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Présidentielle-La Cour plutôt que la rue L’opposition recule, Macky fait un pas de plus

Présidentielle-29 juin, le tournant

La Cour plutôt que la rue

L’opposition recule, Macky fait un pas de plus

Le recul de l’opposition le 29 juin dernier ressemble à une abdication dont on ne maîtrise pas bien le fondement ; tout au plus a-t-on invoqué une éventuelle intervention du Général Fall pour décider Sonko et compagnie dans leur volonté de manifester ce jour-là.
Le 29 juin est-il significatif d’une certaine réalité qui place le président Macky Sall au centre de toutes les audaces ?

La capitulation de l’opposition le 29 juin dans son bras de fer avec le pouvoir ouvre un large boulevard au président si l’envie lui en prenait de solliciter un deuxième quinquennat : la rue s’est lassée et détournée de son champion qui semble rentrer dans le système. Ainsi, le troisième mandat est sorti des tiroirs dès le lendemain (quotidien 24 heures No 1559 du 04 juillet), renforcé par le refus du président Macky Sall d’avaliser pour la seconde fois le projet de la CEDEAO de lutte contre le 3ème mandat au sommet du 3 juillet sur le Mali.
Ceux qui prônaient la rue plutôt que la cour pour échapper à Dame laissent ainsi la bride au cou d’un président désormais adepte de la Cour plutôt que la rue qui l’empêche de dormir depuis près de deux ans : lui-même peut saisir Dame Justice pour vider les dossiers pendants de Barthélémy Dias et de Ousmane Sonko, tout en se réservant la possibilité de saisir un Conseil constitutionnel toujours incompétent pour dire le droit sur le nombre de mandats, dans un mauvais remake de la parodie Wade.

Les craintes nourries qui justifiaient les suppliques au report sont apaisées et Sonko incapable de moduler et d’enrichir son discours commence à lasser par ses outrances.

« Un jeu de poker, chaque camp cache sa démarche ; fin juillet est seulement une étape : le pays s’engage virtuellement dans une zone de turbulences dont personne ne maîtrise véritablement les forces centrifuges, coups, contre-coups et corollaires. Notre pays suscite des appétits d’ogre. Nous autres partisans de la paix devons continuer à alerter. Que le Tout-puissant sauve le Sénégal ! ».

La pacification de certaines zones de non droit à l’intérieur et dans l’environnement international immédiat (Gambie et Guinée-Bissau) a notamment renforcé la sécurité et la cohésion nationales mais aussi le désir de nuisance de ceux qui préfèrent le feu et le sang expiatoires, pour ne pas avoir à répondre devant la Justice…qui cherche elle-même la couleur du cheval blanc d’Henri IV.
À ce rythme en effet, l’outrance de certains vise à éviter la Cour tandis que le semblant de fermeté en face cherche à justifier a priori un jugement que l’on pressent plutôt noir que blanc. Dans un environnement moral qui fait du sacré le profane et sacralise le profane.

P. MBODJE