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Poème- La meurtrissure :Je me noie dans un abîme insondable

 Poème

La meurtrissure

Tel un cavalier rescapé d’une rude bataille, âpre et palpitante
Dans mon délire je chevauche à travers savane, ronces et orties
Cramponné à une monture harassée, aux narines frémissantes
Soufflant toute la bave de son corps meurtri.

Fouetté de toute part, éperdu tel un transfuge
Je chemine le long d’un corridor de douleur et de détresse
Dans une quête effrénée de salut et de refuge
Je confonds présent et avenir avec tristesse.

Noir ou blanc, je ne puis choisir sans erreur
Mon crâne bat comme un cratère en ébullition
Mon esprit ruisselle de frayeur
Une vision d’ombres lugubres, dans ma tête, de terribles tourbillons

Les morts par milliers me tendent leurs bras noirs
Et dans mon errance, je tombe dans le néant sans fin
C’est alors que, dans le creux de mon immense désespoir
Naît une rumeur, qui s’alimente, s’amplifie et se propage enfin.

Elle déchire le voile opaque qui m’enserre ; elle me tire de l’ombre
Le « Joola » va sortir des ténèbres, extirpé du fonds de l’océan
Livrant, accrochés à un mince souffle de vie, des corps sans nombre
Irréelle dans ce décor de meurtrissures, la nouvelle me hisse au firmament.

Puis les jours passent, les semaines, les mois, longs, interminables
Alors la douleur me broie les tripes, tenace, insoutenable, atroce
Je m’enfonce lentement, je me noie dans un abîme insondable
Je ne les reverrai plus jamais, c’est fini ; que le destin est parfois féroce.