GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Réhabilitation de l’axe Diatar-Alwar, Voie obligée pour une émergence de l’ile à Morphil Par Habib KÂ, Thilogne

Les visites annoncées du président de la République (et toujours reportées à cause de l’humeur des populations) avaient pour principal objet d’accélérer la cadence dans le dossier de la réhabilitation de l’axe Diatar-Alwar, à Podor ; c’est pourtant la voie oblige pour une émergence de l’île à Morphil.

L’Île à Morphil donne aux visiteurs du jour les impressions caractéristiques d’une localité déshéritée : amorphe, poussiéreuse en période de saison sèche, très enclavée au point qu’on dirait qu’elle ne fait pas partie d’une des régions du Sénégal. L’île manque de tout, d’infrastructures socio-économiques, scolaires, sanitaires, routières etc . . . Rallier Ndioum sur la RN2, le seul hôpital, c’est la croix et la bannière pour les femmes en grossesse à terme. Il faut braver la traversée du fleuve à pirogue, puis une piste cahoteuse à charrette, réputée tueuse de femmes enceintes.

Malgré cela, l’endroit est doté par dame nature d’énormes ressources naturelles et potentialités économiques, inefficacement exploitées : de vastes espaces de cultures d’irrigation et de décrue qui s’étendent de Wending à Saldé, de Doué à Podor, sur une longueur de 200 km. Un havre de bonheur où florissent l’agriculture, l’élevage, la pêche artisanale, la flore et la faune, un cadre idéal aussi de vie touristique.

Le Collectif de l’axe Diatar-Alwar est-il en train pour l’histoire de redonner à l’Île à Morphil sont statut d’antan ? En effet, l’île était un carrefour des routes transahariennes, donc un point focal des flux commerciaux, annexée par la suite par l’empire du Ghana puis celui du Mali, avant d’être conquise par les Français. D’aucuns la surnommaient “île aux ivoires” en référence aux éléphants qui y vivaient. Encore aujourd’hui, l’île est à l’abri des spéculateurs fonciers, des agents immobiliers, du “tout béton”. Ses populations y vivent à l’instant, en harmonie avec une nature pas encore très ouverte sur un modernisme extraverti, mimétique.

Rien donc n’est hasard si cette île bénie des dieux, la plus grande île du Sénégal, lovée dans le Doué, suscite de ses enfants un regain d’attention, de fascination, à l’instar d’un pionnier feu Gaye Amadou Malick. Si bien que les membres du Collectif ont préféré défendre les intérêts bien compris de leur communauté que de s’arrimer aux désidératas d’un président.

Ousmane Hamidou Sy, porte parole du Collectif, n’a pas manqué de rappeler que leurs votes étaient affectifs, gratuits et qu’ils ne doivent rien au président de la République et qu’ils n’attendent de lui aucun retour d’ascenseur si ce n’est celui de respecter les engagements solennellement pris à Saint-Louis en 2012.

En 2012, le président Macky Sall avait rassuré que les travaux de réhabilitation de la route de l’île à Morphil partiraient de Diatar à Cas-cas et que le financement était bouclé ; grande fut leur déception quand ils virent les travaux démarrer de Demet et qu’ils ont entendu dire que l’axe Diatar-Alwaly ne sera pas bitumé mais simplement élargi et retapé. Ce tronçon de 42 km est resté tel quel, jusqu’ici, même pas un petit morceau de goudron.

Visite mouvementée

A cela, s’ajoutent les villages de Diatar, Mbooyo, Guédé Wouro, Halwar, Diama Alwaly, Korkadie, Moudnouwaye, Lahel qui étaient pieds dans l’eau pendant tout l’hivernage.

C’est dire que la visite annoncée du chef de l’État dans la à partir du 13 décembre région (mais non confirme par nos sources du palais) risque d’être fort mouvementée.

Podor ne devait pas se plaindre de la lenteur des travaux et du détournement d’objectif du projet par certains esprits retors, si l’on sait que pour l’essentiel les travaux étaient sous la responsabilité de ministres des infrastructures tous natifs de la contrée, jusqu’au Directeur général de l’Agetip : le “neddo ko bandum” devait être fonctionnel aussi dans ce sens, réciproque.

Qui, plus que le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement (MITTD), maître d’œuvre des chantiers, ingénieur des mines, diplômé en ingénierie financière peut fournir autant de précisions sur le projet de désenclavement de l’Île à Morphil ?

Dans une interview de mars 2017 accordée à Oolel Leñol Men (Écho du Peuple), Mansour Elimane Kane, natif Ndioum qui a fait son cycle primaire dans son village natal, ingénieur des Mines, a bien expliqué les objectifs du projet de désenclavement de l’Île à Morphil dans le cadre du plan  « Sénégal Émergent ».

L’objectif principal était de fluidifier la mobilité des personnes vers les infrastructures sanitaires, (l’hôpital de Ndioum singulièrement), scolaires, les loumas hebdomadaires, plus des interconnexions sur la RN2 en huit (8) sorties : Boubé, Tareedji, Guédé Village, Ndioum, Nianga Edy, Dodel, Madina Ndiathiebé, Pété, un bitume de 130 kilomètres avec un réseau linéaire intégré de pistes de production de 125 kilomètres, des ponts à Nianga Edy, Guédé Village, Alwar (terminé), Dodel 1, Dodel 2 ; sur le plan social, 120 salles de classes pour remplacer les abris provisoires.

Depuis, les choses traînent, et ce n’était pas faute de n’avoir pas de fils du terroir aux manettes : Thierno Alassane Sall, Abdoulaye Daouda Diallo de Bokke Dialoube sont passés à ce prestigieux ministère sans diligenter ce très stratégique dossier indexé depuis le 7 juin 2012 en conseil des ministres délocalisé à Saint-Louis. Que dire du directeur de l’Agetip, El Hadj Malick Gaye, sur le retard considérable des travaux à quelques encablures de sa mairie ?

Le désenclavement de l’Île à Morphil intéresse toutes ses populations d’ici et de la diaspora, natifs des villages de Ngaoulé, Dado, Doué, Fondé Ass, Kodith, Guia, Diattar, Mboyo, Diama Alwaly, Wouro Madiw, Mbantou, Donaye, Lérabé, Taredji (Décollé), Diambo Soubalo, Ndiawara, qui ne manqueront de dire leur mot lors des prochaines consultations électorales.

Après la politique, place au réalisme social.

[sdm_download id=”3104″ fancy=”0″]