Mauritanie, Sénégal : Gaz naturel et développement
Mauritanie, Sénégal
Gaz naturel et développement
La géologie ignore les frontières et unit le Sénégal et la Mauritanie avec des ressources communes, sources de développement ; la Mauritanie et le Sénégal sont déjà, à la date du 6 janvier 2025, à la « croisée des chemins »…
Une frontière maritime a été tracée entre le Sénégal et la Mauritanie. Deux pays indépendants depuis 1960.
La géologie, la géologie pétrolière en particulier, ignore les frontières tracées par les hommes…
En 2015, il y a bientôt dix ans, des ressources de gaz naturel importantes -de classe mondiale- ont été découvertes à la frontière maritime entre le Sénégal et la Mauritanie. Des ressources communes.
Les réserves seraient de l’ordre de 20 TCF mais celles-ci pourraient évoluer à la hausse. Le premier puits de gaz naturel a été « ouvert » le 31 décembre 2024.
Le rappel de quelques chiffres nous paraît nécessaire :
. Population de la Mauritanie : 4,8 millions d’habitants (2023)
. Population du Sénégal : 18 millions d’habitants (2023)
. Superficie de la Mauritanie : 1,0 millions de Km2
. Superficie du Sénégal : 197.000 km2
. PIB de la Mauritanie : 10,5 milliards de USD (2023)
. PIB du Sénégal : 31,01 milliards de USD (2023)
La Mauritanie et le Sénégal vont entrer « ensemble » dans une ère économique nouvelle. Les revenus gaziers tirés de la commercialisation du gaz naturel liquéfié (LNG) seront équivalents pour les deux pays, compte tenu de leur niveau de participation à la Joint Venture (JV) créée avec les sociétés pétrolières et gazières, BP et Kosmos Energy. La Mauritanie et le Sénégal sont représentés dans la JV par les sociétés SMH et PETROSEN. Une mutualisation des ressources affectées au développement des deux pays apparaît comme une bonne solution.
Plusieurs secteurs seraient concernés :
. l’énergie (centrales électriques avec le gas to power)
. l’industrie (raffinage et pétrochimie)
. l’agro-industrie
. les industries culturelles
. l’industrie du tourisme
. les instituts de formation et de recherche
Cette liste n’est pas exhaustive.
L’agrégation des marchés mauritanien et sénégalais permettrait de mettre en place des unités industrielles plus importantes pour des raisons liées aux « économies d’échelle ».
Dans le secteur du raffinage et de la pétrochimie (urée, entre autres) comme dans les industries lourdes en général, les capacités de production doivent être optimisées. Une intégration poussée des deux économies devrait pouvoir constituer un bel objectif à l’heure des « grands ensembles » car « l’union fait la force »…
N’oublions pas que le président Mamadou Dia qui a pris la décision de faire construire avec les majors pétroliers en 1961, la Société africaine de Raffinage (SAR) avait fixé à cet outil industriel au moment de sa conception un objectif ambitieux : approvisionner en produits pétroliers toute la côte occidentale, de Dakar à Tamatave (île de Madagascar).
Le projet de raffinerie a été revu à la baisse mais la « zone de desserte » de la SAR était constituée, au démarrage de la raffinerie en 1964, de trois marchés :
– le marché domestique (Sénégal)
– la partie Sud du marché de la Mauritanie
– la partie Ouest du marché du Mali
La Mauritanie a été approvisionnée en produits pétroliers à partir de la SAR par cabotage jusqu’en 1989 ; le Mali est toujours approvisionné pour une couverture partielle de ses besoins en produits pétroliers à partir de la SAR.
L’histoire ne doit pas avancer à reculons : faire mieux et davantage que les générations précédentes doit rester une préoccupation permanente. Cet appel est lancé aux autorités de nos deux pays. Elles ont devancé cet appel dans maints domaines mais de grands projets restent à réaliser.
La Mauritanie et le Sénégal sont déjà, à la date du 6 janvier 2025, à la « croisée des chemins » : le « chemin du gaz » qui ressemble comme un frère jumeau au « chemin du pétrole »…
Les ressources tirées du gaz naturel (gaz naturel liquéfié) pourraient servir à financer des investissements dans les industries, dans le tourisme et dans les industries culturelles.
