Violences : Essuyer les plâtres après le 03 juillet
Violences
Essuyer les plâtres
après le 03 juillet
Lutter pour un Sénégalais nouveau en ramenant le service militaire obligatoire saute une étape de socialisation fondamentale qu’est la famille, cellule de base. Restructurer cette cellule, c’est restaurer une autorité parentale mise en difficulté avec une vision économique qui appauvrit de plus en plus.
La réinsertion globale des partants sera effective ce 03 juillet, capacitant l’État dans le renforcement des éléments de la sécurité publique.
Ce « rengagement » massif laisse croire à une volonté de faire face à des menaces actuellement en instruction et sur lesquelles le pouvoir ne peut épiloguer, ce qui affaiblit son argumentation face à la décision probable du président Macky Sall de souhaiter postuler pour la prochaine présidentielle.
S’y ajoute un souci de justice sociale avec la lutte contre le chômage dans cette strate libérée après une durée légale et dont une portion importante d’éléments n’a pas pu se recycler dans la gendarmerie et la police par concours.
Certaines sources qualifient l’opération de « fait rare mais pas extraordinaire dans le domaine de la sécurité ». D’autres avancent des « failles dans les effectifs « qu’il faut augmenter et cela est « techniquement possible ».
Le contexte y est cependant pour quelque chose : « Il est de l’intérêt de tous de rester debout avec l’obligation de maintenir le pays stable ».
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« Il y’avait face aux manifestations de la précipitation et du désordre et beaucoup d’improvisation dans les rangs des forces de répression ».
Un haut cadre à la retraite, après les événements du vendredi 17 juin 2022.
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Dans la réalité, le militaire n’est jamais loin du théâtre des opérations depuis l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko et ses ramifications vers un terrorisme urbain. L’affaire n’est pas nouvelle quand le Sénégal l’avait déjà testée durant les années de braise dans le dossier de la voiture piégée et de l’attentat contre Me Babacar Sèye. La nouveauté repose sur un soubassement religieux avec un financement du terrorisme que l’on suspectait déjà avec l’imam Ndao : le baby-boom des médersas avait suscité la curiosité des pouvoirs politiques qui avaient imaginé les daaras modernes comme timide parade, sans informer l’opinion nationale des raisons à la base de cette nouvelle politique dans le domaine de la foi : mauvaise communication, informations sensibles ou refus de faire de la diplomatie sur la place publique ? Que valent ces arguties devant les nouvelles segmentations urbaines ?
Depuis le vendredi 17 juin 2022, des experts séniors renforcés par cinquante années de pratiques à tous les échelons dans la police se sont penchés sur les différents théâtres au Sénégal ; ils ont émis la recommandation principale qu’il faut « restituer à l’institution et aux jeunes générations une expérience modulée à leurs réalités qui permette une prise en charge pertinente des défis sécuritaires qui les interpellent. Il s’agira surtout d’ouvrir une réflexion et ensemble baliser notre propre voie pour évacuer la question préjudicielle qu’est une police de qualité dont doit se doter un État qui se respecte ».
La génération du début des années 70 qui a pris du grade ne se reconnaît plus dans la police actuelle ; elle veut « libérer sa conscience en invitant à une réflexion et une mue profondes pour faire face à des défis et menaces naguère mal gérés et dont la résurgence pourrait souffler durablement la crédibilité et la stabilité de notre pays ».
Un aspect de la réponse du pouvoir semble reposer sur la tenue kaki avec le rappel des troupes depuis deux ans et par la remise à l’honneur du service militaire obligatoire.
Depuis l’apparition d’un mystérieux commando en juin 2022, lutter pour un Sénégalais nouveau en ramenant le service militaire obligatoire saute une étape de socialisation fondamentale qu’est la famille, cellule de base. Restructurer cette cellule, c’est restaurer une autorité parentale mise en difficulté avec une vision économique qui appauvrit de plus en plus en plus.
L’exquise lettre du Pr Abou Kane le 26 juin dernier est un bel exemple de l’incurie des gens du pouvoir une fois aux affaires : si on ne sait pas saisir la différence entre l’arithmétique et la géométrie, dans la problématique de l’Indice du Développement humain, se gausser d’une progression naturelle du budget est une délicieuse ineptie.
Le professeur de la Faseg/Ucad emploie des mots plus hauts.
P. MBODJE