Inédit : Requiem pour Bocar

Poème inédit

Requiem pour Bocar

Voilà que le brillant Panel
Ethique et Morale
Continue son chemin
Comme si tu étais là
Assis dans cette cour

Bourgeonnée de fleurs ambrées
Comme si tu étais encore là
Au milieu de cette salle saturée
De jeunes, de femmes et d’ainés
De la Permanence
” Oumar Lamine Badji “
Que tu rejoins à l’aune
De ton adresse bleue et jaune
Mais tu tiras le rideau
Trop tôt
Trop vite

Bocar
Tu es parti soudainement
Brusquement
Comme une colombe
Qui étale ses ailes d’ombre
D’une belle après-midi
Où le soleil cligne les yeux
Pleurant doucement
Sous les ossuaires glauques
De Yarakh
Sous le vent du soir
Qui tiédit finement
Sous l’attente interminable
De ce monde immuable

Formidablement résolu
Tranquillement accouru
Eploré amplement

Bocar
Mais tu es parti si loin
Sans dire au revoir
A ton Panel de vérités
Du peuple des HLM
Pour voir
Entendre entendant
Les pleurs dégoulinant
Et nous laissant
Le viatique du triptyque
Le Wadisme
Le Karimisme
Le Vivianisme
Tu épaulais en bandoulière
L’écharpe d’un élu
Et tu n’étais point élu
Tu n’étais pas hautain
Parce que tu n’étais pas fortuné
Mais tu étais libre
Mais tu étais solide
Mais tu étais libéral
Car Wade tu suivais
Car Karim tu défendais
Car Viviane tu révérais
Digne maternelle
Que tu escortais
Pour sauvegarder le temple
Sans rien demander
Fier
Et debout
Comme une sentinelle
Eternelle

Bocar
A ta bouche
L’hymne de la liberté
De ta voix haute
Tu fredonnais
« Accourons chanter l’Afrique
Voici les Africains
Africains, Africains »
Demain
Le Paradis fleurira sur les voies
Des roses de joies
Pour parfumer les oasis
De Firdawsi
Et les pleurs
Se meurent
Dans d’ultimes lamentations
Et nos oraisons
Seront un tapis de velours
Réceptacle de nos discours
De cœur
D’amour
Et de victoire
Requiem in peace

Tidiane SÈNE,
Toulouse