GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Sonko : L’ombre, pas la lumière

Procès

Ousmane Sonko joue

sur les effets d’ombres

et non sur la source de la lumière

Les suppliques du chœur des lamantins patriotes et les promesses fermes de l’intéressé lui-même n’ont finalement rien donné : Ousmane Sono  n’est en définitive pas apparu à son procès, rendant ainsi les armes devant le jugement dernier. Comme à son habitude, il a préféré jouer sur les effets de lumière et non sur la source de la lumière ; ces ombres chinoises sur un destin éclairé ont porté ombrage à une lumière. Sa prière désespérée n’est pas exaucée pour la non-tenue de la confrontation finale avec Adji Sarr. Le compte-rendu dans le style du greffier ont revêtu ce caractère eschatologique que tout le monde redoutait.

Surtout que le procès qui s’est ouvert mardi et contre lequel Ousmane Sonko s’est opposé de toutes ses forces est une étape dans une vie riche en péripéties, après celui de Mame Mbaye Niang et les ramifications de certaines affaires de déstabilisation renvoyant à une conspiration contre l’Etat.

Curieux clin d’œil de l’histoire : la toute première fois que le président Macky Sall a été informé de l’affaire, il avait cru à un piège de Sonko pour mettre le pouvoir en mal avec les populations. C’est en tout cas la recommandation qu’il a faite au Garde des Sceaux de l’époque d’y aller comme marcher sur des œufs dans cette affaire Sonko.
Comme pour prendre Macky Sall au mot, Sonko emploiera le même terme lors de sa conférence de presse avec le résultat que l’on sait : la théorie qui ne le quitte jamais qui est à la base de sa communication.


Et d’enfoncer le clou, si l’on ose dire.

Il faut par ailleurs rendre justice au gendarme qui l’avait convoqué de refuser de s’immiscer dans le dossier lorsque Sonko lui avait demandé de l’aider à convaincre la fille de retirer sa plainte, ce qu’il a poliment rejeté. Tout au plus fera-t-il remarquer à Sonko qu’il était député et qu’il n’était pas obligé de répondre à ses interpellations.
Ce même gendarme fut donc tout étonné à quelque temps de là lorsque, en appelant Sonko, il entendit son avocat répondre et de lui demander d’enclencher la procédure légale pour convoquer un honorable.
Ce sont les petits moments de l’affaire.

Ombres chinoises
sur un destin éclairé

Reprenons le second terme de Jordi Savall concernant les trompettes de Jéricho tel que développé dans ” Le Figaro “ du 7 juin 2008 : le second exemple, « en 1941, est le chant d’un condamné à mort à son geôlier d’Auschwitz, une prière tellement émouvante que l’officier lui lassera la vie sauve ».
Jack Teixera, Julian Assange, Edward Snowdon ont maille avec la justice de leur pays. Ousmane Sonko qui leur a emboîté le pas n’est pas dans la même situation : il a été radié de l’administration et s’est radicalisé dans son opposition au pouvoir et cela lui a réussi puisqu’il est passé de député à numéro 2 à la Présidentielle de 2009 et principal opposant à Macky Sall.
Ses accusations non vérifiées en Cour de détournements envers certains citoyens et autre viol présumé n’ont pas entamé la détermination de la force vive de la Nation, les jeunes, qui ont trouvé en Ousmane Sonko un pont vers le futur. Un projet, en mettant tous les œufs dans un même panier en refusant toute alternative, tout plan “B” interne ou externe à Pastef, la formation qui a porté le plaidoyer de Ousmane Sonko. Piqué dans la stratégie de conquête du pouvoir, Sonko a lancé le défi de l’œuf de Christophe Colomb en jurant pouvoir faire tenir debout l’élément, même cassé à un bout.
D’autant que le pouvoir lui avait déjà facilité la ” tache ” en en faisant l’objet de sa hargne du temps du lanceur d’alertes après l’affaire Tahibou Ndiaye qu’il avait pourtant conduite de main de maitre ; faire le lien avec Karim Wade et Khalifa Sall complètera alors la stratégie de communication d’aller du vrai à une timide vraisemblance  en brodant autour toute un histoire à dormir debout :  la reddition qui était « une demande sociale », avec l’arrivée d’un Macky Sall perçu pour le Messie devant les extravagances du régime de Me Wade, dans un premier cas, et un déni du protocole d’État pour une structure décentralisée dont la puissance lui est déléguée par l’autorité administrative présentent pas la même intensité que le détournement de deniers publics ou les accusations entre particuliers.
Certes, la position malencontreuse et politicienne du nouveau président de « réduire l’opposition à sa plus simple expression »   le poursuivra, qui est un déni de démocratie pour quelqu’un que les Sénégalais avaient adopté devant les exactions du régime socio-libéral. Une crise de langueur s’en est suivie avec la pandémie de la Covid-19, la réduction du temps et de l’espace de populations confinées et affamées. Elle rétrécira la marge de manouvre d’un pouvoir plus dynastique que dynamique qui perd de plus en plus pied  auprès des populations

C’est entre ce deux extrêmes que balance le Sénégal depuis pratiquement 2019.

P. MBODJE