Tidiane Hane, l’expert du vol
Tidiane Hane, ex-Oaci
Imam en vol« Rappelé » au Canada en 2008 pour donner plus de relief et de visibilité à la représentation du Sénégal à l’Organisation de l’Aviation civile internationale, Amadou Tidiane Hane revient aux affaires trois ans après sa retraite administrative, principalement du secteur de l’aéronautique civile, après avoir fait la pige sous Wade ; sollicité en effet en 2008 pour le maintien du Sénégal au sein de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar ( Asecna) que Dakar menaçait de quitter, il fit bien : le Sénégal qui voulait juste récupérer l’argent des redevances aériennes (deux milliards à l’époque) gagne quine fois plus aujourd’hui. Il faut juste regretter de nos jours le recours à l’expertise extérieure, pour celui qui, pendant 50 ans, s’est consacré à son pays en invitant les hautes autorités à croire à l’intelligence et au patriotisme des cadres nationaux, surtout ceux de la première décennie de l’Indépendance sublimés par leur devoir envers Dieu et les leurs.
Élément important dans l’ingénierie humaine et le dispositif technique de la confrérie omarienne, Amadou Tidiane Hane est l’un des tout premiers cadres de l’aéronautique civile du Sénégal indépendant. On peut dire que c’est aujourd’hui un imam de haut vol.
S’il est en lévitation spirituelle dès qu’il touche à son chapelet, c’est véritablement avec l’Organisation de l’aviation civile internationale (Oaci) que Amadou Tidiane Hane plane. Certes, il ne veut pas être réduit à cette seule perspective mais cinquante ans, c’est un bail emphytéotique. Surtout qu’il domine encore l’organisation de son expertise plus qu’avérée, comme lors de la Conférence de Haut niveau sur la Sécurité aérienne des 12 au 14 septembre 2012 à Montréal.
Comme haut cadre, diplomate, plus tard Haut conseiller, il aura fait de sa spécialisation et de ses activités un instrument d’intégration africaine dans un multilatéralisme où « il n’y a pas mieux que le transport aérien ». Aussi faut-il comprendre le Mortal combat qu’il mènera contre ceux qui avaient programmé la mort de toute politique d’aéronautique civile africaine, en particulier avec la compagnie Air Afrique dont avons parlé dans l’édition de 04 mai dernier. Et sa hantise de la discrimination positive à l’époque de la sénégalisation des cadres pour des « compétences locales ». Grande consolation : il entraînera le président Abdou Diouf dans ce combat, comme quand le président sénégalais boudera une rencontre en Côte d’Ivoire quand Houphouët-Boigny épousera trop facilement les thèses de Paris dans le cadre d’une opération de sauvetage de la compagnie Air Afrique en excluant tout ressource humaine africaine des lieux de décision.
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Ingénieur de l’Aviation civil principal de Classe exceptionnelle,
Diplômé en 1968 ENAC, Paris-Orly (l’École nationale française de l’Aviation civile),
Classes préparatoires aux Grandes écoles au Lycée Saint-Louis de Paris,
Major de classe durant tout le cycle secondaire (1er cycle Lycée Peytavin,
De 1995 à 2002
Ambassadeur, Observateur permanent de l’O.C.I (Organisation de la Coopération islamique) auprès des Offices des Nations-Unies à Genève et à Vienne,
Directeur du Bureau de l’O.C.I à Genève,
Ambassadeur, Directeur du Département de la Science et de la Technologie au
Secrétariat général de l’O.C.I à Djeddah,
Ambassadeur, Directeur du Département de l’Information au Secrétariat général
de l’O.C.I à Djeddah
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Et hier comme aujourd’hui, la position des hauts cadres de l’aéronautique n’a pas évolué : à entendre la plupart d’entre eux, hier comme aujourd’hui, parler de réseau à l’inter-États et à l’international, on est étonné d’entendre Amadou Tidiane Hane développer les mêmes thèses qu’un Ababacar Sédikh Diagne sur Air Afrique, d’abord, et sur une politique de programmation côtière où il faut trois heures pour rallier l’aéroport Blaise Diagne pour un vol de 45 minutes dans la sous-région (Bamako, Guinée, République islamique de Mauritanie) : tous regrettent que Dakar-Yoff n’ait pas été retenu pour les vols domestiques sous-régionaux.
Ayant été des deux bords du bilatéralisme et du multilatéralisme, les aptitudes, compétences et convictions techniques de Amadou Tidiane Hane le font pencher pour le multilatéralisme, d’autant qu’il lui avait coûté son premier poste à l’Oaci. Toute l’ingéniosité développée en effet durant son premier séjour à Montréal (1974-1980) sera diluée dans les résultats d’un audit de 1980 avalisé par le président Senghor qui invitait à réduire de manière significatives les 80 missions diplomatiques dont disposait à l’époque le Sénégal et qui grevaient un budget objet d’ajustement structurel de si triste mémoire, accentué particulièrement sous Abdou Diouf. Bilatéralisme : OK ; multilatéralisme : KO. Adieu veaux, vaches, couvées. On oubliera même que le Sénégal avait une possession en terre canadienne, à Outremont-Montréal, 145 Spring Grove Crescent, « achetée par mes soins en 1975 ». Là, c’était portes ouvertes à l’année longue : table achalandée et bonne chère. Surtout pour les étudiants sénégalais et mauritaniens. Nguenthé Toubab !
P. MBODJE
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Voir aussi :
Farba Senghor : Pourquoi le Sénégal quitte l’ASECNA et reprend Air Sénégal International ?
Dakar : Ministère des Transports Terrestres et des Transports Aériens, [2007].
16 pages, Stanford libraries.