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Retrouvailles de la famille libérale: L’amnistie pour un dernier grand hommage à Me Wade

Karim Wade accepte enfin l’amnistie et non plus la révision de son procès : cela suffira-t-il pour maintenir les Libéraux au pouvoir pendant 50 ans ?

Karim Meïssa Wade a levé la dernière difficulté pour le dernier grand hommage que la famille libérale veut rendre au président Abdoulaye Wade : il a enfin accepté l’amnistie, après avoir lutté depuis sa libération pour la révision de son procès ; toutes les négociations entamées depuis 2015 avaient buté sur cette principale difficulté, accessoirement sur une candidature unique de la grande famille libérale qui exclurait le Parti démocratique sénégalais au profit de Macky Sall.

La rencontre de Massalikouk Jinann de septembre 2018 était la partie visible d’un iceberg de négociations « très approfondies » qui se sont poursuivies de manière restreinte entre Macky Sall, Me Abdoulaye Wade et Karim Wade avec les deux premiers nommés favorables à l’amnistie cependant que le petit-frère campait sur la révision.

« La politique a ses réalités : Karim a sa place auprès de son grand-frère et l’amnistie est l’occasion de retrouvailles libérales pour un dernier grand hommage pour Me Wade », avance tranquillement l’ancien négociateur en chef de la majorité présidentielle guère surpris par la nouvelle tournure des événements. Parce que pour tous, depuis la Toussaint de 2020, les retrouvailles entre frères semblaient scellées « avec les résultats observés depuis le Premier novembre 2020 et le retour progressif des Libéraux autour du pouvoir ; la forme n’y est peut-être pas mais le fond est celui recherché dès 2014 : le regroupement de la grande famille libérale autour de Macky Sall. Et il faudra s’attendre à de nouvelles surprises, surtout en 2021, à l’expiration de certaines clauses du Protocole de Doha : « Macky Sall ne peut pas prendre le risque de se défaire de Aminata Touré Mimi, de Aly Ngouille Ndiaye et de Amadou Bâ sans une assurance formelle. Au demeurant, le silence de Wade depuis les accords de Conakry qui refuse de faire voter pour Idrissa Seck est intrigant quand il juge plus le gouvernement de la Toussaint que la procédure de formation avec des éléments extérieurs à l’Alliance pour la République (Apr) » ; au surplus, un mouvement d’animation était en gestation au sein du Pds auquel Me Wade lui-même s’est opposé » (Le Devoir, édition du 26 novembre 2020).
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« Il faut féliciter Serigne Mboup : je n’ai pas les dates mais il y’avait les députés Abdoulaye Dramé, Kalidou Niasse et Tounkara de Rewmi : Idrissa Seck avait en effet donné son accord de principe ».

« Certains étudient ainsi le départ de Omar Sarr Dagana et de Idrissa Seck comme une autre facette de la recomposition de la grande famille libérale : le maire de Dagana aurait refusé tout ralliement d’un libéral actif au Pds, se prétendant fédérateur pour récupérer ceux qui avaient quitté ; quant à lui, Idrissa Seck avait d’autres chats à fouetter avec un séjour prolongé à l’extérieur et apparemment il a repris du service en exigeant Thiès pour lui tout seul et son cercle premier.
« Ce serait également une alternative pour contrer Sonko car on je sait pas ce qui pourrait se passer après : Me Wade voulait voir les Libéraux au pouvoir pendant 50 ans ; avec l’amnistie, nous y sommes pour 100 ans ».

Un K sur 2

Karim Meïssa Wade était condamné par la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (CREI) à une peine de 6 ans de prison ferme, assortie d’une amende de 138 milliards de francs cfa. Permettre à Karim Wade de retrouver ses droits civiques, au nom d’une stratégie politique d’alliance, ne saurait être possible que par une loi d’amnistie générale. L’amnistie, elle, vise une infraction déterminée, elle ne saurait être personnelle ; en conséquence, elle ne peut être réduite au seul cas de Karim Wade et/ou de Khalifa Ababacar Sall. Pour vraiment être générale, beaucoup de détenus qui croupissent en prison pour des faits politiques ou analogues peuvent bénéficier de la loi d’amnistie qui absoudrait les crimes des 2 K.

Encore faudrait-il que le législateur spécifie dans la loi d’amnistie qu’en plus de l’effacement de la peine, les amendes qui s’ensuivaient sont annulées ; Karim Wade échapperait ainsi à une astreinte par corps, les 138 milliards passés au compte pertes diverses.