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Après les 2 K, même cas: Khalifa Sall et Karim Wade pour isoler Ousmane Sonko ? Habib KA, Thilogne, Correspondance Régionale, Matam

Ce ne sera que réparation  si Karim Wade et Khalifa Sall recouvrent leurs droits civiques pour être sûrs d’être dans les starting blocks de la Présidentielle de 2024. Un point à l’actif du président de la République, s’il brise cette bipolarisation politique, qui est, quant au fond, une crispation de l’aire politique, si ce n’est une veillée d’armes, où les acteurs se regardent en chiens de faïence, de crainte d’un probable remake des évènements douloureux passés.

Le retour des deux cas, des séniors déflatés de toute course à la présidence, aura le mérite de soulever le couvercle de la marmite en ébullition et de rajouter de l’eau pour atténuer toutes tensions sociales incessantes.

Ces deux séniors hors du champ politique, hors des compétitions électorales, c’est l’étouffement de la démocratie, l’écrasement de l’expression plurielle, la censure, la confiscation de l’expression du suffrage universel.

Khalifa Ababacar Sall pour 1,8 milliard de francs cfa supposés détournés, son mouvement pour le soustraire des griffes de la justice qui insistait pour consigner le montant reçut un niet catégorique : il était loin d’imaginer qu’il lui serait très difficile de sortir du guêpier juridique : le ministre d’Etat Mbaye Ndiaye l’avait dit sans sourciller, parlant de lui que s’il se voit traqué, poursuivi, c’est par ce qu’il n a pas voulu renoncer à sa candidature et rejoindre Benno Bokk Yaakaar (BBY) ou l’Alliance pour la République (APR) ou soutenir la candidature du président de la République Macky Sall.

Numériquement, khalifa Ababacar Sall avait des voix, une base ; il gagnait toujours Dakar sous Abdoulaye Wade et sous Macky Sall, jusqu’au jour où le ministre de l’Économie et des Finances, Amadou Bâ, fut appelé en renfort pour briser l’hégémonie de l’ex-maire de Dakar  et conquérir la capitale au prix de milliers de millions de francs cfa et d’usage d’ordres de missions abusifs, plus de 7.000.

Que dire de Karim Wade fils de son père ?

Il faisait partie d’une short liste de 25 personnes tous de hauts responsables du PDS déchu, accusés de détournements, d’enrichissement illicite. Hormis Karim Wade et Tahibou Ndiaye, tous entrèrent dans les grâces de l’hyper-président : Ousmane Ngom, Madické Niang, Abdoulaye Baldé, Oumar Sarr, Samuel Ameth Sarr, le “wadiste éternel” et reprirent service, libres de toute poursuite. Karim Wade fut condamné à six ans de prison en 2015 pour enrichissement illicite, exfiltré du pays, sa candidature, sans aucune surprise, invalidée.

Réellement, les Sénégalais, de plus en plus, ne se font aucune raison de croire à l’impartialité d’un Conseil constitutionnel complètement acquis à la volonté du chef de l’Exécutif.

Il appartient à Macky Sall et à lui seul de prouver sa bonne volonté pour assainir le terrain politique et redistribuer les cartes dans et hors de Bennoo Bokk Yaakaar (BBY), de l’Alliance pour la République (APR) et des partis satellites de l’opposition.

Le président Macky Sall doit avoir une nouvelle relecture de la situation politique, assumer une transition pacifique que les Sénégalais sont prêts à accompagner jusqu’en février 2024. Il peut pacifier le climat social, s’atteler au respect absolu du calendrier électoral en continuant de rassurer le peuple comme il l’avait si bien pu le prouver lors de sa dernière adresse à la Nation.

Réputé seul et dernier pays en Afrique pour sa légendaire hospitalité et la stabilité enviée de ses institutions, symbole de la grandeur et de la maturité de son peuple, le Sénégal, pays de Teraanga, havre de paix, s’est réveillé un mercredi noir, 03 mars, le visage complètement balafré par les dramatiques et regrettables errements d’une jeunesse esseulée, désemparée.

Ce jour-là, les contradictions étaient au paroxysme, la rancœur pleine à déborder, si bien qu’il fallait une moindre étincelle pour que tout s’embrase. L’effet Ousmane Sonko-Adja Sarr, malgré eux, en fut le détonateur.

Loin d’être circonscrit en simple scoop fait divers, qui pimente les conversations et commentaires, le temps qu’une autre nouvelle, plus croustillante vienne la supplanter, l’affaire Sonko-Adja Sarr s’est révélée plutôt gravissime, un champ de mines à fragmentation qui bascule tout le pays dans la violence, la terreur, les jacqueries.

Ousmane Sonko a vite fait de qualifier cette affaire de complot ourdi contre lui, visant à l’évincer de la course pour la présidentielle de 2024, comme l’ont été, en 2019, Karim Wade, ministre d’État, ministre de la Coopération Internationale, de l’Aménagement du Territoire, des Transports aériens et des Infrastructures, et Khalifa Ababacar Sall, maire de Dakar.

L’arrestation de Ousmane Sonko le 03 mars 2021 est vue pas les Patriotes comme une machination politique de Macky Sall visant à liquider leur leader. Saccages, dégâts matériels qui se chiffrent à des milliards, sans compter 13 pertes de vies humaines, 09 jours d’insurrection, suffisent pour ébranler un régime.

Ousmane Sonko dans son dernier discours avant son arrestation disait que si Macky Sall voudrait l’éliminer, il aurait les mains tachetées.

Depuis le président Macky Sall donne l’impression d’un président débordé, désorienté, sonné et qui ne s’est pas encore remis.

Une prémonition ?

Ou le Pastef est-il en passe de réussir là où, en 2019, le Parti démocratique Sénégalais (PDS) de Abdoulaye Wade et And Doolel Khalifa de Khalifa Ababacar Sall ont, à tour de rôle, échoué ?

Assurément le Pastef, ses souteneurs et les jeunes de la rue ont réalisé la prouesse de faire reculer le président. Ses plans perturbés, lui qui triait ses adversaires dans le tas et balisait avec fermeté son boulevard pour une 3ème candidature sans contestation populaire.

Pendant ce temps, Karim Wade, Khalifa Ababacar Sall continuaient de faire les frais d’une justice inquisitrice, broyant le noir, victimes du péché d’ambitions, pour s’être entêtés de briguer le mandat présidentiel de 2019.

Les deux K, faut-il le rappeler étaient au summum de leurs popularités : Karim bénéficiait des errements de son jugement par la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI) et Khalifa Sall, d’une crédibilité prouvée à la mairie de Dakar. Ils constituaient deux poids lourds, capables d’hypothéquer sérieusement la réélection du président sortant.