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Lat Dior, « Bour Gueej » converti à l’Islam

Lat Dior « Bour Gueej » converti à l’Islam

 

Un double calcul

court et concis

Cent ans avant 1960, Lat Dior

entra dans la case de l’homme

Parce que, pour être Damel, il fallait être un homme. Et mobiliser en même temps les « Gueej » contre Makodou. Double calcul que fit Lat Dior, sous la férule de Demba War. Qui se fit aussi musulman.

De notre correspondant en France

La circoncision révèle plusieurs aspects. Au sens figuré et en termes d’apologétique constructive, la circoncision du cœur, la circoncision des lèvres : le retranchement des mauvaises pensées, des mauvais désirs, des paroles contraires à la charité ou à la pudeur, n’a rien à voir avec la définition sur le plan de la médecine ou de la bible consistant à l’ablation totale ou partielle du prépuce.

Malaw, cheval mythique

Les Encyclopédies généralisent en effet la pratique, comme relaté dans l’Évangile selon Luc (2:21), et (est) « un thème de l’iconographie chrétienne avec la fête liturgique célébrée par les Églises catholique et orthodoxe chaque Premier janvier », selon Wikipedia. 
Cent ans avant 1960, c’est-à-dire en 1860, Lat Dior passa de la vie adulte officiellement par le rite d’initiation.
A Bargny/Ngoud, nous avons connu ce rite chez « Bay Yaraak », un homme hors du commun, baraqué et soucieux des rites ancestraux car l’Afrique a ses réalités qui font le nid de son essence, de ses préjugés et de tout ce qui est démiurge. Et comme disait Marx :  «L’homme est le démiurge de l’homme, c’est à dire que c’est l’homme qui se fait lui-même ».
En ces temps-là, et pour ne parler que d’un pan de cette histoire, ce fut un évènement politique majeur où de véritables liens étaient nés entre des hommes presque du même âge, animés de la même foi et qui luttaient pour les mêmes causes.
Ses « Mboka Mbar », accompagnés des « Salbés », véritables cicérones, formés par des jeunes circoncis en même temps que lui, étaient formés de ses partisans devenus ses hommes de confiance.
La vérité était aussi que cet acte revêtait un double calcul : autrefois, pour être Damel, il fallait être un homme, donc circoncis. C’était aussi une preuve de la force « Yarakienne » des « Gueej » contre Makodou.
Inquiet et jaloux du rassemblement qui se faisait autour de Lat Dior, Makodou lui signifia son expulsion du royaume.
Apparait ici un autre personnage indissociable de Lat Dior. Il s’agit de Demba War né en 1837 et plus âgé que lui, son ami et conseiller.
Après cette pratique dont la cérémonie se déroula dans la province du Guet à Thilmakha, Lat Dior se hissa à la tête des « Gueej » en tant que « Bour Gueej » puis mobilisa ses hommes contre Makodou.
C’est durant cette période que Faidherbe préparait l’invasion du Cayor.
Dans un premier temps, il envoya des tirailleurs venus d’Algérie appuyés par d’importantes troupes de reconnaissance.
Mais avant de commencer le combat, le capitaine Vincent et Emile Pinet-Laprade prirent d’abord des relevés topographiques de la région puis organisèrent un recensement politique et recrutèrent des volontaires à Dakar, Rufisque et Bargny dans le Cap-Vert.
Dès lors, une première expédition militaire fut lancée le Premier janvier 1861 ayant pour objectif d’établir des postes militaires français à l’intérieur du Cayor.
Lat Dior prêchera l’anticolonialisme jusqu’au bout, dès qu’il fut devenu Damel du Cayor, et fera face à Faidherbe. Nonobstant, il ira dans le royaume du Sine auprès du « Bour » Coumba Ndofène pour chercher alliance et réconfort. Mais il fut mal accueilli par ce roi  «insolent » selon l’histoire, parlant de la mauvaise plaisanterie de Coumba Ndofène sur la « petite taille » du roi du Cayor.
Lat Dior se convertira à l’Islam dit-on, pour des intérêts purement politiques pour mobiliser et élargir son armée.

Tidiane SÈNE,
Toulouse