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Air Sénégal : Erreur d’aiguillage

Air Sénégal 

Erreur stratégique

La vente d’ATR72 d’Air Sénégal est une mauvaise idée

La compagnie aurait pu adopter le système “trunk and feeder”  des lignes longs et moyens courriers à haut niveau de trafic exploités avec des avions à turbo-reacteurs et des lignes courts-courriers exploitées avec des avions turbo-propulseurs comme les ATRs.

Une dépêche du site d’information www.pulse.sn annonçait ce vendredi que la compagnie Air Sénégal voulait se retirer du marché des gros turbopropulseurs, en mandatant Blueberry Aviation pour vendre ses deux ATR72-600 avec disponibilité immédiate ; ces deux turbopropulseurs avaient été acquis à environ 50 millions d’euros il y a 7 ans.
Notre spécialiste maison réagit.
Je crois que la compagnie commet là une erreur stratégique ; une bonne stratégie aurait été d’adopter le système trunk and feeder. Ce système comporte des lignes longs et moyens courriers à haut niveau de trafic exploités avec des avions à turbo-reacteurs et des lignes courts-courriers exploitées avec des avions turbo-propulseurs comme les ATRs.
Sur 100 nautiques comme Dakar-Saint-Louis, les turbo-reacteurs n’arrivent pas à leurs niveaux de croisière et donc consomment beaucoup plus au siège km que les turbo-propulseurs. Le profil de vol est certainement une montée suivie d’une descente sans palier, à moins de sacrifier encore du carburant en volant à basse altitude.
Beaucoup d’argent a été engagé dans la compagnie nationale sans résultat jusqu’à présent. Peut-être changera-t-on d’approche. Ce qu’on peut dire d’ores et déjà, c’est qu’on regrettera d’avoir vendu ces turbo-props.

Après la libéralisation du transport aérien aux USA, les compagnies aériennes ont adopté ce système qui semble avoir donné de bons résultats : les avions à réaction ont été retirés des lignes courts courriers et remplacés par des turbo-propulseurs. C’est une des explications de l’essor des constructeurs comme le Canadien De Havilland, le Franco-italien ATR et le Brésilien Embraer dans les années qui ont suivi la libéralisation du transport aérien.
Dans ma thèse, j’avais analysé et évalué les stratégies développées par les compagnies aériennes, les constructeurs d’avions et les gestionnaires des aéroports après la libération du transport aérien aux États-Unis.
Cette stratégie apparaissait clairement des analyses que j’avais faites.

Ababacar Sadikhe DIAGNE
Ancien élève des classes préparatoires aux Grandes écoles.
Ingénieur diplômé de l’ENAC-Toulouse, France, et du MIT Cambridge USA.