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Mois de la femme-Indépendance, révision du code

Mois de la Femme

Toujours dans la lutte

pour leurs droits

L’indépendance, la révision du code de la famille dans leur viseur, au nom du père

Le mois de mars spécialement choisi pour célébrer la femme et ses droits se prépare dans presque toutes les structures. Dans le secteur formel comme informel, les femmes se regroupent pour réclamer leurs droits. Celles évoluant dans le secteur informel ne banalisent pas ce mois pour se faire entendre. Coiffeuse, ménagère, cuisinière n’ont qu’un souhait : être indépendante pour apporter leur brique au développement du pays.

Par Khardiatou GUEYE Fall,

Cheffe du Desk Société

« La femme est mère de l’humanité », disait un auteur. Cette affirmation serait difficile à infirmer. Dans la vie de manière générale, la femme occupe une place irréprochable. Rien que pour cette raison, les revendications des femmes ne devraient pas attendre. Pour ce mois de mars, les revendications restent les mêmes, malgré toutes ces années qui se sont écoulées. Leur ambition de devenir autonome constitue une brèche vers la réalisation de leur rêve.

Cette coiffeuse travaille comme gérante de salon de coiffure à la cité Soprim. Diplômée dans le domaine des tresses et du maquillage depuis plus d’un an, cette jeune femme nourrit le rêve de travailler à l’extérieur du pays pour montrer son  talent. Mais son souci principal reste l’attachement que son père a sur le statut de la femme célibataire.

D’après la coiffeuse, son père n’accepterait jamais de la laisser franchir les pays voisins ou l’Europe. « J’ai toujours voulu être indépendante et ne pas dépendre de mes parents qui n’en ont pas assez fait pour moi. C’est pourquoi, après ma formation, je me suis trouvée un emploi qui me permet de subvenir à mes besoins personnels. Je voulais travailler à l’extérieur du pays pour gagner plus d’argent avant de revenir au bercail mais mon père a dit niet. Il est toujours dans l’esprit conservateur qu’une fille célibataire doit toujours être au chevet de ses parents jusqu’à son mariage. Mon père pense que laisser sa fille partir en Europe serait lui donner une liberté totale sans surveillance ni protection. Ce qu’il nous faut en tant que femme, c’est notre liberté à nous pour saisir l’opportunité de vivre l’indépendance », soutient la coiffeuse. Elle ne baisse pas les bras : pour elle tout viendra en son temps. Pour ce mois consacré à la femme, la coiffeuse souhaite que les femmes recouvrent l’épanouissement dans ce qu’elles font.

Amina Samb est originaire de Kaolack. Venue suivre un traitement dentaire dans une clinique à Dakar, elle s’interroge sur la compréhension de certains hommes qui laissent leur femme travailler. Ce qui n’est pas son cas. Amina est prisonnière de son ménage et d’un mari analphabète qui ne voit pas l’intérêt d’une femme à aller travailler. Son séjour à Dakar lui a permis de prendre conscience de l’opportunité qu’elle est en train de laisser lui filer entre les doigts. «  J’ai eu mon Bac  mais mon mari refuse que je suive une formation. Pour lui une femme ne doit se concentrer que sur son foyer. Il pense qu’il peut combler tous mes besoins alors qu’il y a certains besoins que je ne peux lui exposer », regrette Amina Samb.

Mais d’un ton ferme, Amina a décidé de se lancer dans le commerce de rafraîchissants chez elle à Kaolack dès son retour. Elle souhaite également que l’État prenne en compte le plaidoyer des femmes cette année.

Il fait partie des doléances des femmes concernant une révision du code de la famille. Dans ce code, la femme est mise à l’écart de toute prise de décision sur son enfant, d’où le patriarcat. Cette discrimination  étant bien avant l’établissement de la loi et du code de la famille  a été consolidée par ledit code. Cette ségrégation visible et notoire est le combat de tous les jours des femmes, surtout des féministes.

Cette mère de famille est divorcée depuis 2017. Mais la sortie de ses deux enfants hors pays dépend de son ex-mari. Le code de la famille donne le pouvoir à l’homme de contrôler les entrées de ses enfants même si c’est la mère qui endosse les frais. Coincée par ce dernier, elle reste confrontée aux humeurs de celui-ci.

Pourtant, le plaidoyer de cette femme divorcée est celui de presque toutes les femmes depuis plus de 10 ans. Dans le code de la famille, la femme n’a le droit de prendre une décision sur sa progéniture sans l’accord du père. Ceci est le combat que les femmes réitèrent chaque mois de mars.

Les femmes souhaitent disposer de cette liberté de mener une activité leur permettant de se faire des revenus considérables. Leur indépendance, leur implication dans les instances de prises de grandes décisions, l’égalité entre homme et femme dans le milieu professionnel sont devenues la chanson que les hommes ne veulent entendre encore valider. En ce mois pour rappeler les doléances des femmes, les dispositions discriminatoires dans le code de la famille sont dénoncées à chaque occasion.