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4ème Plan : Entre Terres neuves et le Shah

La chronique de Gorguez

4ème Plan quinquennal du Sénégal

Lucidité et réalisme politiques

Au 4ème plan quinquennal furent posées les relations de coopération économique entre le Sénégal et l’Iran sous le règne du Shah Muhammad Reza Pahlavi qui sera déchu du pouvoir par l’Ayatollah Khomeyni, guide de la révolution islamique de 1979. L’Impératrice, épouse du Shah, avait en février 1976 visité le Sénégal, dans le cadre d’un projet de création d’une nouvelle ville “Keur Farah Pahlavi” à Kayar, que devait financer l’Iran.

Le 4ème Plan quinquennal du Sénégal 1976-1980 : ÉTAIT-CE, ENFIN, GAGE DE LUCIDITÉ ET DE RÉALISME POLITIQUES RETROUVÉS POUR TENTER DE METTRE LES BOUCHÉES DOUBLES SUR LE TARD, HÉLAS, APRÈS UNE DÉCENNIE DE CHASSE AUX SORCIERES, AVANT DE VENIR À DE MEILLEURS SENTIMENTS EN INSTAURANT UN PLURIPARTISME À LA CARTE , COMME FAIRE-VALOIR ? ENTRE TEMPS, LE RÈGNE SANS PARTAGE DU PARTI UNIQUE NOUS VAUDRA UN PAYS ÉCONOMIQUEMENT MACROCÉPHALE ,MONOROUTIER, MONOCULTURAL…

Le-dit plan a été une étape importante quant à ses objectifs axés sur la transformation des structures économiques et sur la réduction de la dépendance à l’agriculture, en plus de viser à diversifier ce secteur, ghettoïsé non seulement dans la culture systémique de l’économie de rente (arachidière, cotonnière…), mais également essentiellement tributaire d’une pluviométrie annuelle disparate ! Et que faire en cas d’hivernages avortés, bien en-deçà de la moyenne escomptée et sans aucune maîtrise des caprices climatiques ???
‎ C’est dans cette perspective que le 4ème plan quinquennal 1976-1980 fera désormais ouvrir les yeux aux autorités face aux réalités d’ordre apocalyptique d’un implacable cycle de sécheresse sans précédent dans les annales, sévissant durablement dans le pays et dans la sous-région du Sahel, avec au compteur 5 années (de 1970 à 1974) de pluies au compte-gouttes !
‎Les effets induits d’un tel fléau se sont traduits en exode massif ,de proportions bibliques, de populations affluant vers Dakar, la terre promise, dont la physionomie géographique en pâtira à l’extrême sous la pression démographique d’un nombre exponentiel de sinistres climatiques, désertant leurs terroirs d’attache de l’intérieur du pays avec…baluchons et bétail squelettique, en sursis d’un élevage plus sentimental que générateur de gains en capital susceptibles d’améliorer les dures conditions de vie familiales !
‎ Ce 4ème plan quinquennal était-il enfin destiné à inscrire l’action senghorienne dans la bonne voie d’un décongestionnement démographique libellé “migration accompagnée” dont le cadre du projet “Terres neuves de Koumpentoum, dans la région de Tambacounda, initié en 1971 ? En tout cas, l’occasion s’y prêtait, entre la région du Sine-Saloum d’alors et celle voisine de Tambacounda ; cette dernière, avec Kédougou, formait une seule entité régionale naturelle et multiculturelle, entre autres atouts majeurs militant en faveur d’un processus irréversible d’intégration nationale.
‎Dans le même intervalle que les jalons du 4ème plan quinquennal furent posés, les relations de coopération économique faisaient leur bonhomme de chemin entre le Sénégal et l’Iran sous le règne du Shah Muhammad Reza Pahlavi qui sera déchu du pouvoir par l’Ayatollah Khomeyni, guide de la révolution islamique de 1979. L’Impératrice, épouse du Shah, avait en février 1976 visité le Sénégal dans le cadre d’un projet de création d’une nouvelle ville “Keur Farah Pahlavi”à Kayar, que devait financer l’Iran. Le mois d’avril de la même année, le président Senghor effectuait une visite officielle en Iran.  Keur Farah Pahlavi prévoyait d’accueillir deux-cents mille (200.000) habitants, promettant de devenir la deuxième ville après Dakar, si le projet était sorti de terre !
Le premier choc pétrolier en 1973, puis un second, en 1979, porteront les difficiles conjonctures à leur paroxysme pour devoir décider le président Senghor de quitter la scène politique en passant le fauteuil du palais de la République à Monsieur Abdou Diouf (….).
Il ne viendrait en tout cas jamais à l’esprit du président Senghor de faire ce vers quoi les deux alternances démocratiques ont mené le Sénégal en termes de saturation foncière à l’extrême de la région de Dakar davantage obstruée par le Pôle urbain de Diamniadio érigé sur des terres dont la vocation agro-pastorale et maraîchère aurait dû rafraîchir notre mémoire collective très vite oublieuse des années de vaches grasses de Bud-Sénégal, une ferme agro-industrielle, née en plein cycle de sécheresse des années 1970 ! Bud-Sénégal s’emploiera à l’intensive, faisant de cette zone charnière entre la région de Dakar et le reste du pays un poumon vert de production tournée vers l’autosuffisance alimentaire !
Il n’empêche que Senghor, tout en plaidant en faveur des “grands ensembles en cercles concentriques”, aura tardivement compris que toute une région sud du pays dépendait des rotations allers et retours d’un ferry sur le fleuve Casamance que le pont Emile Badiane de 630 mètres n’enjambera qu’en 1979 ! Tout comme pour le désenclavement du Mali que la rénovation du plateau technique de l’infrastructure portuaire de Kaolack devait pouvoir lui servir de débouché maritime !
L’OHLM, Office de l’habitation à Loyer modéré, créé en 1959, et la SONADIS, Société nationale de Distribution, créée en 1965, avaient tous les deux entrepris de se déployer sur l’étendue du territoire national, tant au niveau régional que départemental. Pendant que le rail maintenait en vie économique et commerciale toutes les villes de même que ces hameaux qui vibraient au rythme des trains de marchandises !
Les trois tomes exposant les grandes lignes du 4ème plan quinquennal m’auront beaucoup aidé dans la documentation géographique au bac 1977 sur le Sénégal. Dans ce jury 38 au Lycée John F. Kennedy, avec M. Marcel Leroux ès-qualité de Prési plane encore l’image de Philippe Maguilène Senghor, le défunt fils du Poète président. Paix à son Âme !

Gorguez DIOP