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Cinéma : le son de vie

Cinéma et musique de film

L’ingrédient lyrique du 7e Art

C’est l’illustration de l’œuvre cinématographique

Saëns, pour le son de vie

Henry de Carsalade dit que : « La musique s’insinue dans l’oreille sans qu’on la remarque ; elle facilite le jeu des acteurs, donnant plus de sens à une expression, à un regard ; si elle n’existait pas, on sentirait un vide »…N’est-ce pas ?

Par Chérifa Sadany Ibou-Daba SOW,
Cheffe du Desk Culture

La toute première fois qu’une musique est composée pour un film, c’était en 1908 par le musicien français Camille Saint-Saëns, pour le célèbre film « L’assassinat du Duc de Guise ». Depuis, elle a gagné une fonction principale dans le 7e art. Sa place dans une œuvre cinématographique n’est plus à revendiquer.

Il arrive en effet que l’on apprécie un film grâce à sa bande originale. Aujourd’hui, la musique n’a plus comme vocation : faire du bruit ; c’est un élément narratif qui participe essentiellement à l’illustration de l’œuvre cinématographique. Dans les films romantiques, la musique douce et captivante, convie subtilement l’émotion du spectateur : sa peur, son angoisse, sa joie. Il suffit d’une mélodie pour comprendre ce que ressent une veuve qui a l’air pensive. Au-delà de renforcer les émotions, la musique accompagne des moments de transitions entre deux actions du film. Elle a une fonction structurelle qui sert de ponctuation. Ce qui la rend souvent symbolique ou psychologique.

Connue en effet pour embarquer le spectateur sur le lieu de l’action, pour booster sa bonne humeur, elle a tendance aussi à provoquer l’inverse chez le spectateur. « Titanic », par exemple, nous a fait couler des larmes grâce à sa belle musique, « My heart will go on », composée par James Horner en novembre 1997.

La musique crée de solides collaborations entre metteur en scène et compositeur pouvant partager la même sensibilité. Hitchcock et Bernard Herrmann, Steven Spielberg et John Williams, James Cameron et James Horner, Wasis Diop et Djibril Diop Mambety en sont des exemples. D’habitude, le type de musique de film existant auquel les producteurs et réalisateurs misent, c’est la musique classique. Ils convoquent soit un orchestre symphonique ou philharmonique. Dans « Athena », le réalisateur Romain Gavras a fait confiance à « gener8ion » pour la musique du film ; de même, Ludwig Göransson, compositeur de la musique de « Black Panther », a convaincu Baba Maal de poser sa voix sur la musique pour la composition de deux titres : « L’un est assez triste pour les obsèques de Chadwick Boseman, l’autre est une musique de célébration à l’africaine », a souligné Baba Maal lors de son entretien à rtsculture.

L’utilisation de la musique dans les films produit de l’effet émouvant. « Leitmotiv », par exemple, une des fonctions de la musique qui consiste à décrire des personnages, des atmosphères, des environnements et qui trace la structure formelle d’un film. La capacité de la musique à séduire, à émouvoir ou à annoncer dépend aussi du talent des compositeurs ou interprètes. Au Sénégal, Wasis Diop est l’un des plus grands compositeurs de bande originale de film. En 1999, Wasis Diop entre dans le 7e art avec son titre « Everything Is Never Quite Enough » sur la bande originale de Thomas Crown. En 1992, Wasis réalise la bande originale de « Hyènes », un film de son frère Djibril Diop Mambety. En 2002, « Le prix du pardon » , « Les couilles de l’éléphant ». En 1998, « La petite vendeuse de soleil », « Lingui », « Les liens sacrés », etc.
La musique raconte aussi l’histoire. Elle traduit, par des sons, ce que le cinéma exprime par les images. C’est pourquoi aujourd’hui, beaucoup de réalisateurs choisissent soigneusement une musique préexistante ou composée spécialement pour leur film. Pour ce dernier cas, on parle de musique originale. Toutefois, si on ne remarque pas sa présence, ne doit-on pas déplorer son absence ?