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3ème mandat: Cherche Pm, désespérément ! Dossier réalisé par Habib KA, Correspondant à Matam

Le rétablissement du poste de Premier ministre, au-delà des urgences, pourrait permettre  d’avoir la lecture pour comprendre les vrais desseins du chef de l’État. Le remaniement de la Toussaint a été un échec, comme tout ce qui a été entrepris pour parler aux Sénégalais les yeux dans les yeux.

Réélu à la tête de l’État pour un second mandat, il y a à peine vingt mois, le régime de Macky Sall a tôt manifesté des signes d’essoufflement : son Fast track comme traitement rapide des dossiers et facilitateurs de la fluidité des services administratifs n’a pas produit les résultats escomptés. Le Chef de l’État ne peut répondre de tout, faire tout et être partout. Une centralisation outrancière des pouvoirs entre les mains d’un omniscient, omnipotent président inhibe la gestion des grands dossiers de l’Etat.

C’est vrai que la première vague de la  Covid-19 est passée par là, endiguant toutes les activités des secteurs essentiels de l’économie, notamment du primaire, du secondaire, de l’administration et du commerce. Mais la Covid-19 ne justifie pas tout : le plan « Sénégal émergent » (PSE) peine à reprendre son envergure.

Le remaniement du gouvernement n’a pas permis la lecture pour comprendre les vrais desseins du chef de l’État : la sommation des zéros de la présidentielle n’est pas un bon référentiel sur les 85% de l’électorat présumés en direction de 2024 : Macky Sall avait fait le même calcul en 2014 avec la dispersion des sensibilités Apr élues sur d’autres listes et cela ne lui a jamais permis de gagner une élection, sauf en 2017 avec la majorité à l’Assemblée.

En effet, quelles que soient les intentions qui pourraient motiver ce remaniement, elles auront la chance de prospérer et de sauver le soldat Macky Sall  si et seulement si elles prennent en considération un certain nombre de données objectives dont les suivantes.

Le rétablissement du poste de Premier ministre s’impose comme un gage pour sortir de ce marasme politique, de cette situation de précarité où tous les acteurs politiques de premiers plans sont en sursis et, pour moins que rien, sont emmenés à l’échafaud pour conspiration ou activités fractionnistes comme du vieux temps des purges staliniennes.

Avec un Premier ministre en exercice, le président de la République gagnerait à déconcentrer les pouvoirs, à responsabiliser son proche entourage, à leur faire confiance, à préparer avec eux le futur après lui.

Comme en 2008, rendre la monnaie à son dauphin, lui permettre d’avaler des milliers de kilomètres, de visiter tous les hameaux, de sortir de toutes les cases pour tâter le pouls du Sénégal des profondeurs, de prêcher la bonne nouvelle.

2024, c’est maintenant ou jamais. Ne pas le faire c’est s’exposer et exposer les autres à la furie des populations qui ne dorment pas, aux coups d’une opposition, même désorganisée, qui peut faire mal, très mal. Et il suffit d’une étincelle pour brûler la campagne. Par ce que le verdict des urnes, souvent pour les Sénégalais, est une sanction populaire, un rejet : Abdou Diouf faisait piètre figure devant Abdoulaye Wade ; Macky plébiscité à 65% aux cris de « Gorgui na dem, na dem ». Et ce ne sont pas les alliances entre les frères libéraux retrouvés pour imposer un troisième mandat qui aura raison de l’entêtement du peuple sénégalais.

L’histoire ne bégaie pas : si les mesures idoines ne sont pas prises pour renverser la situation, Macky et son cheval, son Yaakaar seront traînés dans les marres.

Comme les présidents Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, l’ancien maire de Fatick doit se résoudre à prendre de la hauteur, être au dessus de la mêlée, s’aménager une sortie honorable après avoir franchement préparé ses plus fidèles compagnons de route.

Il doit créer un noyau dur autour de ses plus fidèles alliés intérieurs (Aly Ngouille Ndiaye, Augustin Tine, Abdoulaye Daouda Diallo,…).

Ainsi que nous l’avions énoncé dans une précédente édition du journal  « Le Devoir », Aly Ngouille Ndiaye paraît le plus profilé pour occuper ce poste, généralement qui mène à l’échafaud.

Ce Premier ministre n’aura de chance de réussir sa mission que si Macky Sall joue franc-jeu, et le grand jeu, non pas pour le faire bousiller comme un fusible, au besoin, ou le démettre quand sa cote de popularité commence à monter.

Toutefois, le poste de Premier ministre, seul, ne mène pas forcément à positionner son titulaire pour la prochaine présidentielle : il faut toute une cuisine du Secrétariat exécutif national et du parti pour trouver le candidat consensuel.

C’est l’occasion aussi de remettre en selle des militants de la première tel que Alioune Badara Cissé (ABC) mis au frais à la Médiature, Youssouph Touré, président des enseignants Apr tombé en disgrâce pendant que des ralliés de dernière minute jouent les faucons auprès de monsieur et de madame, la première Dame.

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