Stratégie : L’Émir et le Cheikh
Les grands stratèges africains
L’Émir et le Cheikh
« Stratèges militaires » au service de l’Afrique, El Hadj Omar Foutiyou Tall (1796-1864) et l’Émir Abdelkader (1808-1883)sont deux chefs africains qui ont mené une résistance farouche à la pénétration coloniale en Afrique. Une biographie comparée de El Hadj Omar Foutiyou Tall et de l’émir Abdelkader pourrait également nous montrer la « force spirituelle » qui a habité ces deux chefs africains, au long de leur vie religieuse. Une « histoire de sabre, de fourreau et burnous »…
L’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne se sont « touchées » à travers les histoires de deux grands chefs africains : l’émir Abdelkader et El Hadj Omar Foutiyou Tall.
L’émir Abdelkader est né le 6 septembre 1808 à El Guettana (Mascara) en Algérie. El Hadj Omar Foutiyou Tall serait né entre 1794 et 1797, à Halwar, près de Podor et dans ce qui était nommé l’empire Toucouleur. Le vaste empire toucouleur sur lequel il régna comprenait la Guinée, le Mali, le Sénégal et la Mauritanie.
Ces deux chefs africains ont mené une résistance farouche à la pénétration coloniale en Afrique. Ils ont été des « stratèges militaires » au service de l’Afrique. es grands militaires africains devraient étudier les stratégies militaires de ces grandes figures afin de pouvoir dégager les forces et certainement les faiblesses des deux « pensées militaires » qui furent celles de ces deux grandes figures.
Une biographie comparée de El Hadj Omar Foutiyou Tall et de l’émir Abdelkader pourrait également nous montrer la « force spirituelle » qui a habité ces deux chefs africains, au long de leur vie religieuse.
Abdlelkader el Jilani, fondateur à Bagdad, au Xlème siècle de la confrérie religieuse Qadiriyya, a beaucoup inspiré l’émir Abdelkader qui avait demandé, après sa mort, à être enterré auprès de son maître spirituel à Damas, en 1883 (26 mai). Ses dernières volontés furent exaucées.
À la demande du président algérien Houari Boumediène, ses cendres furent transférées à Alger en 1966.
Il déclara un jour à Bagdad, alors qu’il était interrogé sur ses origines : « Ne demandez jamais quelle est l’origine d’un homme ; interrogez plutôt sa vie, son courage, ses qualités et vous saurez qui il est. »
El Hadj Omar Foutiyou Tall a étudié également la pensée de ce maître spirituel que fut Abdelkader el Jilani.
El Hadj Omar Foutiyou Tall appartenait à la confrérie Tijaniyya.
L’Emir Abdelkader a dû se rendre au général Bugeaud, général français combattant en Algérie, le 21 décembre 1847, à la suite de nombreux faits d’armes connus dans l’histoire militaire (bataille de Mascara, bataille de Sidi- Brahim, entre autres). Ses batailles menées en Algérie, sur un vaste territoire, sont restées célèbres.
L’émir Abdelkader a prouvé, sur le théâtre des opérations, des qualités de chef de guerre rusé, excellent cavalier et qui savait manier le sabre… Il avait une maîtrise reconnue des « sciences équestres ». Il est le théoricien fécond de la « stratégie de la smala », le « campement mobile », une stratégie redoutable.
El Hadj Omar Foutiyou Tall est connu pour avoir fait le siège de Médine durant 97 jours, à partir du 20 avril 1857 jusqu’au 18 juillet 1857. Le fort de Médine, commandé par le civil Paul Holle était sur le point de tomber…
Les quelques hommes présents dans le fort étaient à court de vivres et de munitions…
Citation :
C’est alors que surgit Faidherbe lui-même, à bord d’un bateau à vapeur transportant « 500 combattants, dont 100 Blancs ». À quelques kilomètres, le navire fut bloqué par des hauts-fonds. Faidherbe clama : « Le devoir est de périr ou de sauver Médine. » On « surchargea les soupapes de sûreté et on poussa les feux ». Le bateau s’arracha. La garnison fut sauvée.
