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On ne vit pas, donc on vivote Ce cher Ramadan !

RAMADAN ET CHERTÉ DE VIE

 

Les Sénégalais ne vivent pas,

ils vivotent

La cherté de la vie pèse sur le panier de la ménagère en ce mois béni

Par Khadidiatou GUÈYE Fall,

Chef du Desk Société

Depuis le début de l’année, les Sénégalais subissent une forme de crise silencieuse dans le domaine de l’alimentation : des  hausses de prix sont notées,  notamment les denrées de première nécessité. Avec le mois de Ramadan qui a coïncidé avec le temps de Carême, cette situation s’est accentuée. L’impact est notoire. Pour la population, surtout celle de la classe moyenne, l’État doit vite réagir.

 

Des mois avant le Carême et le Ramadan, les Sénégalais ont fait face à une flambée du prix de denrées alimentaires. Le même schéma s’est dessiné durant ces moments de jeûne : outre le prix du pain, le prix du sucre n’a baissé d’un iota ; beaucoup d’autres prix ont connu une hausse,  entraînant la fin de certains stocks de marchandises chez les grossistes.

Ce phénomène pèse énormément sur les ménages.

Mame Oumy est une femme au foyer. Elle gère difficilement les achats,  surtout en cette période de ramadan. « Cette année, le Ramadan n’arrive pas au bon moment. Tout est cher maintenant. Les légumes sont chers, le poisson aussi n’en parlons pas. Et ce n’est vraiment pas fameux de jeûner toute la journée et de rompre le jeûne avec un repas bricolé », déclare Mame Oumy. Elle ajoute que même le prix du sucre est le plus préoccupant vu la quantité qu’elle utilise chez elle : « Pendant le mois de Ramadan, j’utilise beaucoup de sucre pour les jus et le ndogou, alors que le kilogramme du sucre coûte toujours 700 Fr. Avec nos faibles revenus, on se prive de certains aliments et repas pour combler cela ». Mame Oumy fait l’effort de joindre les deux bouts avec le peu que lui donne son mari.

Comme un vrai Diawène, Mbowa Diaw ne peut se passer du pain à l’heure du Ndogou. Elle dénonce cependant le prix du pain qui reste à 175 Fr la miche. « Je pense qu’il est temps de revoir le prix du pain. Les grandes familles qui doivent se procurer plus de 8 miches de pain vivent la galère. Les chefs de famille font tout leur possible pour réunir les nécessités du Ndogou, malgré la hausse des prix », dénonce Mbowa Diaw, une ménagère rencontrée aux alentours de la boulangerie. Vêtue d’une tunique bleue avec un voile en couleur rose, elle prend place sur le banc qui fait office de lieu d’attente. Une longue file patiente à la porte de la boulangerie.

À l’intérieur de la boulangerie, une gérante nous accueille par un sourire. Elle garde l’anonymat et affirme : « Les clients se plaignent tout le temps, même avant le début du Ramadan. Maintenant que la demande en pain est supérieure à l’offre, les clients trouvent souvent un prétexte de dénoncer la hausse du prix du pain. Pourtant, cette hausse ne vient pas de nous. Nous n’en sommes pas les auteurs. Malgré les efforts fournis par les dirigeants, les prix ne baissent pas ».

La gérante de la boulangerie justifie cette augmentation par la crise en Ukraine. Plusieurs tentatives de négociations ont été menées par les autorités compétentes mais la situation demeure constante.

C’est dans le même bain que se baignent les butanes de gaz. Depuis plus d’une semaine, les boutiquiers signalent une fin de stocks des bonbonnes de gaz. Pour y remédier, les ménagères se penchent sur le charbon de bois.

Dans la cuisine, Mame Sokhna s’attelle à produire de l’air devant le fourneau avec un éventail. Depuis le début du Ramadan, elle utilise le charbon pour préparer le Ndogou. De l’autre côté de la cuisine, elle montre du doigt les deux bonbonnes de gaz qu’elle utilisait en temps normal. Mais en ce moment,« elles sont toutes les deux vides. Les boutiquiers du quartier n’ont plus de gaz. Chaque jour en revenant du marché, je passe à la boutique pour récupérer le gaz que j’ai déjà payé mais il n’y en a pas pour le moment », d’après la jeune femme.

Elle signale que ce manque de gaz a un fort impact. « Le manque de gaz impacte véritablement les ménages. Nous sommes obligées de recourir au charbon de bois qui coûte le mois plus que la bonbonne de gaz ; en plus du coût, la cuisson avec le charbon de bois demande plus de temps et vigilance, contrairement à la cuisson faite avec le gaz » cite Mame Sokhna, occupée à produire de l’air pour le feu.

Au Sénégal, les consommateurs sont inquiets face à cette flambée des prix de denrées alimentaires. Tous les prix ont pris l’ascenseur, seuls ceux qui disposent d’un portefeuille débordant de liasse de billets de banque parviendront à s’assurer un bon Thiébou Dieune ou Thiébou Yapp accompagné d’une bouteille de jus avec un plateau de fruits.