GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Réseaux d’Intellos : Felwine & Bachir

Le silence des intellectuels

2.0

Ces messages ont été échangés au sein du groupe des anciens du lycée André Peytavin de Saint-Louis.

——
Merci à Sadikhe pour cette contribution. Je te donne raison : le ciel au-dessus de nos têtes est actuellement chargé de nuages lourds de danger, et davantage de voix devrait se faire entendre. Mais j’ai aussi envie de me demander si cette absence de réaction des intellectuels que tu deplores est aussi importante que cela. N’avons-nous pas partagé récemment la belle contribution de Felwine Sarr ? Il me semble aussi avoir lu quelque part un point de vue donné par Souleymane Bachir Diagne. Ces deux-là ne font-ils pas partie de la crème de nos intellectuels ? De même, pas plus tard qu’hier soir, j’ai entendu notre ami (Imam Ousmane et moi) Cheikh Guèye parler en sa qualité de coordonnateur des think tank sénégalais, après s’être exprimé quelques jours auparavant au nom du CUDIS (Cadre unitaire de l’islam au Sénégal). Ceux qui se réclament de la société civile ne cessent aussi de s’exprimer. Birahim Ndiaye l’a fait avant-hier. Alioune Tine très souvent.

Pour ce qui est des réactions et des débordements que suscitent inévitablement ces genres de déclarations, je pense que cela entre dans normal des choses. Heureusement, certains acceptent les différences de points de vue et essaient d’étayer des arguments contrairement à d’autres qui se complaisent dans ce qui est le plus facile : les invectives et même les insultes. C’est à déplorer. Et les réseaux sociaux, phénomène nouveau, sont là pour amplifier les choses, les bonnes comme les mauvaises. Mais cela ne devrait pas constituer un frein à la production intellectuelle, aux débats d’idées. J’allais oublier de mentionner les guides religieux. Eux aussi utilisent bien les canaux qui leur sont propres, et souvent à l’insu du public, pour parler aux hommes politiques qui, par leurs manigances et leurs calculs égoïstes, mettent nos biens et même nos vies en périls.
Enfin, cher ami, toutes mes félicitations. Et dis-toi bien que même cette petite contribution à l’échelle du groupe des anciens de Peytavin est une pierre à l’édifice. Il reste que tu devrais t’adresser plus souvent à un plus large public. Tu as en la capacité. Je sais que tu le fais par ailleurs.

Cher Habib,
Qu’Allah SHWT soit satisfait de toi.
Ces réactions reçues du groupe dont celles de Yoro et la tienne sont de la plus haute importance pour moi.
Ta remarque, laquelle est tout à fait juste, sur le caractère quelque peu exagéré quant au « silence des intellectuels » est, de ma part, une amicale provocation.
Tu as raison : certains parmi les intellectuels, dont ceux que tu as cités, qui comptent parmi les plus éminents, se sont effectivement exprimés sur la situation bien inquiétante de notre pays.
Je me remémore la formule de Chirac à propos du climat (de mémoire) : « Notre maison commune brûle et nous regardons ailleurs ! ».
Voilà où nous en sommes au Sénégal.
Je pense aussi et surtout au regretté et vénéré premier Président du Conseil Mamadou Dia qui avait répondu aux messagers de Senghor qui lui proposait l’élargissement contre sa renonciation à la politique. Sa réponse pleine de courage et dignité fut : « On peut renoncer à un droit mais pas à un Devoir ». Il est rapporté aussi qu’il avait ajouté qu’il préférait être libre en prison que d’être prisonnier dehors (de mémoire).
Aussi est-il heureux que le forum des anciens du lycée André Peytavin ait apporté cette contribution à travers ces échanges qui, à mon avis, est déjà considérable.
En effet, nous sommes dans la logique du colibris que Pierre Rabhi, un célèbre écologiste français disparu récemment, aimait à citer.
Voici la belle légende à ce propos : « La forêt est en flammes et tous les animaux s’affairent pour éteindre l’incendie. Même le petit colibri va au fleuve, met de l’eau dans son bec et vient jeter les quelques gouttes sur les flammes.
Aux autres animaux, restés sans agir et qui lui faisaient remarquer le caractère dérisoire de son intervention, le minuscule oiseau répondit : Je fais ma part du devoir ».
À nous aussi de faire notre part du devoir pour que la paix de notre cher Sénégal ne soit pas compromise par l’inconscience de certains.
Encore merci Habib.
Merci aussi à Yoro.

Ababacar Sadikhe


Mon cher Sadikhe.
Merci pour ta réaction. Je puis t’assurer que nous continuerons toujours d’apprécier tes contributions, souvent sources d’enrichissement, qu’elles soient d’ordre scientifique, sociétal ou autre.