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La Ligne du Devoir

Issa Diop, Maître Courage Il était le défenseur du pauvre et de l'opprimé

DÉCÈS DE MAÎTRE ISSA DIOP

 

Un modèle pour les personnes

souffrant de handicap

 

 

En apprenant ton décès sur les réseaux sociaux, grande aura été ma surprise mêlée d’une tristesse incommensurable. Ce que je retiendrai de ce grand monsieur, ce sont des vertus intrinsèques dont il ne se séparait jamais. Celles-ci se regroupaient autour du courage, de la volonté de vouloir réussir en refusant de subir le sort des autres, adeptes de la facilité et du fatalisme. Entre ces deux facteurs bloquants et toi, cher condisciple, le désamour s’est toujours courageusement très tôt manifesté de façon outrageuse. Jamais il n’aura été une seule fois question de courber l’échine face au destin implacable qui s’abattait sur toi et qui pourrait s’abattre sur n’importe quel autre jeune de notre génération. Avec une foi rare, tu auras accepté ton difficile sort en te battant avec opiniâtreté contre vents et marées jusqu’à atteindre tous les sommets de la consécration professionnelle, sociale et humaine. Tu l’auras voulu, tu l’auras cherché et tu l’auras obtenu finalement de haute lutte.

Combien grande aura été ma joie et ma fierté à chaque fois qu’on se croisait dans les couloirs du palais de justice arborant ta robe noire, t’empressant de défendre la cause des faibles. J’évitais à chaque fois de te retenir longtemps tellement je comprenais ton engagement et ton dévouement pour la cause de tes clients infortunés afin de les sortir d’affaires.

Durant notre tendre adolescence où nos destins étaient déjà tracés, scellés l’un comme l’autre et à notre insu, dans nos moments d’insouciance, nous faisions déjà un et indivisibles tellement nos liens étaient indéfectibles. En sortant des salles de classes à la fin des cours, j’aimais toujours le décharger de son cartable très lourd pour l’alléger, marchant ensemble avec lui à son rythme. Malgré un déplacement très difficile, Issa le brave n’acceptait jamais qu’on s’apitoyât trop sur son sort.

En passant par le portail du lycée, nous  remontions l’avenue Ousmane Socé Diop, à cheval entre l’ex-école des PTT et le lycée, jusqu’à notre point d’éclatement au pont qui traverse le canal jouxtant l’usine Valda’Afrique. Il continuait son chemin et moi le mien pour longer tranquillement les bas-côtés du canal, la route du phare pour rallier le domicile des Diop, ma  famille adoptive de Diokoul, d’une générosité légendaire. Notre point de ralliement se trouvait être quotidiennement ce fameux pont pour retourner au lycée l’après-midi, récupérant son lourd fardeau jusqu’au lycée. Il en aura été ainsi jusqu’à ce qu’on se quitte. Car certaines circonstances m’auront contraint à poursuivre mon cursus scolaire au lycée Van Vollenhoven de Dakar.

Malgré son handicap, il n’aura jamais fléchi encore moins abandonné ou même prêté le flanc à un quelconque signe de découragement. Au contraire, il aura toujours affiché ce modèle d’excellence digne de ses origines familiales de Diokoul. Issa était d’une rigueur telle que l’approximation et le travail mal fait le dérangeaient beaucoup.  Ton mental d’acier inoxydable me faisait toujours frémir, cher promo. Tu n’auras jamais affiché profil bas devant n’importe quel défi qui se dressait devant toi. Tu as toujours su les  relever. Tu n’auras jamais abdiqué encore moins déserté à cause des difficultés.

Quels sentiments de fierté et de bonheur m’animent en tant que mon condisciple, de te citer, à chaque fois que l’occasion m’est offerte, en exemple devant mes enfants. Car, connaissant intrinsèquement ce que tu auras graduellement enduré de ton adolescence jusqu’au barreau. Tu auras été vraiment un exemple de courage, d’abnégation et de résilience face à toutes les épreuves que tu auras réussi à transcender et Dieu seul sait que ce n’était pas si évident, car d’autres y auront laissé des cheveux. Pourtant, malgré les difficultés, tu n’auras jamais gémi, ni pleuré une seule fois par peur d’être lâche.

Dors en paix, cher combattant de la quête insatiable du savoir. Au revoir condisciple du lycée Abdoulaye Sadji de Rufisque. De ton frère et promotionnaire.

 

Ndiapaly GUEYE