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Chronique : Moi, charpentier de l’écriture ! Eviter les sentiers du « sujet, verbe…complément »

MOI, CHARPENTIER DE L’ÉCRITURE !

 

Eviter les sentiers du

« sujet, verbe…complément »

De notre correspondant en France

Avec mon petit trousseau de clés entre les mains, j’ai décidé d’explorer quelques trous de serrure et d’ouvrir portes, fenêtres et armoires pour sécuriser l’ouvrage des artisans du verbe. J’ai fait le pari d’entrer en libre conversation avec le lecteur sur un sujet prodigieusement intéressant à l’écriture et à la lecture.
Tout au long des pages, je tâcherai d’éviter les sentiers du « sujet, verbe…complément ». Mais là où il le faut, je ne me forcerai pas à taire l’effectif au détriment de la grammaire que je redoute… Tant pis pour Pouye Ibra, philologue émérite !
Au sortir de nos prières brèves mais riches d’enseignements et de connaissances dirigées par l’Imam Abdoulaye Guèye Cisse, guide religieux très concis dans ses prêches et ami à Yaya Bâ se trouvant à Dubai, l’artiste Aliou Ndour et moi nous sommes salués puis congratulés devant le portail de la grande mosquée de Ngoude. Nous étions emmitouflés de beaux caftans et coiffés de nos bonnets blancs et neufs pour la circonstance.
D’ici-bas et en y pensant, l’au-delà semblait lointain… Loin, mais proche ! C’est pourquoi, devant les futures portes béantes en émeraudes de ce sublime lieu de Paix éternelle qui nous est gratifié par l’Omnipotent, le Paradis semblait tout proche.
Impassible, Aliou Ndour mon ami et frère, enfilé de bottillons en cuir noir, tapait en claquant doucement le macadam, comme s’il voulait épargner ce beau sable de quartz et micas lessivé sous son poids leste et svelte, à l’image des grands artistes de Bargny qui furent ses disciples, il y a bien longtemps.
Dans notre imaginaire, « dessiner le Paradis ou savoir à quoi ressemblaient les serrures de ses portes », démangeait le bout de nos calames.
Ici, la grande mosquée de Ngoude nous rassemblait, nous unissait, nous ragaillardit et nous libérait.
Alors, en discutant sur la sourate Al-Kahf (la Caverne), nous pensions en riant aux petites bonnes œuvres et aux dons dont nous sommes coutumiers. Le Paradis rêvé nous est apparu verdoyant, grandiose, mémorable et propice, après que nous avons imaginé ce que l’Art suprême que confirme l’Éden pouvait nous émerveiller aussi fabuleusement, et de façon si exquise.
Nos regards croisés laissaient libre cours à nos cogitations sur ce que serait certes la plus belle œuvre de l’au-delà. Le paradis est l’illustration céleste d’une œuvre parfaite et sublime, alors que nous continuons de deviser une fois là-bas sur l’extase de nos finitudes.
C’est comme si la Terre promise rencontrait nos souhaits, juste après la prière, comme chaque vendredi à l’intérieur de ce lieu de prédilection, de prières et de communion.
Debout, nous ergotions sur un espoir d’accéder à ce Haut lieu d’apaisement et de récompense promis par notre Créateur «Soubhanahou Watahalla» !
Vêtus tous deux de boubous blanc-immaculé, pour montrer notre bonne foi de fervents musulmans, je ne pus en ce qui me concerne, m’empêcher d’interpeller mon fidèle compagnon aux bacchantes blanchâtres, sur le probable rôle de satisfaction béate que nous aurions à jouer, une fois enthousiasmés devant l’œuvre de Dieu, que sera le Paradis.
C’est pour ouvrir un autre débat que je lui ai souhaité un plein succès dans l’adoration de l’ouvrage paradisiaque que nous nous imaginions. Point de doute alors qu’à l’au-delà, mon ami ne dérobera pas au besoin de la tentation de reproduire une exclusivité dans ce sens.
Amine !

Tidiane SÈNE,
Toulouse