Mimi-Cheikh Omar Anne, Révolutionnaires de Aj à l’Apr Le rouge vif est devenu marron-beige
Mimi-Cheikh Omar Anne, de Aj à l’Apr
Révolutionnaires
Le rouge vif est devenu marron-beige
mais le sentiment est toujours aussi fort
À Ndioum, Aminata Touré a retrouvé un ancien compagnon des années de braise : Cheikh Omar Anne ; si la tête de liste nationale de Benno a quasiment gardé les mêmes fonctions de directrice de campagne, les vieilles amours révolutionnaires n’en ont pas pour autant pris un coup de vieux : le solide appui d’un des secrétaires-généraux adjoints de 1993 a renforcé son ancrage à Ndioum et apaisé les doutes dans un bastion somme toute maîtrisé. Mais cette fois-ci moins pour Landing Savané et And Jëf/Mouvement pour la Révolution démocratique nationale que pour Macky Sall et l’Alliance pour la République ; et encore, ils sont tous embarqués dans la même pirogue, le quatrième mousquetaire, ingénieur sans grade, squattait aussi le domicile du petit Timonier à Gibraltar et migrera, lui aussi, vers je jaune de Bambey libéral avec toute l’équipe de tête. Ainsi s’explique du reste le respect dû au Maoïste en chef : le nom de Landing Savané a en effet flotté autour de Cheikh Omar Anne vers le début de la présente campagne électorale pour les Législatives du 31 juillet. Et le clin d’œil de l’histoire a fait le reste quand Aminata Touré Mimi et Cheikh Omar Anne se retrouvent 30 ans après autour du même combat politique non point tant pour un leader que pour un idéal révolutionnaire qui ne les jamais quittés.
“Je n’ai jamais été libérale. (. . .). Je me définis comme une sociale-démocrate” expliquait l’autre pour justifier son appartenance à l’Alliance pour la République (APR), « une alliance politique de divers courants ».
Militante de la Ligue communiste des travailleurs (LCT) qui, en 1988, fusionne avec le Mouvement démocratique populaire (MDP) du président Mamadou Dia pour donner le Mouvement pour le Socialisme et l’Unité (MSU), qui soutiendra la candidature de Landing Savane à la Présidentielle de 1993. De ce soutien, Aminata Touré sera désignée directrice de la campagne électorale de Landing, à trente et un an, femme en plus.
La photo a jauni mais le portrait qu’en traçait naguère Le Devoir n’a pas pris une ride.
« Chez Aminata Touré, le virus de la militance s’est très tôt implanté. À quinze ans, disent ses proches. Elle était « dirigeante » très remarquée au lycée Van Vo, avant de s’envoler, Baccalauréat en poche, pour la Métropole.
Jean, baskets, cheveux au vent, même si elle refuse cette étiquette de « garçon raté », elle est partout, dans l’Association des Étudiants sénégalais en France (AESEF), dans la Fédération des Étudiants d’Afrique noires en France (FEANF), aux fêtes de l’Humanité, des manifestations du Parti communiste français (PCF), débattant de politique internationale, d’idéologie, de marxisme-léninisme, de trotskisme.
En 2011, elle quitte les USA pour Dakar, contribue à la rédaction du programme Yoonu Yokute. Convaincu, le candidat Macky Sall la choisit directrice de campagne. Élu le 25 mars 2012, Macky Sall la nomme ministre de la Justice, Garde des Sceaux ».
La vérité révolutionnaire entraînera Aminata Touré dans un tourbillon d’amour-répulsion avec Macky Sall.
Quant à lui, Cheikh Omar Anne continue de rêver au Grand soir : l’État de droit, le renforcement de la Démocratie et des Libertés, les Institutions et la Famille. Bref la Société.
Le combat continue pour l’émancipation avec l’appui à tous les secteurs significatifs de ses années révolutionnaires.
Membre bien vue de And-Jëf au moment du mouvement révolutionnaire pour la démocratie nouvelle, Cheikh Oumar Anne avait cohabité avec Me Wade de 2007 à 2012, et avait même convaincu un certain Macky Sall d’en faire autant : camarades sur le campus et héritiers de Mai 68, ils s’étaient retrouvés avec le bouillant Landing Savané.
Ce lien transparaît aujourd’hui encore : les 72 heures de Ndioum rappellent étrangement la Révolution culturelle de Mao ; l’entêtement Mimi Touré à rester debout auprès de Macky Sall suggère une infiltration idéologique afin de hâter à ne révolution militante en se servant de divers courants contraires qui semblent neutraliser la marche vers le Grand soir.
Le wango du Fouta, le bougarabou du sud, le Ndawrabine de la capitale et le ndaga du Saloum ont donné un peu de couleur à la campagne de Mimi Touré qui a inclus aussi la sensibilité culturelle comme ferment la Révolution, même si le rouge vif est devenu marron.
P. MBODJE