Nous ne savons pas précisément quel est le sort réservé par l’UNESCO au site de l’ancien empire du Ghana qui s’est développé en Mauritanie et à la « frontière » du Mali. Les sites des anciennes villes de Aoudaghost, de Koumbi Saleh et de Oualata devraient pouvoir faire l’objet de fouilles archéologiques intenses afin de les mettre en valeur. Plusieurs sciences humaines seraient concernées : archéologie, anthropologie, paléontologie, la paléobotanique, etc…
La Mauritanie détient des réserves importantes de minerai de fer à Zouérate ; le Pr Cheikh Anta Diop, dans son ouvrage sur « Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire » publié en 1974, a évoqué les réserves en minerai de fer de la Mauritanie et les perspectives industrielles intégrées à l’échelle de l’Afrique de l’Ouest.
La ville de Chinguitti en Mauritanie est toujours considérée comme la septième ville Sainte de l’Islam sunnite.
Il s’agit d’un site historique important où les pèlerins en direction de La Mecque se retrouvaient pour « marcher ensemble vers La Mecque » Il faut rappeler que nous avions proposé il y a plusieurs années la création d’un circuit culturel intitulé : « Le chemin de Chinguitti » un circuit long de 1.200 km et qui serait l’équivalent en Afrique de l’Ouest du « chemin de Compostelle » en Europe long de.1 200 km… La thèse relative à la météorite qui serait tombée à Chinguitti a été réfutée par le Pr Théodore Monod–photo, à la suite de plusieurs missions réalisées sur le site.
Mais cette réfutation du Pr Théodore Monod pourrait être un jour ou l’autre réfutée à son tour car la « science progresse d’évidences sommaires et provisoires en évidences sommaires et provisoires ».
Les deux pays « frères et voisins » qu’aucune frontière -ni maritime ni terrestre- ne devrait séparer pourraient aussi prendre ensemble la décision de redonner à l’IFAN, à l’ITA, à l’ISRA, l’Institut de Recherche océanographique de Dakar ainsi qu’à plusieurs instituts de recherche installés en Mauritanie, un nouvel élan car les ressources financières seront disponibles. L’IFAN doit être réhabilité. Un « cycle nouveau » s’ouvre pour les deux pays : la Mauritanie et le Sénégal.
L’OMVS a fait la démonstration de l’intégration en marche pour trois pays frontaliers : la Mauritanie, le Mali et le Sénégal. Le débit régulé du fleuve Sénégal devrait permettre de réaliser un ancien projet d’approvisionnement du Mali en produits pétroliers : la construction d’un centre de stockage de produits pétroliers à Ambidédi. Le centre de stockage serait approvisionné par la voie fluviale au départ de St-Louis ; ce Centre de stockage serait destiné à créer une intégration parfaite de la voie fluviale, de la voie terrestre ( camions-citernes) et de la voie ferroviaire (wagons-citernes).
Une raffinerie de pétrole (SOMIR) a été construite à Nouadhibou à la fin des années 70. Elle a été exploitée au milieu des années 80 (1985) avec du pétrole algérien (Hassi Messaoud) ; l’activité de raffinage a été ensuite abandonnée et les installations de la raffinerie de Nouadhibou devaient être démantelées. À l’heure où de nouvelles perspectives s’ouvrent à la SAR (raffinerie 2.0) avec le démarrage de la production de pétrole (Sangomar), les experts des deux pays pourraient se rencontrer et discuter « raffinage du pétrole et pétrochimie »
Enfin, la création d’une agence sénégalo-mauritanienne que nous appelons de nos vœux depuis plusieurs années, sur le modèle de l’Agence de Coopération Sénégal-Guinée Bissau, devient urgente car elle pourrait devenir la «cheville ouvrière » des grands projets communs.
Les espaces économiques doivent être unifiés car « Le lion est fait de mouton assimilé » (Paul Valéry).
Vovo Bombyx
6/1/2025