour leur participation au scrutin de février ; le plan B de Ousmane Sonko serait ainsi à confondre dans les mêmes liens que son mandataire principal. Au-delà de sa valse-hésitation (viendra, viendra pas ?), le candidat du Parti démocratique sénégalais n’est pas mieux loti qu’un Sonko, Bassirou Diomaye Faye ou même un Khalifa Ababacar Sall. L’ancien maire n’est pas directement menacé par les déboires judiciaires de Barthélémy Diass quand, pour ne pas être fétichiste, le chiffre 13 pourrait ne pas entraîner un certain fatalisme diabolique, mais la pression psychologique y est quand même, indiquant par là que Dame justice peut être mise en branle à tout moment dans le camp du candidat à la Présidentielle. Ce serait ici la principale arme du candidat Amadou Bâ lui-même non dénué de malice puisque soupçonné d’être proche de Oscar Sierra, comme on dit dans le jargon allusif de la presse. Il reste une candidature de substitution de Sonko lui-même qui prendrait la place d’un Guirassy, ce qui est clairement la voie d’un rejet à terme.
Pour une fois cependant, la duplicité n’est pas du fait du pouvoir : la sélection de candidats incertains parce que en délicatesse récente ou ancienne avec la justice fait penser à un calcul non dénudé d’arrière-pensée quant à une éventuelle négociation majeure.
P. MBODJE