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Législatives : La proportionnelle, l’incohérence

Législatives : un point de vue subjectif

Une dose de proportionnelle 

désarticule le système

et lui ôte sa cohérence

Plusieurs fois a été rappelé que la Constitution du Sénégal a été inspirée sinon clonée de celle de la quatrième République française laquelle a été quasiment dictée par le général de Gaulle. La volonté de l’ancien chef de la France libre, dans cette initiative, a été de soustraire l’exécutif de l’influence de ce qu’il avait appelé le pouvoir des partis.
Voilà pourquoi, dans ce système cohérent, le mode de scrutin à deux composantes : d’une part l’élection du président de la République au suffrage universel direct que le célèbre français a appelé “le rendez-vous d’un homme avec son peuple” et d’autre part l’élection des députés au suffrage majoritaire à deux tours. Ce système présente une cohérence d’ensemble et évite l’instabilité gouvernementale comme lors de la quatrième République en France où celle que connaît l’Italie depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Une disposition de la Constitution française (article 49.3) empêche les blocages qui pourraient venir des parlementaires censés être du bord politique du président sous peine de dissolution de l’Assemblée. Avec ce système, la France n’a connu que deux cohabitations la première sous la présidence de François Mitterrand et l’autre sous Jacques Chirac suite à une dissolution ratée de l’Assemblée nationale. La situation actuelle en France n’est pas une cohabitation mais ne met pas à l’aise le pouvoir exécutif.
Le schéma organisationnel des pouvoirs dans un tel cadre nécessite une majorité nette du même bord politique que le président de la République.
Vouloir introduire dans le mode d’élection des députés une dose de proportionnelle comme cela a été fait en France et au Sénégal désarticule le système et lui ôte sa cohérence. Le président français le vit actuellement et le Sénégal dont on attend les résultats définitifs de ses élections législatives est dans la même perspective.
Sur le plan théorique, l’introduction de la proportionnelle dans l’élection des députés est apparemment séduisante tout en étant une fausse bonne idée. Après cette contextualisation des élections législatives, il faut revenir à nos réalités
Les décisions des juges supérieurs ont dérouté beaucoup de ceux qui sont marqués de la culture scientifique ou en sont imprégnés. Et des difficultés sont en perspective si un député devait être remplacé parmi les élus des partis ou coalitions dont une partie des listes a été invalidée.
Par ailleurs, il ne peut être passé sous silence le fait que le mode opératoire mis en œuvre a abouti à la non participation à ces élections de personnalités de premier plan et dont la représentativité politique est incontestable. Les wolofs disent : “Bènne bop kènne menouko kharr gnarr“. Le Sénégal est un et indivisible.
Les acteurs politiques doivent s’entendre sur l’essentiel qui est la paix, la stabilité et le développement du Sénégal.
Nous rappelons à ce propos la formule de gouvernement de majorité présidentielle trouvée par le président Abdou Diouf qui avait permis de stabiliser le pays et de calmer son climat politique.
Nous sommes à moment de changement d’ère (ou d’air ?). Les outrances et les arrogances ont exaspéré nombre de nos compatriotes.
Il faut, de l’autre côté aussi, se méfier de l’excès d’enthousiasme en cas de victoire surtout écrasante. On peut vaincre l’adversaire mais il est inutile voire contreproductif de l’humilier . La mansuétude est de loin préférable.
Les enjeux sont ailleurs que dans la vengeance ou la rancune même si les injustices ne sont pas tombées dans l’oubli.

Ababacar Sadikhe DIAGNE,
Ancien élève des classes préparatoires aux grandes écoles.
Ingénieur diplômé de l’Ecole Nationale de l’Aviation civile (ENAC), Toulouse, France, du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Cambridge USA et du Center for advanced Engineering Studies du Massachusetts Institute of Technology (MIT).