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Alioune Fall, Secrétaire national chargé des jeunes de l’UFD sur la loi sur le terrorisme: “Il y a trop de bruits pour rien” Entretien dirigé par Chérifa Sadany SOW

Après une absence sur la scène politique, le parti l’Union pour le Fédéralisme et la Démocratie (UFD) refait surface avec de nouvelles ambitions. Alioune Fall, responsable de la cellule communication du parti et Secrétaire national chargé des jeunes, s’explique et aborde plusieurs sujets dont la loi sur le terrorisme.

M. Fall, vous êtes aussi le Secrétaire ntional chargé des Jeunes de l’Union pour le Fédéralisme et la Démocratie. Pouvez-vous nous parler de UFD, son historique?

Alioune Fall: L’UFD a été créée en 2005 par le Docteur Mohamed Tété Diédhiou qui fut le premier maire de la Commune d’arrondissement des Parcelles Assainies lors de l’Acte 2 de la décentralisation en 1996. Il fut aussi un transfuge du Parti socialiste et c’est à la suite de divergences avec les dirigeants de la formation politique qu’il décide de démissionner.

En bon renard politique, le président Abdoulaye Wade l’accueille dans sa formation ,le Parti démocratique sénégalais (PDS) et l’investit comme tête de liste. La divergence avec Wade viendra durant les élections législatives de 1998 où il fut investi à la 20e position alors que son adjoint se retrouve à la 5e position sans discussion préalable.

Son départ du Parti socialiste étant dû à une absence de démocratie interne, il ne pouvait pas accepter cela de Abdoulaye Wade et c’est ce qui vaut sa démission du PDS.

Cependant, il garde son fauteuil de maire vu qu’il a avec lui le maximum de conseillers municipaux. Son départ à la tête de la mairie est dû en 2001 à l’amendement Moussa Sy qui permit à l’État de placer des délégations spéciales à la tête des mairies.

Après son départ, il continua ses activités humanitaires et finit par mettre sur pied son parti politique, l’Union pour le Fédéralisme et la Démocratie.

Alors, aux élections de 2007, Tété Diedhiou part avec la coalition dirigée par Robert Sagna, And Taxawu Ligueyeul Sénégal, et durant la même année il fut élu député sur la liste de cette même coalition. Membre-fondateur de la coalition 0Macky 2012 », il accompagne le président Macky Sall lors des élections de la Présidentielle de 2012. Durant la même année, il a été élu député sur la liste de Benno Bokk Yakaar. Maintenant, c’est lors des élections législatives de 2017 que notre formation politique, pour jauger son poids électoral, est partie seule et sans coalition, en se retrouvant à la 15e place sur 47 listes, surtout étant le seul parti à aller seul aux élections avec le Pur.

En tant que responsable de la cellule communication de UFD, expliquez pourquoi ça ne communique pas au sein du parti. Pourquoi il reste encore inconnu aux yeux des Sénégalais ?

On peut dire que l’actuelle génération ne connaît pas trop notre leader et notre formation politique, mais au niveau des anciens, il reste bien connu, surtout qu’étant un ancien du Parti socialiste et du PDS. Maintenant, c’est vrai que nous ne communiquons pas trop, mais à chaque activité du parti (secrétariat politique national, bureau politique, activité de financement), le président du parti communique sur des questions d’intérêt national.

Mais depuis que la cellule de communication du parti est entre nos mains, nous nous efforçons de travailler, allant dans le sens de rendre visibles notre image et nos activités. Et comme je l’ai dit, nous sommes en train de rectifier le tir en mettant en place des stratégies de communication surtout axés sur les réseaux sociaux et autres supports de communication. Ce qu’il faut cependant retenir, c’est qu’à chaque fois qu’il s’agit de communiquer, notre leader le fait mais c’est juste lors des évènements que le parti organise.

Avez-vous des candidats pour les élections locales ?

