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Circulation : Civisme, SVP !

 

 

 

 

Circulation

 

 

Aïcha Fall prône

le civisme

sur les routes

 

La récurrence des accidents de la route devient souci collectif. Tous les citoyens sénégalais ont leur mot à dire. Quand cela relève du civisme et de la citoyenneté.

Dossier réalisé par Khadidiatou GUEYE Fall,

Cheffe du Desk Société

 

Que pensez-vous des accidents récurrents de la circulation ?

 

Déjà nous partageons la peine avec les familles explorées. Je pense plus que jamais que les Sénégalais devraient revoir leurs comportements vis-à-vis d’autrui car les accidents, pour la majorité, sont causés par l’indiscipline des conducteurs. C’est derniers devraient comprendre que la vie humaine est précieuse et prendre au sérieux leur métier. Il est inconcevable aujourd’hui de voir des accidents causés par un chauffeur somnolent ou pas sobre. Il y’a une irresponsabilité criarde autant chez les conducteurs que du côté de l’Etat.

D’après vous, quelles en sont les causes ?

On peut en citer beaucoup,  des causes de ces accidents. Il faut parler d’abord de l’incivisme des conducteurs et de la négligence des clients. Car pour moi, quand un conducteur continue de charger à outrance son bus, le client doit être catégorique sur le respect des mesures de sécurité pour son voyage ou sa course. On ne doit plus être négligent sur des mesures de sécurité aussi importantes pour la sauvegarde de nos vies.

Du côté de l’état, le contrôle des voitures et des conducteurs ne sont pas effectifs. En plus du niveau de corruption exorbitant, certaines voitures passent les postes de contrôle avec beaucoup d’irrégularités mais continuent leurs périples en glissant un billet. En tout c’est la négligence, le sénégalais dans sa nature est négligent rien n’est jamais gravé jusqu’à ce que l’irréparable se produit. Il faut que nous anticipons sur les dangers à venir et tenir en responsable surtout pour la préservation de la vie humaine.

Que proposez-vous comme solutions pour y remédier ?

Pour moi, les solutions pour y remédier sont d’abord un contrôle exigeant des voitures et des conducteurs, c’est-à-dire contrôler la conformité des voitures qui font du transport et mettre en place un système de sanction pour les conducteurs déviants du code de la route. Ensuite mettre en place une politique d’éducation de la population sur le respect des règles du code de la route et de l’importance de respecter les mesures de sécurité.

La vie humaine n’a pas de prix.

La dame mort

s’installe 

sur la route

 

Les responsabilités sont partagées entre

transporteurs, passagers et autorités étatiques

L’accident de Sikilo à Kaffrine avec plus de 40 pertes humaines n’a pas fini d’attrister les Sénégalais qu’un autre vient de s’abattre sur le peuple. C’est à hauteur de Sakal qu’un car Ndiaga Ndiaye qui évitait un âne a foncé directement sur un camion en provenance de Dakar. Le bilan des accidents de la route s’alourdit de jour en jour.

Après Kaffrine avec 42 morts, l’accident de Sakal impliquant un car Ndiaga Ndiaye et un camion a fait 22 morts. Cette situation devient alarmante. Chacune des parties concernées refuse d’endosser la responsabilité. Si, pour les chauffeurs, les routes construites par l’Etat sont étroites, les passagers se blanchissent avec l’indiscipline notoire des chauffeurs.

Contacté par WhatsApp, le chargé de communication du regroupement des taxis urbains du Sénégal, Malick Diop, s’est prononcé sur la récurrence des accidents. Il déplore les pertes en vies humaines causées par l’accident survenu à Kaffrine : « L’accident qui s’est produit à Kaffrine nous attriste sincèrement. Nous prions pour les défunts pour que le bon dieu les accueille au Paradis. Nous souhaitons un prompt rétablissement aux blessés pour qu’ils puissent rejoindre leurs familles ».

D’après Malick Diop, les accidents sont causés par plusieurs facteurs. Il indexe en premier lieu le gouvernement du Sénégal qui est chargé de construire des routes pour la circulation des voitures. « Beaucoup de facteurs sont à l’origine des accidents. Le premier est la responsabilité du gouvernement dans la mesure où la construction des routes est de son ressort. Au moment où nous sommes, la route nationale avec une seule voie aller et une seule voie retour n’est pas adaptée. Les routes nationales sont trop étroites pour les bus. Normalement, sur la route nationale, il doit y avoir deux voies aller et deux voies retour avec une ligne de dégagement pour l’arrêt des voitures et un garde-fou entre les deux voies », soutient-il.

L’élargissement des voies éviterait des collisions. Malick Diop cite une responsabilité collective et une responsabilité individuelle de la part des usagers et des chauffeurs de bus. « Il arrive parfois d’avoir des clients qui perturbent le chauffeur, de sorte que la concentration de conduire correctement nous quitte »,  explique M. Diop. Il poursuit : « La responsabilité individuelle incombe au chauffeur négligeant. Le chauffeur peut se sentir fatigué. Ce sont des facteurs qui favorisent les risques d’accident. Le transporteur aussi fait partie des responsables. Certains ne mettent pas à l’aise leurs chauffeurs. Un transporteur doit mettre son chauffeur dans de bonnes conditions de travail et s’assurer que le véhicule en possession du chauffeur est apte à rallier Dakar-Saint Louis ».

