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La Ligne du Devoir

Khalifa Sall, Barth & Co: Abscons, maire des batailles P. MBODJE

La consécration par les urnes de candidats au prétoire pose le délicat problème de la suite judiciaire à réserver aux dossiers de Barthélémy Dias et compagnie : vox populi s’imposera-t-il à dame Justice ?

La mini-crise du 10 novembre avec la convocation en appel de Barthélémy Dias a éveillé le sombre souvenir de mars et alarmé Macky Sall lui-même ; il avait préconisé l’après-23 janvier de préférence, ce que la Justice avait accepté.

Seulement, le principal concerné a estimé bénéficier désormais d’un parapluie contre cette épée de Damoclès : la mairie de ville pour couvrir le rat de campagne. En présentant en effet son Dakar en début de la course des Locales, il avait bien précisé qu’il aurait d’autres chats à fouetter que de se présenter devant le prétoire. Problème ?

Oui car le dossier est vieux d’une dizaine d’années et poursuivait tranquillement son bonhomme de chemin jusqu’à la convocation en appel programmé depuis juillet pour novembre, par le plus curieux des hasards au lendemain du dépôt de candidature de Barthélémy Dias à la mairie de Dakar : l’acte juridique devient alors brusquement un aspect politique pour ceux qui parviennent à convaincre l’opinion que la convocation visait à empêcher l’élection éventuelle de Barthélémy Dias, inculpé mais aussi poil à gratter du pouvoir.

SONKO AUSSI

Mutatis mutandis, la même exploitation avait été faite du dossier de Ousmane Sonko vieux aujourd’hui d’un an, lui aussi incriminé dans une affaire de mœurs en plein confinement mais que l’opinion retient encore une fois comme « ambush in the night » pour freiner l’ascension de celui que les populations portent dans leur cœur mais qui n’a pas mesuré le degré de… pénétration de son image dans la société.

Ousmane Sonko est ainsi dans la même situation depuis le 23 janvier dernier avec son élection à la mairie de Ziguinchor : son dossier qui attendait le nouveau procureur pour instruction pourrait-il prospérer désormais avec la confirmation de la progression sociale de son image ? Autrement dit : le mandat de ville suspendra-t-il l’inculpation du mandat d’arrondissement ? Pourrait-il, dans l’autre cas, jouer plus que la saisine de l’Assemblée naguère pour livrer le député à la justice ?

Pour boucler la boucle, il faut poser la dernière question : Khalifa Sall s’est-il compromis ?

En déclarant que Khalifa Ababacar Sall soutiendra Macky Sall en 2024, Boubacar Calara a commis deux impairs plus politiques que scientifiques : Macky Sall ne sera pas candidat en 2024 pour préserver l’îlot sénégalais de la déstructuration de l’ouest-africain et pour se conformer d’autant plus à la Constitution que le retour du bâton est visible depuis 2019 sur sa stratégie de destruction de l’opposition.

Certes, l’ancien maire de Dakar est ambigu dans ses prises de position depuis son élargissement de prison ( Le Devoir du 21 octobre 2021), ce qui explique en partie l’ascension de Barthélémy Dias ; certes aussi, la grâce présidentielle n’est pas une amnistie. Mais la page Macky Sall tournée, la sympathie populaire, encore une fois, aidera à faire le reste.