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Panorama-Chinguitti, le chemin du pétrole

Le chemin de Chinguitti…

 

La montagne de fer

Mémoire

oubliée

Le « Fer de Dieu » : la thèse de la chute d’une météorite à Chinguitti a circulé quelques années dans les milieux scientifiques…
Lorsque nous sommes entrés le 9 janvier 2005, vers « zéro heure » dans la ville de Chinguitti, nous ne connaissions pas l’histoire du « Fer de Dieu »…
La « montagne de fer » qui se serait formée après la chute de la météorite existe toujours à Chinguitti…
Chinguitti est considérée comme la « septième ville sainte de l’islam » ; les pélerins de l’Afrique de l’Ouest qui se rendaient à la Mecque afin d’y accomplir le « Hajj » se regroupaient tous à Chinguitti pour prier d’abord et pour marcher ensuite en direction de la ville sainte (la Mecque).
Nous étions 23 et nous étions partis du « kilomètre 18 » deux jours avant, le vendredi 7 janvier 2005, vers le milieu de l’après-midi.
Ce voyage vers Chinguitti était le deuxième voyage organisé par une grande entreprise industrielle de la place, après celui du « pays Bédik » à Iwol, dans la région de Kédougou.
Nous avions pu visiter, lors du premier voyage (2004), les « chutes de Dindéfélo »avant de gravir la colline de Iwol, une des sept collines du pays Bédik.
Le « chemin de Chinguitti » était plus long (1.200 Km environ) ; nous avions décidé de nous rendre dans la belle région de l’Adrar, en Mauritanie, au pays des « dix bibliothèques du désert »…
Les Sénégalais ont oublié, peut-être, que le royaume de Ghana, créé au Xème siècle, avec les villes de Aoudaghost, Oualata et Koumbi Saleh, se trouvait en Mauritanie.
De grandes civilisations se sont épanouies dans cette région qui touchait l’actuel pays du Sénégal.
Nous avions décidé de nous rendre à Chinguitti par la voie terrestre et notre voyage a duré presque deux jours, avant que nous puissions atteindre la ville sainte de Chinguitti.
Chinguitti accueillait au cours des siècles passés (le XIIème siècle) les caravanes transsahariennes qui commerçaient entre l’Afrique noire et l’Afrique du Nord.
Le chemin de l’Attantique s’est ouvert plus tardivement…
Le conflit entre la caravelle et le chameau a éclaté plus tard…
Nous avions décidé de passer la nuit dans la capitale du Nord, Saint-Louis, près du fleuve Sénégal.
Nous avions choisi de nous reposer à l’hôtel de la Poste, le fameux hôtel où Jean Mermoz devait passer sa dernière nuit, celle du 6 au 7 décembre 1936
Nous avons fait une « balade nocturne » en direction de la Pointe Nord de l’île, celle qui nous rapprochait déjà de la Mauritanie…
Samedi 8 janvier 2005 : nous devons rejoindre Rosso-Sénégal puis Rosso-Mauritanie en traversant le fleuve, aux premières lueurs du jour.
Nous embarquons sur le bac et certains parmi nous découvrent le fleuve Sénégal pour la première fois…
De l’autre côté du fleuve, se trouve la gare routière et nous décidons de faire une pause afin de savourer le fameux « thé maure », à la gare routière de Rosso-Mauritanie.
Nous connaissions la belle réputation des « serveuses de thé » de la gare routière, les femmes maures de Rosso-Mauritanie qui excellent dans l’art de préparer et de servir le « thé maure » de Rosso…
Le « thé maure » de Rosso-Mauritanie vaut tous les détours, à l’ouverture du matin, de l’autre côté du fleuve…
Autre fleuve, autre miroir…
Les souvenirs de cette escale à la gare routière de Rosso-Mauritanie resteront des souvenirs merveilleux.
Nous prenons ensuite la direction de Nouakchott, la capitale de la Mauritanie qui se trouve à 200 km de Rosso-Mauritanie, par la route.
Avant l’arrivée dans la capitale, un déjeuner dans les dunes avait été organisé et ce déjeuner fut très original.
Nous avons ensuite repris la route et nous sommes arrivés dans la capitale, Nouakchott, que la plupart d’entre nous découvraient pour la première fois…
Courte escale au marché artisanal de Nouakchott et de ses trésors cachés…
Le « génie créateur » des peuples se retrouve dans tous les pays du monde…
L’artisanat maure et tous ses talents restent à découvrir par le plus grand nombre…
En début d’après-midi, samedi 8 janvier 2005, nous reprenons la route en direction de Atar, prochaine escale…
Les dunes « font leur festival » : arrêt, photos inoubliables…
Lorsque la nuit tombe, nous entrons dans la ville de Atar…
Nous apprenons alors–les nouvelles vont vite–que le rallye Paris-Dakar fait escale à Atar pour la nuit…
Nous savons que notre « compatriote » Sindiély Wade fait partie de la course dont le départ a été donné en France, quelques jours plus tôt…
Nous chercherons à la saluer, au nom des liens fraternels qui existent entre nous, mais le service d’ordre avait décidé, cette nuit-là, de nous barrer la route et l’accès à Sindiély Wade.
Le rendez-vous avec le « pilote Sindiély Wade » sera pour nous tous le « rendez-vous manqué de Atar » ; il sera consigné dans notre « carnet de route », celui que tiennent toutes les mémoires des femmes (au nombre de sept) et des hommes (au nombre de seize) engagées sur le « chemin de Chinguitti »…