Après la réunion du bureau politique de la semaine dernière, on a décidé de laisser chaque responsable dans son département de partir avec la coalition de son choix, surtout qu’ils maîtrisent mieux la situation de leur circonscription.

Car nous sommes un parti qui est présent dans tous les départements du Sénégal.

Aux Parcelles, nous sommes dans la coalition présidentielle et nous travaillons avec Moussa Sy depuis les locales de 2014 ; donc, évidemment, il sera notre candidat aux Parcelles.

Que dites-vous sur la loi portant code électoral qui doit être promulguée d’ici le 23 juillet. Avez-vous un point de vue là-dessus?

Depuis que le Sénégal organise des élections, il y a des rencontres qui se tiennent régulièrement après chaque élection pour les évaluer et préparer les autres à venir. Ce cas-ci fut spécial dans la mesure où ça s’inscrit dans le cadre du dialogue initié par le président de la République. Et cette loi est le fruit d’un consensus obtenu par les acteurs réunis dans le dialogue. Donc je n’y vois pas trop d’objections, surtout que les modifications qui y sont apportées ont longtemps été réclamées par les acteurs (surtout l’opposition), surtout concernant le mode d’élection du maire qui se fait désormais par suffrage universel direct. En plus, cette loi permet de corriger des incohérences dans le domaine du découpage administratif du Sénégal et de Dakar en particulier.

Que pensez-vous de la modification de la loi portant sur le terrorisme ?

Je pense qu’il y a eu trop de bruits pour rien sur cette loi, surtout que les modifications qui y sont apportées quant à la requalification des peines, surtout dans le titre 2 et à l’alinéa 1 où les travaux forcés passent en réclusion criminelle, n’enlèvent rien à la loi qui déjà existait depuis 2007 et ayant subi des modifications en 2016. Donc ceux qui pensent que c’est une privation des libertés fondamentales n’ont rien compris ou ne veulent pas dire la vérité aux Sénégalais. Et en plus, si on n’a rien à cacher, on ne doit pas avoir peur d’une loi qui ne t’est même pas destinée.

En tant que représentant des jeunes, comment trouvez-vous le plan mis en place pour l’emploi des jeunes par le président Macky Sall ?

Ce qu’il y a lieu de comprendre d’abord, c’est que l’État n’a pas pour vocation de donner des emplois mais de créer des conditions d’employabilité des jeunes.

C’est au secteur privé d’être le principal pourvoyeur d’emplois du Sénégal et nous devons donner des moyens à ce secteur privé afin de lui permettre de travailler dans ce sens. Il nous faudrait aussi avoir un secteur privé fort. Et pour l’avoir, il faudrait que l’État puisse les accompagner dans cette mission en leur octroyant des marchés au niveau national et aussi en leur permettant d’aller dans le marché sous-régional avec des lettres de garantie pouvant leur permettre de compétir sur les grands marchés. Ainsi, le secteur privé à son tour doit pouvoir résorber ce gap en terme d’emploi.

Autre chose, l’État a mis en place des mécanismes de financement pour les jeunes comme la DER, le FONGIP et autres structures mais surtout la DER qui est beaucoup plus destinée aux jeunes et aux femmes. Ce qu’on peut constater c’est que l’enveloppe dont dispose la DER ne permet pas de couvrir toutes les demandes ; donc il faut pour l’Etat augmenter cela et permettre à la DER de réussir la mission qui lui est assignée.

Mais nous avons un atout au Sénégal, c’est que nous avons des terres, de l’eau et il suffit juste de fixer les jeunes dans leurs terroirs en leur permettant d’avoir accès au foncier, les former, les financer et les encadrer dans la commercialisation de leur production. Aussi identifier et orienter les profils d’emploi de ceux qui sont dans les milieux urbains.

Par rapport au plan mis en place par le président, c’est un très bon plan à vrai dire sur le papier. Mais il faudrait travailler dans sa mise en œuvre et je pense que cette fois ci le président a compris cela en demandant la territorialisation de cette politique d’emploi et c’est une très bonne chose à mon avis.