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La crise en Europe septentrionale et les inquiétudes africaines: Un remake de la crise des missiles de 1962 Par Ababacar Sadikhe DIAGNE

La tension à la frontière russo-ukrainienne est suscitée, entretenue par certains États. La Russie n’a rien à gagner dans un conflit avec ce pays voisin, au contraire.

La réaction de la Russie dans cette affaire de la crise en Europe septentrionale est tout à fait semblable à celle, il faut le dire légitime, des États-Unis en 1962 lorsque l’URSS avait voulu installer à Cuba des missiles à charge nucléaire à proximité des côtes Atlantique des USA.

Dans cette crise dite des missiles, le président de l’URSS de l’époque Nikita Khrouchtchev a su reculer à temps pour éviter au monde une guerre nucléaire suite à un compromis entre les deux grandes puissances.

Aujourd’hui, le monde est encore au bord du gouffre.

Les Européens et le président ukrainien ont été réticents à suivre la rhétorique guerrière de certains gouvernements dont la préoccupation semble être l’affaiblissement économique de la Russie.

Ces tensions vont bloquer le projet « North stream 2 »(Projet de gazoduc contournant l’Ukraine et devant acheminer depuis la Russie une part importante de l’approvisionnement en gaz de l’Allemagne) d’une part, et revigorer l’OTAN qui depuis la disparition du Pacte de Varsovie peinait à justifier son existence, d’autre part.

Le monde a changé et tout le monde devrait en avoir conscience.

Les États-Unis se sont engagés dans beaucoup de conflits sans que les destructions aient atteint leurs territoires, excepté le cas de Pearl Harbour.

De nos jours, lors d’un conflit majeur, aucun territoire ne peut être assuré d’être un sanctuaire avec les vecteurs furtifs des charges militaires à grande capacité de destruction.

DEGRÉ DE MÉFIANCE

La question à poser est : les services secrets des puissances engagées dans cet affrontement verbal (pour le moment) sont-ils actifs et que peuvent-ils faire pour donner l’avantage à leur camp ?

En essayant de répondre à cette question, on mesure le degré de méfiance qu’il faut avoir par rapport aux spéculations sur les intentions prêtées aux uns et aux autres.

Actuellement, les acteurs de la scène politique internationale sont loin d’être d’innocents protagonistes uniquement préoccupés par des idéaux de justice ; il faut souhaiter que les efforts déployés par les dirigeants français et allemands qui veulent éviter la guerre aboutissent à un apaisement durable dans cette région où nombre d’activistes sont prêts à craquer l’allumette qui embrasera l’Europe et le monde avec.

Nous, en Afrique, serions naïfs de penser qu’un conflit aussi éloigné de nos territoires ne nous toucherait guère : en réalité, les bases de pays membres de l’OTAN installées dans certains pays africains peuvent être des cibles en cas de conflit.

Certes, aucun État africain n’est membre permanent du Conseil de sécurité mais cela ne doit pas nous empêcher d’appeler à la raison et à l’apaisement pour que tous les efforts de toutes les nations, au lieu de servir un bellicisme pernicieux, soient conjugués pour trouver des solutions aux vrais problèmes qui accablent les malheureuses populations des pays les moins nantis, notamment en Afrique.

Les puissants peuvent-ils entendre un message de paix même venant de pays démunis matériellement mais soucieux de préserver la population mondiale des terribles souffrances d’une guerre généralisée qui n’épargnerait aucune contrée ?

Ababacar Sadikhe DIAGNE.
Ingénieur diplômé de l’école nationale de l’aviation civile et du Massachusetts Institute of Technology.