Dimanche 9 janvier 2005 : zéro heure…
Le « convoi du kilomètre 18 »entre dans la ville sainte de Chinguintti, tous feux éteints, la ville est une ville sacrée…
Objectif atteint : le rendez-vous initial a été honoré…
Après notre installation, le repos s’impose à tous ; la nuit sera courte car au petit matin, nous irons à la découverte de la vieille ville chargée d’histoire.
Confort minimum : les ouvriers, les employés, les chauffeurs, l’infirmier du groupe (nous avions tout prévu…), les directeurs, les guides partageront les mêmes conditions d’hébergement : c’est la règle fondamentale du « team building »…
Le directeur général est parmi eux sans signe distinctif et il s’est fondu totalement dans le groupe, au grand bonheur de tous mais surtout de lui-même…
Réveil aux aurores : petit-déjeuner sous la tente qui a été dressée sur le site d’hébergement.
Les femmes (au nombre de sept) qui font partie de l’expédition ont tout organisé.
Nous quittons ensemble le campement en direction de la célèbre mosquée de Chinguitti, la « dernière des douze mosquées » de l’ancienne ville, les autres ayant disparu suite à l’ensablement.
Son minaret est célèbre et il présente une tour de dix (mètres carré à sa base…
L’architecture de la mosquée est remarquable.
Tous les membres du groupe, sauf trois d’entre eux, rejoignent alors l’intérieur de la cour de la mosquée pour prier, en direction de la Mecque.
Chinguitti est une ville du centre-ouest de la Mauritanie, située sur les hauts plateaux désertiques de l’Adrar.
La ville est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1996.
Son histoire est belle ; elle a abrité, comme Tombouctou et Djenné au Mali, de grandes universités et de grands centres d’enseignement coranique…
Les manuscrits qui datent des IXème et Xème siècle sont conservés précieusement dans plusieurs bibliothèques de la ville.
Après la visite de la mosquée de Chinguitti, nous visiterons une des bibliothèques les plus célèbres : la bibliothèque Habott.
Le conservateur de la « bibliothèque du désert » nous fera découvrir quelques manuscrits : c’est un grand privilège et nous le remercions en chœur…
Nous quittons Chinguitti avec des sentiments variés : l’histoire de cette ville ancienne n’a pas encore révélé tous ses secrets…
Direction l’oasis de Terjit : une terre écologique, une oasis de paix et de verdure au milieu du désert de l’Adrar…
L’eau de l’oasis sera versée sur les têtes comme au jour du sacrement du baptême mais surtout les mains seront plongées dans cette eau saine et pure et les visages seront aspergés, des prières seront dites…
Le récit du voyage vers Chinguitti s’achève avec une restitution aussi complète que possible des souvenirs qui ont été conservés.
Ce récit intervient après dix- huit années : c’est l’âge de raison pour le conteur…
Nous conservons dans nos mémoires rassemblées les éclats de voix et de rire des amis qui ont fait avec nous, au mois de janvier 2005, le «  chemin de Chinguitti » et qui nous ont quittés…
Lundi 10 janvier 2005 : aéroport de Nouakchott.
Mon ami Ramadan est sur place, comme lors de mes précédents voyages à Nouakchott.
Le retour vers Dakar se fera par avion et le vol va durer cinquante minutes.
Il faut se rendre au travail et garder dans un coin de son cœur et de sa mémoire le voyage dans le désert de l’Adrar en Mauritanie.
Des « pétroliers » du « kilomètre 18 » ont prié le 9 janvier 2005 dans la mosquée de Chinguitti, « septième ville sainte de l’islam »…
En 2015, un important gisement de gaz naturel a été découvert à la frontière maritime entre le Sénégal et la Mauritanie…
Les sociétés pétrolières qui vont exploiter le gaz naturel extrait du gisement offshore, devraient lancer de grandes politiques de conservation du patrimoine culturel dans les villes de Saint-Louis et de Chinguitti, entre autres villes.
Mais elles pourraient aussi aider à lancer un grand projet de réalisation du « royaume de Ghana » et de la ville de Saint-Louis en 1659, lors de l’installation du premier comptoir commercial français, en miniature avec l’aide des architectes, des ingénieurs, des historiens et des géographes, tous mauritaniens et sénégalais.
Il existe un modèle connu non loin de Paris : « Paris miniature »…
Proposer un tel projet de restitution de la mémoire culturelle des espaces de Mauritanie et du Sénégal, après dix-huit années de « mémoire hibernée », était un défi à relever : le défi a été relevé le 9 janvier 2023…
Toutes les histoires convergent…
Un guide exceptionnel a rendu possible le projet du chemin de Chinguitti » et nous citerons son nom, le seul nom qui sera cité, dans ce récit de voyage, un guide exceptionnel que toutes les femmes et hommes du « groupe du kilomètre 18 »saluent et remercient : Sayfoulaye Bâ, guide du Sénégal…
« Des femmes, des hommes, le chemin du pétrole »…
Le « chemin de Chinguitti… »

Vovo Bombyx
9/01/2023