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Dialogue-Macky cherche parrain

Présidentielle 2024

Macky Sall soliloque tout seul

pour être ou ne pas être

Pour éviter le coup d’État constitutionnel en 2024, Macky Sall cherche à faire endosser sa candidature par les populations sénégalaises à travers le dialogue national ; toute candidature du président sortant en 2024 serait en effet un coup porté à la Constitution, d’autant que le pouvoir est seul comptable des violences. To be or not to be ?

Macky Sall cherche des parrains pour 2024. Pas ses deux millions promis par l’Alliance pour la République (Apr), sa formation, et alliés, comme en 2019, mais des soutiens crédibles auprès de la société civile et de l’opposition, avec la bénédiction des familles religieuses, base de réification de l’ordre social.

L’appel au dialogue du président de la République date pratiquement de sa réélection ; il se renouvelle à intervalles plus ou moins réguliers, en fonction de troubles vécus ou appréhendés, et s’adresse cette fois-ci à ceux-là mêmes qui, par leur densité morale plus que physique, peuvent aider à calmer une tension sociale.

Opportuniste, Macky Sall a surfé sur la vague d’appels à la paix des familles religieuses et des personnalités de la société civile pour essayer de se décharger de la violence en cours depuis pratiquement sa réélection en 2019.

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L’élection présidentielle sénégalaise de 1963 a eu lieu le 1er décembre 1963, le même jour que les élections législatives. 40 morts et 250 blessés. Wikipédia

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Il a laissé passer la bourrasque de 2021 avec ses 14 morts pour tenter une timide remobilisation des jeunes, apparemment sans succès devant la révolte pour la faim de gens trop confinés et pas seulement par la Covid-19 et la dépendance accentuée vers l’extérieur pour se contenter d’un fonds de résilience plus théorique que pratique : en octobre dernier, « la FAO regrette que plus d’1,5 million de Sénégalais soient menacés par la famine », souligne par exemple le site VivAfrik dans son édition du 11 octobre 2022, peu de temps à peine après le fameux fonds Covid de si tristes polémiques.

Essayer de conjurer un quelconque démon issu d’une candidature à la Présidentielle de 2024 en se faisant vernir par les populations devient alors une utopie visible avec les conditions des uns et les précisions des autres, bien avant le déclenchement des hostilités oratoires, en attendant les troubles inévitables sur le terrain.  

D’autant que le président de la République a construit lui-même les conditions d’émergence de la violence en transformant les liens de serviabilité des populations sénégalaises en liens de servilité : couvé pendant la période de persécution sous Wade, l’actuel président a été porté à la magistrature suprême moins par ses valeurs intrinsèques que par solidarité ; malheureusement, il s’est révélé sous sa véritable identité en refusant toute force contraire à la sienne : après avoir rejeté le jeu démocratique en cherchant à « réduire l’opposition à sa plus simple expression », il a mis sa thèse en pratique en coupant toute tête émergente. Il a ainsi offert l’opportunité du complot à tous ceux qui sont poursuivis moins pour leur statut que pour les activités déliquescentes.

L’irrédentisme des uns (opposition et une partie de la société civile) ne saurait ainsi se diluer dans les appels itératifs des autres (Macky Sall, familles religieuses et l’autre penchant civil) : l’absence de densité civique des uns et des autres, des deux côtés de la barricade qui sépare les deux camps, permet de douter de la sincérité des débats.

P. MBODJE