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Condylome, Sothiet – Le bouton de la chasteté, de la crainte Khadidiatou GUÈYE Fall

Le traumatisme de ces femmes

La morphologie de la femme est tellement complexe qu’il serait difficile de la connaître dans son ensemble. Plusieurs d’entre elles ne connaissent pas leur corps. Elles sont sujettes à plusieurs phases, les unes aussi douloureuses que les autres. Ces étapes de leur vie les accompagnent de la puberté à la ménopause. Parmi ces étapes oubliables, on distingue l’étape du mariage. Cette période de la vie de la femme est secouée par quelques inquiétudes. Malgré ces supplices, elles tiennent le coup et traversent d’autres moments plus intenses.

Dans la culture africaine, la femme occupe une place importante,  d’où sa chasteté. Il fait partie de la tradition de célébrer une femme vierge. Mais certaines nouvelles mariées, pour consommer leur mariage, rencontrent pas mal de complications. Il s’agit du fameux « sothiet » qui traumatise les jeunes filles. Dans le langage des grandes personnes, le « sothiet » est défini comme un bouton très gênant se trouvant à l’entrée du vagin. Ce bouton est une barrière qui empêche la consommation du mariage. Dans certaines circonstances, ce bouton est extrait avant la consommation du mariage par les vieilles dames expérimentées dans ce domaine. Certaines filles s’en retrouvent avec des traumatismes.

Sokhna Mbaye, une femme mariée depuis 5 ans, a subi la coupure du « Sothiet » à l’âge de 21 ans. Alors qu’elle devait consommer son mariage, Sokhna Mbaye a dû passer une nuit d’enfer chez la vieille pour rejoindre son mari à la maison familiale et consommer son mariage. « Chez nous les Serères, la virginité a une signification propre. La patience de voir le pagne tacheté de sang a une limite. C’est pourquoi quand le mari se rend compte de l’étroitesse de sa femme, il fait appel aux Badiénes (tantes) pour enlever le sothiet. En général, la partie intruse est ligaturée la même nuit des noces » , raconte Sokhna.

Elle fait part de son expérience : « J’ai eu le sothiet appelé verrue génitale lors de ma nuit de noces. Une sœur à mon père m’amenée chez une dame tard dans la nuit pour que cette anomalie soit sectionnée. Le plus terrifiant,  c’est l’utilisation d’une lame sans autre désinfectant et autres matériels de nettoyage. Dans la nuit, la dame a enlevé je ne sais quoi sur mes parties intimes. Aussitôt, j’ai commencé à saigner et la dame m’a donné une bassine remplie d’eau pour m’asseoir dessus. Après quelques heures, je suis rentrée chez mon mari pour la nuit nuptiale. C’était une nuit inimaginable et cauchemardesque. J’en ai la chair de poule quand j’en parle, tellement c’était atroce. Il m’a fallu des mois pour dissiper le trauma qui me rongeait ».

Sokhna a traversé des moments qui l’ont conduite vers le vaginisme qui correspond à une contraction involontaire et inconsciente des muscles du périnée qui empêche toute pénétration lors d’un rapport sexuel. Elle était arrivée à un stade ou l’intimité avec son époux se faisait difficilement avec toutes sortes d’excuses pour y échapper.

Le cas de Khady Dia en est un autre. Agée de 30 ans, Khady s’est mariée deux mois avant de consommer son mariage. L’histoire des sothiet appelés verrues génitales ou condylomes ne lui parvenait que des autres. C’est à sa première nuit de noces qu’elle et son mari ont constaté l’existence d’une anomalie vaginale. Mais avec les conséquences néfastes dont elle a eu vent, elle a préféré aller à l’hôpital avec son époux.

« J’ai un mari très compréhensif. Il a su faire preuve de patience sans céder aux pressions des parents. Une fois à l’hôpital, des médicaments m’ont été prescrite. C’est grâce à la prise d’un traitement que la partie intruse a disparu complètement. J’ai échappé à la méthode traditionnelle ». Khady est maintenant mère d’une petite fille de 3 ans et vit bien son intimité sans aucun traumatisme ou complication néfastes pour sa santé.

Dans d’autres cas, les femmes concernées par ces types d’anomalies et qui ont vécu ce genre d’interventions domestiques en sortent traumatisées. Il fait partie des conséquences une infection bénigne pouvant provoquer la frigidité de la femme. La méthode traditionnelle appliquée pour enlever les condylomes chez les jeunes femmes traumatise les unes. Pour éviter une éventuelle complication de l’intervention domestique, une de nos interlocutrices préfère la méthode médicale qui assure plus de confiance que la méthode traditionnelle.