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La Ligne du Devoir

Une seconde vague de contamination à la covid-19 ou simple coïncidence ! Par Denise D’ERNEVILLE

Personnellement, je me refuse de penser, de la part des autorités, à un manque de considération pour les Catholiques du Sénégal. En revanche, ce que j’ai du mal à accepter , c’est comment notre pays qui a connu sa première vague de contamination longtemps après la Chine et l’Europe, ayant été classé au 2ème rang des pays qui ont le mieux géré la pandémie dans le monde, parle subitement de deuxième vague de contamination ?

Ce qui pousse de très nombreux Sénégalais à émettre des doutes s’agissant des chiffres publiés de la situation virologique du ministère de la Santé et de l’Action sociale, quand on sait qu’en pleine crise de la Covid-19, il y a eu un grave relâchement de la part de l’Etat lors d’évènements religieux des mois écoulés, qui serait donc la conséquence de la propagation du coronavirus dans le pays et justifierait les nouvelles mesures prises par le ministre de l’Intérieur qui, malheureusement, vont coïncider avec les fêtes de Noël et de la fin de l’année civile.

Quand Corona fait voler en éclats l’admirable et belle cohésion nationale que le monde entier nous a toujours enviée !!!

C’est le premier cri du cœur que je lançais le 17 mai à propos de la Covid-19, en disant que ce maléfique virus met en exergue et à suffisance le lamentable échec, du début à la fin, de tous ces acteurs de la Foi trop bruyants, cupides, égoïstes, inconscients, incultes et qui sont dans une totale confusion : il y a d’inquiétants nombreux signes de la fin des temps dont le plus flagrant est l’apparition d’obscurs charlatans, des faux docteurs en théologie, en santé, en tout.

Le trop-plein de cette fausse religiosité est en train de tuer la bonne vraie religion : leurs faux prêches ont fini par saturer les Sénégalais, il faut que cela s’arrête ! Ils sont parvenus à creuser encore davantage le fossé des rivalités confrériques et inter-religieuses qui déjà existaient et qui ne font présager rien de bon. L’excessive théâtralisation d’une douteuse religiosité est la cause de tous les travers de notre société. Ne sommes-nous pas en train d’assister, là, sous nos yeux à une dangereuse instrumentalisation de jeunes exploités par des faux maîtres dévots sans scrupules qui les transforment en djihadistes ou enfants-soldats ? Malgré cela, l’Etat, continuant à faire la sourde oreille, le 30 mai encore, j’alertais pour la seconde fois, sur le danger qui nous guette et préconisais de fermer totalement Dakar et d’interdire les convois de dépouilles et les incessants allers et venues de Dakar à Touba. Malheureusement c’est reparti de plus belle. La propagation inquiétante de la Covid-19 dans l’hémicycle, aujourd’hui, est sans surprise.

Ils sont nombreux à refuser qu’on leur fasse prendre des vessies pour des lanternes, même en admettant une coïncidence, mais pour eux, le manque de considération et de respect est perceptible, et fait dire que l’équité souffre terriblement dans notre pays. Il ne faudrait pas que nous nous voilions la face, car nul n’ignore que l’Etat transgresserait la Constitution en s’immisçant dans l’organisation des cultes et autres cérémonies. En revanche tous les citoyens étant égaux en droits et en devoirs y compris nos chefs religieux et responsables de l’une des communautés, qu’elle soit animiste, chrétienne musulmane, sans exception, doivent se conformer aux lois de la République. “Interdire tous les rassemblements sur toute l’étendue du territoire national » est une compétence régalienne du président de la République. Toute communauté qui refuse de la respecter collectivement s’expose à des sanctions pénales.

Refuser d’aller à Canossa est une liberté individuelle sur laquelle nous pouvons auto-agir.

Je comprends et partage la colère de nombreux compatriotes, mais il me revient de leur rappeler qu’ils ont autant de droits et de devoirs que tous les Citoyens ; c’est sans conteste, afin d’éviter les réactions épidermiques pour ne pas se mettre hors-la-loi. Mettant la raison en avant, ils comprendront aisément que rien ne nous empêchera de fêter Noël en famille, et ni lui donner tout son sens qu’à ma connaissance, n’étant pas soumis à un régime de dictature, nul décret ne saurait nous interdire de célébrer Noël, toutefois, nous devons tous nous plier au respect des mesures barrières et interdictions de rassemblements… nous sommes en République et en démocratie. Nul n’est au-dessus des lois et règlements. Cependant, les autorités étatiques doivent tenir compte que nous sommes un peuple mature, donc suffisamment responsable.

Par essence, nous, Sénégalais, sommes accueillants, généreux, tolérants et sociables. Notre terre est reconnue hospitalière, c’est le pays où l’Etranger est accueilli chaleureusement et vit paisiblement. Depuis les temps immémoriaux, tel un trésor dans un coffre, cette valeur, véritable richesse que les familles sénégalaises gardent si jalousement dans les bonnes vieilles malles, remparts de notre équilibre social, est restée intacte. Si nous demeurons vigilants et éveillés, cette richesse-là ne pourra jamais être profanée ou pillée par ces fossoyeurs de la République, ces ennemis de la coexistence pacifique, ces démons de la division qui bafouent nos valeurs et sapent les symboles que sont nos institutions. Ces adeptes de Satan, ces esprits tourmentés qui cherchent par tous les moyens à opposer des Sénégalais à des Sénégalais, des communautés religieuses à des communautés religieuses, à semer la confusion, à installer la terreur, la haine, risquent de mettre le pays à feu et à sang. Nous sommes loin d’être naïfs, nous avons tous très bien compris et nous disons « Non » ! Les Sénégalais dans leur ensemble disent mille fois non! Afin que nul n’en ignore ! Ne prenez surtout pas pour de la couardise l’attitude de réserve, de correction, de discipline et de respect qui sont des signes très caractéristiques des catholiques. Néanmoins, acceptons en toute bonne foi que s’il y a autant de suspicions, elles sont créées par nos autorités qui se plient trop docilement au diktat d’une certaine frange de notre société. Il ne devrait y avoir d’iniquité quand on veut maintenir la cohésion dans une République laïque et démocratique et forte !!!

Je saisis l’occasion, pour remercier et témoigner notre reconnaissance aux évêques de l’Eglise catholique du Sénégal qui se sont toujours engagés avec responsabilité et lucidité, dans une attitude de conscience chrétienne et une stature citoyenne constante sans faille, pour amener l’ensemble de leurs fidèles à écouter, accepter et suivre toutes les consignes des mesures sanitaires édictées, sans rechigner. La grande majorité des Sénégalais sont convaincus que pour Noël, il ne saurait en être autrement. Dieu bénisse le Sénégal uni et indivisible.

Fait à Dakar,

le 15 décembre 2020

Denise d’ERNEVILLE

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