La vie des transfuges De notre correspondant en France, Tidiane SÈNE, Toulouse
Bientôt, Macky Sall va nommer un Premier ministre. Ce dernier sera un transfuge pur et dur ou un de ses lieutenants en mal de popularité. Mais, qui se souvient des transhumants sous les régimes des anciens présidents ?
Au fait, que sont-ils devenus réellement ? Ils sont à l’affût, encagoulés dans toutes les mêlées politiques en se comportant comme des girouettes qui tournent au gré des vents. Ils guettent le moindre moment favorable pour rejoindre le plus offrant, c’est-à-dire le vainqueur.
Grands calculateurs devant l’éternel, ces petits avocats, ex-petits ministres et aventuriers à la recherche du gain facile, devenant les pires ennemis de la société.
Ces grands politiciens qui ont jadis harangué les foules avec un discours loufoque entretenu dans des meetings et sur les plateaux de télé à longueur de journée durant des dizaines d’années pour tromper les citoyens. Il fallait écouter ces fieffés brailleurs, râler à tous vents. Grands prédateurs, ils ne sont animés que par le seul souci qui consiste à cirer les bottes de ceux qui sont au pouvoir rien que pour plaire, et après se faire la belle. Si maintenant, beaucoup de Sénégalais ont horreur de faire de la politique, c’est justement à cause de tels individus qui grouillent dans le landerneau politique, particulièrement dans les partis, et qui ne cherchent que leurs intérêts et non l’intérêt des populations. Voir qu’il y a maintenant plus de 300 partis politiques dans le pays est un véritable non-sens. Pourtant, ces mouvements sont généralement méconnaissables quant à leurs activités propres, c’est-à-dire leurs démarches réelles dans la vie sociopolitique et économique du Sénégal.
On ne les entend pas, on ne les voit pas. À vrai dire, ils ne contribuent en rien à la formation de leurs militants ainsi qu’au développement de leur nation : ils n’ont ni permanence ni siège, sinon, ce sont leurs propres maisons qui font office de bureaux pour des rencontres et d’autres activités de rassemblement. Ils n’ont aucun brin de civisme et n’existent juste que pour eux, pour leurs copains et coquins, pour leurs copines et enfin pour leurs familles. Ils ont compris selon leur agiotage macabre que faire de la politique était le métier le plus rapide et le plus facile, pour se faire de l’argent et devenir riche.
Il y a moins de vingt ans, la plupart d’entre eux n’avaient même pas de quoi payer la location de leurs maisons ou de s’acquitter rapidement de leurs dettes.
Ils étaient des dizaines de ministres ringards et encagoulés, d’ex-vieux étudiants mal fagotés et chômeurs, des affairistes promus aujourd’hui par la grâce du pouvoir, des directeurs de sociétés qui durant leur législature ont fini par dilapider l’argent du pays. Néanmoins, ils se pavanent comme si de rien n’était, utilisant l’appareil d’État pour des fins purement personnelles.
Ils n’ont jamais pensé au devenir du Sénégal, mais plutôt à s’enrichir pour la réussite exclusive de leurs intérêts égoïstes. De véritables malfrats devenus ventripotents, grands menteurs, des incapables qui ont retardé le pays pendant des décennies.
La plupart d’entre eux, les plus fortunés, ont déjà transigé et après se sont terrés chez eux comme si de rien n’était, cherchant une sortie honorable dans d’autres affaires plus nébuleuses et sans coup férir !
Certains, conscients de leur haute trahison, cherchent amende honorable en prospectant des contacts avec leurs anciens bienfaiteurs, quelquefois en vain.
D’autres sont vite allés pactiser avec leurs frères ennemis avec qui ils n’ont d’ailleurs jamais rompu les relations de complicité.
Le politicien reste un animal véreux surtout lorsqu’il ne pense qu’à lui et aux siens, mais jamais à son peuple.
Les notions de vergogne, d’entraide et de dignité n’animent le malotru politicard que lorsque sa conscience d’homme reprend par moment le dessus, et fait de lui un humain dans le vrai sens du terme. Mais est-ce qu’un politicien peut réellement se départir de ses anciennes amours consistant à suborner son monde ? La trahison et le reniement ne sont que des actes désespérés de peur et de lâcheté.
Ceux qui font des coups bas à leurs compagnons de route sont généralement des hommes qui, soit psychologiquement, ont vécu avec un manque criard durant leur bas âge, ou qui ont l’habitude de poignarder dans le dos leurs plus proches, de façon innée.
Pourtant, le lâche court toujours vers un honneur ou un trophée qu’il n’a jamais eu, mais qu’il rêve de se signaler devant ses pairs.
La plupart des personnes sont cupides et malicieuses. Mais elles sont rattrapées et trahies très souvent par l’acte qu’ils posent et qui ne peut éternellement perdurer. Roublards et inintelligents, politiciens ne savent pas que leurs promesses et leurs serments sont du vent qui se dissipe à chaque fois qu’ils sont mis à l’épreuve du temps.
De Georges Auriol : « La lâcheté tend à projeter sur les autres la responsabilité qu’on refuse ».