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Aminata Touré, Procureur par procuration

Elle a revêtu la tunique du procureur pour exiger l’annulation du décret d’amnistie et des poursuites contre Amadou Bâ. D’autres membres du gouvernement envahissent les plateaux de télévision pour faire des procès avant terme. Ante ou ultra petita. Par procuration, après certaines déclarations.

Aminata Touré, la bataille           par procuration

“Je connais Koné, Koné me connaît”

Elle agit comme une infiltrée, un sniper qui avait pourtant refusé de “gérer l’agenda de Sonko”.

Il est dommage que le rapport 03 du 15 juin 2021 de l’Inspection générale d’Etat l’ait épinglée : Madame Propre, Madame anti-corruption comme elle a voulu toujours paraître a succombé par l’épée pour en avoir fait son arme favorite pour trancher certaines têtes dont celle de Karim Wade et celle de Aïda Ndiongue, entre autres ; ailleurs, la gestion du dossier de Hissène Habré a donné lieu à toutes les supputations : rien ne justifiait en tout cas l’emprisonnement d’un hôte en prison dorée, placé littéralement en résidence surveillée, et en plein mois de Ramadan encore.

Le système par lequel Aminata Touré Mimi a été épinglée est des plus tristes et dénote d’un sentiment d’impunité ou d’une fausse puissance ; faire circuler le rapport aujourd’hui, après sa conférence de presse du 16 septembre, renseigne sur les hommes qui changent, plus que la Justice qui ne peut changer de bord, drapée dans sa dignité immuable.
Le 16 septembre dernier, elle a mené la croisade de trop, fonçant à la hussarde contre Amadou Bâ, révélant par là que l’ancien candidat à la Présidentielle est l’animal à abattre pour les nouveaux maîtres contre lesquels elle s’est battue becs et ongles, dans une ironie qui rappelle les escapades nocturnes de celui qui l’avait défiée en face à face : elle avait simple répondu : “Je ne gère pas l’agenda de Monsieur Ousmane Sonko”. C’est dire que ses prétentions actuelles manquent d’originalité et plus de crédibilité que de crédit.

Procureur comme du temps de Macky Sall, Aminata Touré exige entre autres l’exhumation des morts de la crise Sonko-Adji Sarr et autres, affirmation d’autant plus facile que l’Assemblée est dissoute, et entame des poursuites contre Amadou Bâqui sais que je sais”. Les hommes du gouvernement qui hantent les plateaux de télévision ont la même démarche intempestive, accusant avec la complaisance de leurs interviewers sans retenue, sans preuve, bafouant un principe simple de la présomption d’innocence, condamnant d’autant plus aisément les l’accusé est absent. En Cour, le débat contradictoire permettra de dégonfler les baudruches. Des documents fuités prouvent que d’autres aussi connaissent Koné et sont prêts à le prouver en produisant des documents, quitte à se faire taper sur les doigts pour recel de documents officiels.

Habituée de la périphérie du pouvoir, Aminata Touré aime servir en frappant. Karim, Aïda Ndiongue, ou en tâtant les humeurs (Abc) en faisant semblant de bouder un “vieil ami de dix ans”.
Le complexe du riche vicie la vie politique sénégalaise depuis la chute de Abdou Diouf alors qu’il s’accommode avec certaines fonctions que tout le monde connaît et feint d’oublier : d’autres  empruntent auprès des banques en prévision d’un fonds commun ou des Ts des douaniers pour se faire un pactole qu’aucune déclaration sur l’honneur ne permet de cerner.

Déjà sous Macky Sall, certains faisaient figure d’épouvante à cause de leur puissance financière : le combat d’arrière-garde que leur ex-compagnon leur a mené portait moins sur la façon dont ils avaient acquis fortune que sur leur capacité à financer éventuellement des troubles intérieurs.

Pathé MBODJE