Fin de citation
Ni les militaires ni les historiens n’ont pu, jusqu’à aujourd’hui, nous expliquer la défaite retentissante de El Hadj Omar Foutiyou Tall qui avait aligné vingt mille hommes voire vingt-cinq mille contre un fort -celui de Médine- défendu par une poignée d’hommes…La « dissymétrie » des forces en présence était grande…
Quel (s) signe(s) attendai(ent) le « stratège militaire » pour donner l’assaut final et gagner la «bataille de Médine »?
Nul ne le sait…
Nul ne le saura jamais…
Cette lourde défaite ne sera jamais expliquée…
Des similitudes doivent exister dans les stratégies déployées par les deux chefs africains.
Un fait mérite réflexion : El Hadj Omar Foutiyou Tall a séjourné durant de longues années à la Mecque (vingt ans ?).
L’Emir Abdelkader est arrivé à la Mecque pour la première fois en 1825, à l’âge de dix-sept ans, en compagnie de son père.
N’oublions pas ces paroles prononcées par le guide qui les avaient accueillis, s’adressant au père de l’émir : « J’attendais votre fils depuis des années… »
Les deux Africains ont été également des « guides spirituels » de tout premier plan, des « penseurs du soufisme » exceptionnels selon des sources avisées. Ils ont laissé des écrits sur les questions religieuses, entre autres. Leur pensée « multiforme » et prodigieuse devrait être étudiée par les Africains.
El Hadj Omar Foutiyou Tall aurait disparu dans les « falaises de Bandiagara » une thèse étonnante que les historiens devraient pouvoir interroger.
Au mois de mai 2000, après avoir visité la célèbre mosquée de Djenné et passé une nuit à Mopti au Mali, je me suis rendu à Bandiagara pour visiter la « grotte » d’où aurait disparu El Hadj Omar Foutiyou Tall. Sans être historien, je suis resté sceptique… Je le suis toujours, vingt-quatre ans après…
Il a disparu le 12 février 1864…
Rappelons que le « phare des Mamelles » à Ouakam, a été construit en…1864
Au mois de mai 2015, j’ai eu la chance de me recueillir sur la tombe de l’émir Abdelkader au cimetière de El Alia, situé près d’Alger, à Oued Smar…
L’émir est décédé à Damas, en Syrie, le 26 mai 1883…
En 2020, une loi a été votée au parlement français pour autoriser la restitution au Sénégal du « sabre et du fourreau » de El Hadj Omar
Nous avons appris -cette semaine- que l’Algérie venait de faire à la France une demande de restitution de plusieurs biens culturels parmi lesquels figurent le « sabre et le burnous » de l’émir Abdelkader qui fut emprisonné en France avant d’être libéré.
N’oublions pas que l’émir Abdelkader a été reçu par le Pape car il a sauvé; en 1860, à Damas, des milliers de chrétiens d’un massacre…
L’émir Abdelkader est l’auteur du « Livre des haltes »…
El Hadj Omar Foutiyou Tall est l’auteur du «Livre des lances »…
Une histoire de l’Afrique…
Deux fabuleux destins…
Une « histoire de sabre, de fourreau et burnous »…
Vovo Bombyx
31/5/2024
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Bis repetita dans les éphémérides
Après le siège du fort de Médine le 04 juin
5 Juin 1855
Attaque du poste français de Sénoudébou par les gens du Boundou menés par le Prince Ousmane Saada et Abdoul Mamadou, un messager d’El Hadj Omar Tall.
5 Juin 1765
Signature à Mboul d’un traité entre Jacques d’Estouble de Savigny, agissant au nom du Roi de France et le Damel du Cayor Madior Yacine Isseu Fall : cession du village de Dakar aux Français.
5 Juin 2018
Ouverture à Dakar du procès en appel du député-maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall et de ses coaccusés. Le premier magistrat de la commune avait été condamné en première instance le 30 mars 2018 à une peine de 5 ans de prison ferme assortie d’une amende de 5 millions de FCFA dans l’affaire de la caisse d’avance de la commune de Dakar. Ce verdict sera confirmé.