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Divorce au Sénégal: L’après fait toujours du bruit Khadidiatou GUÈYE Fall

Les ex-conjoints se regardent en chiens de faïence

Quand deux personnes s’unissent, c’est pour le meilleur et pour le pire. Toutefois, quand deux personnes se marient, l’éternité de la relation n’est pas toujours fortuite. Le destin de chaque couple a été tracé. Si la séparation est une solution pour apaiser les tensions et épargner les enfants d’assister à des conflits traumatisants, alors qu’il en soit ainsi. Et cela ne conclut nullement que la période d’après-divorce est un moment de guerre entre les deux ex-époux. Mais le constat semble unanime.

Beaucoup de personnes mènent une vie de guerre avec leur ex-conjoint ou conjointe. La preuve est donnée par le drame de Sacré-Cœur avec le dentiste Falla Paye. Cet homme a hissé le phénomène à un niveau où les Sénégalais ont commencé à y accorder crédit.

Dans sa lettre de 10 pages publiée sur sa page et adressée à sa femme, le dentiste montre involontairement son incapacité à se détacher de sa femme. Son acte est justifié par une envie de vengeance. D’après quelques internautes, Falla n’a pas pu supporter sa femme dans les bras d’un autre homme. Pour lui arracher le bonheur de vivre un ménage serein, il a préféré achever sa vie et celle de ses enfants qui constitue d’une manière ou d’autre un poids contraignant pour la maman de vivre son nouveau mariage en paix intérieure.

Le cas de divorce houleux de la famille Paye n’en est qu’un seul parmi tant d’autres. Dans un quotidien de la place, on retrace l’histoire d’un homme commettant l’infanticide avant de se donner la mort alors qu’il était divorcé de la maman. En effet, parfois, loin des drames, le divorce est mal pris par l’un des ex-conjoints.

Si ce n’est de l’infanticide, il s’agit de frustration menant à une sorte de guerre où le seul perdant reste la progéniture. Un tour dans les tribunaux montre que tous les problèmes de couple ne se règlent plus en catimini. Un recours à l’amiable ne ferait qu’attiser le feu. C’est pourquoi dans les tribunaux, chaque jour, des cas de divorces y sont traités. Seuls les quelques rares couples chanceux échappent au divorce et emboîtent une réconciliation.

Pour certains, le divorce nous expulse dans une sphère entièrement émotionnelle.

Cette jeune femme de 28 ans a vu ses parents se séparer. Le problème n’était pas ses parents. Mais le fait de ne pas pouvoir supporter de voir ses parents avec d’autres personnes : «  Quand mes parents ont divorcé, je n’avais pas eu de problème. Mon seul souci c’était mon égoïsme de les voir chacun de son côté refaire leur vie avec d’autres personnes. Puisque je vivais avec ma mère, je lui reprochais tout le temps sa mise, de peur qu’elle soit courtisée dans la rue par d’autres hommes. Du côté de mon père, il s’était déjà remarié avec une autre femme, raison pour laquelle j’avais réduit mes visites chez lui. Mais actuellement, ça ne m’affecte plus. Je suis mariée et mère maintenant. Je suis consciente des paramètres du mariage », soutient la jeune maman sous couvert de l’anonymat.

Elle précise qu’elle a eu à réaliser le lourd fardeau qui sied dans la vie de couple. « Il faut beaucoup de patience, du courage, de la compréhension mutuelle et surtout une communication permanente pour éviter les tensions conjugales. Et ça pour le comprendre,  il faut percer le monde matrimonial. Donc ce serait injuste de blâmer une personne divorcée », poursuit-elle.

Le cas de cette jeune femme montre que le divorce affecte les enfants de manière différente, mais que le problème se situe au niveau des deux conjoints.

Yacine Dial nous en donne la preuve. Divorcée depuis plus deux ans, Yacine mène une vie normale avec ses enfants. Mais son problème avec le père de ses enfants surgit à chaque rencontre.

« J’ai divorcé d’un homme extrêmement jaloux. Il ne supportait pas de voir sa femme être appréciée par les autres. Sa jalousie avait fait que j’ai perdu mon travail et des relations amicales très sincères. Même après notre divorce, cet homme me pourchassait sous prétexte que ses enfants doivent avoir une bonne référence,  que je n’ai pas le droit de porter des habits trop serrés. Par la suite, les frustrations ont entraîné la haine. Et pourtant, je ne l’ai jamais souhaité. Mais il a fallu que je me batte avec lui dans la rue pour qu’il me laisse la vie tranquille. Donc, cette violence et cette haine ne viennent pas d’elles-mêmes. L’un des deux est le déclencheur », avance la jeune dame.

D’après Yacine, les ex-conjoints doivent veiller sur la tranquillité d’esprit de leurs enfants en essayant de tisser de belles amitiés, juste pour les enfants qui les relient à jamais.

La situation est très différente pour cet enseignant.

Divorcé depuis 6 ans avec deux petits garçons, il entretient de bonnes relations avec son ex-épouse. « Je n’ai pas de problèmes avec la mère de mes enfants. Nous entretenons une amitié sincère. Je lui porte conseille quand elle en a besoin. Également elle me le rend sincèrement. Notre divorce n’a pas été spectaculaire comme le font certains couples. Au contraire, la décision a été prise à l’unanimité sans nous donner un spectacle, pour avant tout le bien de nos enfants » fait souligner l’enseignant. En outre, il déplore la tournure des événements à certains cas de divorce : « Je suis contre les mariages précipités. Le mariage est un projet de vie durable, les partenaires doivent se connaître mutuellement pour éviter l’état de choc si l’un décide de divorcer. Il faudrait une préparation psychologique pour éviter une quelconque frustration pouvant provoquer un désir de vengeance chez l’autre.

Le divorce marque la rupture douloureuse entre deux personnes unies auparavant. Cette séparation peut être perçue comme une fin voulue par le destin tandis que d’autres en décèlent un fait provoqué. Quand les uns le prennent avec philosophie, d’autres en font une vengeance, et laissent la frustration dominer leur instinct humain, allant jusqu’à commettre l’irréparable.