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Faux attentat pour un Mythe Errant Le coup du père François

Le coup du père François Mythe Errant

 

Le faux attentat

de l’Observatoire

 

François Mitterrand commandite

un scénario pour se faire mousser

 

Éclairage

Opposé au retour du général de Gaulle et à la nouvelle Constitution de 1958, battu lors des élections législatives de novembre 1958, François Mitterrand apparaît en 1959 comme l’un des opposants au régime gaulliste et à sa politique algérienne. Comme d’autres, il fait d’ailleurs l’objet de menaces.

C’est dans ce contexte tendu que, à Paris, dans la nuit du 15 au 16 octobre 1959, la voiture de François Mitterrand est mitraillée. Il échappe aux tirs en se précipitant dans le parc de l’Observatoire tout proche. Interviewé le lendemain, il reste très prudent.

Et pour cause ! L’auteur des coups de feu – un certain Robert Pesquet, ancien député de droite – accuse quelques jours plus tard François Mitterrand d’avoir commandité l’attentat pour se faire de la publicité. Si François Mitterrand reconnaît avoir eu des contacts avec Pesquet, il dément en revanche s’être entendu avec de dernier et affirme qu’on lui a tendu un piège, ce que Pesquet reconnaîtra des années plus tard.

Toutefois, l’affaire déclenche une campagne de presse contre sa personne. Le Sénat vote d’ailleurs la levée de son immunité parlementaire et il se trouve traduit en justice. Bien qu’un non-lieu soit rendu en 1966, l’affaire de l’Observatoire nuit gravement et pendant de longues années à sa réputation. François Mitterrand, pour sa part, a toujours cru à un complot mené par les milieux gaullistes, notamment Michel Debré.

 

L’affaire

Son bilan n’est pas sans passif. Personnalité provocante et controversée, François Mitterrand a d’abord été un joueur. Certains épisodes de sa carrière, notamment l’affaire de l’Observatoire, l’auraient abattu sans son immense talent politique et sa détermination sans faille. Il est demeuré jusqu’au bout un grand animal politique, haï par les uns, adulé par les autres, ne pliant pas, ne se désunissant pas, homme de bataille et de polémiques, aimant être au centre du jeu. Il est demeuré ainsi garde des Sceaux du gouvernement Mollet.

Après plus de six années d’instruction le juge, M. Sablayrolles, a décidé de renvoyer en correctionnelle les trois inculpés de l’affaire Mitterrand-Pesquet, le faux attentat des jardins de l’Observatoire, commis dans la nuit du 15 au 16 octobre 1959. Une ordonnance de renvoi a été signée mardi contre Robert Pesquet, l’ancien député poujadiste du Loir-et-Cher, et ses complices, Abel Dahuron, agriculteur, qui tira une rafale de mitraillette, et André Pequignot, mécanicien, qui fournit l’arme.
Le matin du 16 octobre 1959 on crut que M. François Mitterrand venait d’échapper à un attentat. Sortant de la brasserie Lipp, l’ancien ministre, au volant de sa voiture, avait remarqué qu’il était poursuivi. Au dernier moment, garant son véhicule rue Auguste-Comte, il avait franchi d’un bond la grille des jardins de l’Observatoire et s’était dissimulé dans un fourré, tandis qu’une rafale de mitraillette atteignait son véhicule.
Mais quelques jours plus tard Robert Pesquet affirmait publiquement qu’il s’agissait d’un attentat simulé. “ C’est M. Mitterrand lui-même qui m’a demandé d’organiser l’affaire “, déclarait-il.
M. Mitterrand s’expliqua. Il reconnut avoir effectivement rencontré Pesquet. Celui-ci le prévenait qu’un attentat était organisé contre lui et il le crut sincère. Pesquet ne lui aurait pas dit que c’était lui qui s’en chargeait.
N’ayant pas parlé de cette rencontre au commissaire Clot, chef de la brigade criminelle chargée de l’enquête, M. Mitterrand fut inculpé d’outrage à magistrat après que le Sénat eut levé son immunité parlementaire.
Robert Pesquet, la veille de l’affaire, avait écrit deux lettres qu’il avait adressées poste restante, l’une à lui-même, l’autre à Dahuron. Il y exposait à l’avance les détails de l’opération.

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Sources :

fresques.ina.fr
Le Monde du 11 août 1966
universalis.fr