Le point focal du problème des accidents de la route porte sur la délivrance des permis de conduire.

Pour les permis de conduire, le chargé de communication du regroupement des taxis urbains du Sénégal fait savoir que la délivrance n’est pas un problème à part certaines personnes qui pensent que leur argent peut acheter un permis. Ce sont des personnes qui payent pour avoir un permis de conduire sans savoir conduire correctement.

« Si cette personne dispose d’un permis, la responsabilité en incombe à l’État, ce sont des agents de l’état qui octroient les permis de conduire. C’est à eux de voir si le demandeur de permis est apte à recevoir le papier certifié ou pas. S’il y a une défaillance à ce niveau c’est l’Etat qui en est responsable. Nous savons tous que la corruption existe dans le pays, dans certains lieux, il n’y a pas le besoin de passer le code et la conduite pour avoir un permis de conduire, il suffit juste de donner une somme pour obtenir un permis de conduire facilement », regrette Malick Diop, qui pointe un doigt accusateur à l’État du Sénégal.

La réduction des risques d’accident devient un impératif d’autant plus qu’entre les deux accidents meurtriers, 64 personnes ont perdu la vie sur la route.

« Pour réduire les risques d’accident, il faut que l’Etat, qui est responsable des accidents à 90%, mette les moyens pour avoir de bonnes routes qui seront conformes à notre époque. Surtout que la construction des routes respecte les normes nationales et internationales comme je l’avais précisé tantôt :  deux voies aller et deux voies retour avec un garde fou au milieu et des lignes de dégagement. Ceci étant fait permettra aux voitures de circuler sans entrave et même les voitures en panne auront une place pour se garer, régler le problème avant de reprendre la route. Si on regarde bien,n aucun changement n’a été fait depuis des années. De l’époque de Senghor à nos jours, les routes sont les mêmes. Aucune amélioration n’a été constatée. Alors que nous sommes en 2023, les voitures sont nombreuses. Remédier à cela réduirait les risques d’accident dans les routes.

D’autre part, les voitures sont aussi trop vieilles. Ce sont en majorité des voitures qui ont plus de 15 ans, souvent rhabillées. Il faut impérativement le renouvellement du parc automobile du Sénégal. L’Etat devrait mettre en place une politique qui permettra aux propriétaires de vieilles voitures de bénéficier d’un véhicule neuf avec un programme allégé de remboursement. L’installation de lampadaires sur les routes permettra d’éviter les accidents ainsi que des aires de repos, parce que le code de route a précisé dans son contenu qu’un chauffeur qui roule pendant deux heures de temps doit se reposer durant 15 minutes avant de reprendre le volant. Mais tout ceci nécessite des mesures d’accompagnement. Pour consolider cela, il faudrait également des journées de sensibilisation et de formation sur le comportement à adopter sur la route. Ces pistes prises en compte vont amoindrir les risques d’accident routier au Sénégal », signe Malick Diop.

Par ailleurs, le conseil interministériel organisé au lendemain de l’accident à Kaffrine montre que les mesures qui y ont été prises n’ont été énumérées que sous le feu de l’action :  l’accident sur la route de Sakal montre qu’il faudrait une concertation fertile et profonde entre les autorités et les acteurs du transport.

Le chargé de communication du regroupement des taxis urbains du Sénégal déplore les 22 mesures prises lors du conseil interministériel. En effet, ces 22 mesures devaient être un objet de discussion afin de trouver une bonne formule pour la population, pour les acteurs du transport et pour tous les routiers, selon le sieur Diop. « Nous avons constaté que ces 22 mesures sont venues comme une sorte d’information. Aucune discussion n’a été faite entre les autorités et nous acteurs de transport. Les mesures devaient être l’ordre du jour de la rencontre pour pouvoir trouver une solution », déclare-t-il.

Pour ce dernier, deux parmi les mesures tracassent les chauffeurs. L’interdiction des pneus d’occasion alors que la majeure partie des automobilistes n’ont pas les moyens d’acheter des pneus neufs, est à revoir. La deuxième mesure consiste à pousser tous les véhicules de transport public à venir faire une visite technique au centre technique de Dakar. « Est-ce que ce centre a la capacité l’accueillir tous ces véhicules pour pouvoir faire le contrôle technique ? », se demande Malick Diop.

Il propose à l’État, à ce niveau, d’essayer d’élargir ce centre de contrôle technique dans les régions et un peu partout au Sénégal pour permettre aux automobilistes des autres régions d’avoir à leur disposition un centre technique de contrôle sans se déplacer vers Dakar. Vu toutes ces insuffisances, notre interlocuteur se demande si le gouvernement n’a pas pris ces mesures dans la précipitation, sous le feu de la pression, pour juste montrer aux Sénégalais que des mesures ont été prises.

Il est de rappeler que ces mesures n’ont pas été l’objet de discussion entre les acteurs et les autorités. Néanmoins, les acteurs du transport ont donné des recommandations par rapport à ces mesures pour régler le problème des accidents au Sénégal.