Transport aérien : Ere nouvelle ?
Air Sénégal
Un nouveau plan de relance !
Avec une nouvelle flotte, l’utilisation de Yoff pose problème
La compagnie nationale Air Sénégal ne serait pas encore sortie de ses difficultés.
Récemment, la presse a fait état d’un nouveau plan de redressement pour le transporteur national. Un énième plan serait-on tenté de dire.
Tant que le dispositif de Yamoussoucro restera en vigueur, il sera difficile aux nouvelles compagnies africaines d’aller vers la rentabilité et la viabilité. Une nouvelle compagnie, totalement exposée à la concurrence dès le début de son exploitation, n’a aucune chance de pérennité. Les premières expériences dans le transport aérien l’ont suffisamment prouvé. Par la suite, les différents accords internationaux qui ont progressivement libéralisé le transport aérien international l’ont également montré. La différence entre la région africaine et les autres est qu’il leur a été laissé suffisamment le temps de se préparer à l’ouverture à la concurrence. En effet, les experts de la Banque mondiale ont imposé au continent la libéralisation quasi totale des droits de trafic alors que la plupart de ses compagnies étaient dans une fragilité technique et économique.
Cette libéralisation avait sonné le glas pour beaucoup de compagnies africaines dont la multinationale Air Afrique qui, pourtant, avait des acquis très importants sur les plans technique, opérationnel et commercial qui auraient pu être conservés.
Il faut, pour gérer une compagnie aérienne, la connaissance notamment, technique et économique du transport aérien, de la probité et une autonomie de décision. Si ces conditions ne sont pas réunies, il ne faut guère se faire d’illusions.
L’utilisation de l’aéroport de Yoff serait un avantage significatif pour la compagnie nationale mais risque de poser des problèmes :
Est-ce que le dispositif militaire pour la sécurité de la navigation aérienne satisfait aux normes de l’OACI d’une part et acceptera-t-on une inspection de l’aéroport par l’USOAP de l’Organisation de l’Aviation civile internationale et les autres partenaires comme l’UE (Joint Aviation Authorities), l’IATA (Association Internationale du Transport Aérien) la TSA (Transport Security Administration) des États Unis, d’autre part ?
Il pourrait également se poser le problème des assurances pour la compagnie.
À ce propos, une solution avait été suggérée, il y’a belle lurette, pourrait pu être retenue : demander que Dakar LSS soit intégré à la liste des aéroports cités à l’article 2 de la Convention de Libreville relative à l’ASECNA et donc pris en charge par cette Agence pour ce qui concerne la partie sécurité de la navigation aérienne.
Cette option aurait l’avantage de ne rien coûter au Sénégal.
D’autres difficultés ne devraient pas être perdues de vue, notamment le traitement non discriminatoire des autres compagnies qui voudraient utiliser la plate-forme de Yoff.
Ababacar Sadikhe DIAGNE
Ancien élève des classes préparatoires aux Grandes Écoles.
Ingénieur diplômé de l’ENAC (École Nationale de l’Aviation Civile Toulouse France) et du MIT (Massachusetts Instutute of Technology) Cambridge USA.
Auteur de la thèse : The US Airlines Indutry seven years after Deregulation.