GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Décrispation : Ousmane Sonko chante « Ya Salam »

Ousmane Sonko chante « Ya Salam »

sur une fausse note

Après avoir vainement appelé au secours pour éviter la Cour, Sonko rentre désormais dans le système au moment où le pouvoir et les forces de défense et de sécurité abusent de leur puissance. Des mots déplacés l’ont emporté sur les morts.

Des mots,

plus que

les morts

Des mots, en janvier-février, plus que les morts de l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr, ont mobilisé foyers religieux, société civile, opinion nationale et individus de bonne volonté autour de la paix au Sénégal : l’indignation sélective des hommes de Dieu devant la virulence des discours politiques s’appuie sur les cris d’orfraie de populations arrimées à leur sécurité ; si Ousmane Sonko adopte un ton en dessous depuis le 16 février, l’État, lui, est monté d’un cran : le verbe ferme du président de la République semble conforter les forces l’ordre qui bandent les muscles et jouent désormais les durs.
Depuis, deux événements majeurs du 20 février laissent penser à une probable détente dans les affaires Sonko : il reconnaît le 19 le bien-fondé de son exfiltration du 16 février par les forces de la Brigade d’Intervention polyvalente, prenant le contre-pied de ses nombreux sympathisants outrés par la violence des faits,  et le report sine die de la manifestation-bis de Mbacké, en fin-février. Au surplus, l’engagement social pour les daara où il prêche la paix sur une fausse note et le souci de solidarité face au Ramadan l’amène à chanter « Ya Salam ! » depuis quelque temps, …à mesure que s’approche la date fatidique du 16 mars et du mois béni de pénitences qui accompagne la communauté catholique dans son Carême ; le slogan selon lequel deux millions de Sénégalais assisteront au procès du 16 février contre Mame Mbaye Niang et les sempiternelles bravades révèlent une âme en deuil de son idéal quand les carottes semblent cuites : un assouplissement du Droit depuis 1988 permet, au-delà d’une forclusion naguère en vigueur de présenter ses preuves sous quinzaine, de les produire désormais en Cour quand l’institution incriminée dément elle-même l’existence de preuve dans le dossier incriminé ; la seule alternative désormais offerte à Ousmane Sonko le 16 mars est de revenir à la sagesse du 02 février et de reconnaitre devant la Cour s’être trompé : Mame Mbaye Niang pourrait s’en contenter et retirer sa plainte. Il n’y a pas d’autre issue

Par ailleurs, la Une de Vox Populi du 20 février conforte les forces de défense et de sécurité et valide le poids d’un État voyou employant des méthodes peu orthodoxes pour maintenir l’opposant en vie. Car l’Etat refuse jusqu’ici de suivre Sonko dans son jeu morbide pour éviter une Cour qui le rendrait plus noir que blanc.

A nos morts

Pris en effet en défaut sur le plan professionnel et en politique avec ses accusations outrancières rapidement démenties par la Justice, Ousmane Sonko tombé de Charybde en Scylla veut signer un armistice devant une guerre qui le dépasse : sa radicalisation depuis l’affaire Tahibou Ndiaye l’a d’abord entraîné à l’ère des lanceurs d’alertes avant la malédiction du pétrole où il fonce à plein gaz, via un salon de massage.

La crise subséquente pourrait cependant trouver solution dans une  dynamique qui respecte à la fois la dignité de la Justice et les droits des deux parties en conflit

P. MBODJE