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Fatoumata: Tampi, Weli ? On avait commencé à s’habituer à sa silhouette et à sa voix Par Habib KÂ, Chef du bureau régional de Matam, Thilogne

Elle était devenue familière, charmante, un tantinet envoûtante par son discours enchanteur, sa gestuelle captivante.

Elle impressionnait de par sa casquette, ses tee-shirts rouges, ses baskets, ses jeans moulants, poing fermé, bras droit levé à la “Black Power”.

Elle avait fait découvrir le Fouta depuis la source de ses ancêtres, de Wodobere jusqu’à la pointe de Ouakam, ses terres de jeunesse

Elle avait une autre mélodie, les sourdes complaintes sorties des entrailles brûlantes d’un Diéry, d’un Waalo abandonné, enclavé. Enclavement, fredonnait-elle  comme leitmotiv des pleurs de désespérance des femmes enceintes acheminées par charette vers un sommaire poste de santé.

Il leur faut, étalées sur du bois dur, braver des kilomètres de pistes cahoteuses, parfois, en cours de route, accoucher sans assistance.

Eau rare et saumâtre

Elle avait ému avec cette eau rare, saumâtre à certains endroits de Bondji, que des populations abandonnées à elles-mêmes consomment malgré tout.

Faroumata Ndiaye s’imposait
par sa perspicacité à refuser le “neddo ko bandum”, son courage inégalé de défier, dans le Fouta “Son Excellence le Président Macky Sall” qui n’y bénéficie que d’un simple permis d’occuper.

Fatoumata Ndiaye avait séduit, séduit le Fouta et le Sénégal par son engagement, ses déceptions, ses espoirs brisés, des promesses toujours renouvelées, nos tenues, oubliées.

On avait cru, avec elle, à l’anecdocte de la tresseuse et sa fille, lors des veilles de fêtes et cérémonies.

On avait commencé, comme elle, à croire que le Daande Maayo serait émerge, que son président reviendrait à de meilleurs sentiments panser les meurtrissures du Fouta.

Fatoumata Ndiaye était cette guerrière peulh, telle Yennenga du Faso, une  amazone prête à la rescousse.

On l’a vue, cette jeune mère de famille, face au cortège présidentiel et ses gardes, au carrefour de Ourossogui, Sarafina bravant son président debout dans sa voiture décapotable, observer de gros bras faire le nettoyage avant de continuer sa route.

On était fier de ce petit bout de femme, cette métisse parfaite, aussi bien à l’aise en wolof qu’en Poular.

Cette fille qui avait du courage à revendre, qui croyait en son rôle, sa mission, cette fille qui avait imposé sa forte personnalité à ses camarades, cette fille est vraiment Tampi.

Hélas, l’égérie de Fouta Tampi a vendu sa licence, une marque qu’elle à lancée, exportée, un label des plaintes des peuples du Fouta, un cri de cœurs entremêlés de sanglots d’espoir, au cœur d’un monde sans âme.

Fatoumata Ndiaye a fait son’ choix : celui de Fouta Weli à Fouta Tampi.

Elle n’avait pas de choix, parce qu’elle jouait sur une scène dont elle ne comprenait pas les intrigues.

Qu’à cela ne tienne !

Tampi, Weli, le Fouta continue.