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Soutiens au leader de Pastef: Ces « faux amis » de Sonko… Par Mame Gor NGOM, Rédaction centrale, Le Devoir

Ousmane Sonko en plein dans une sale affaire de viol est soutenu par des hommes politiques de l’opposition. Visites de courtoisie et déclarations de soutien.  Des soutiens qui cachent parfois un certain cynisme doublé de réalisme.

« J’ai le sentiment que Sonko a manqué de prudence et a été piégé. Apparemment, son inexpérience a été exploitée par un adversaire puissant et futé qui connaît ses faiblesses.  Je condamne cette façon d’éliminer un adversaire politique.  Le Pds exige que la provocation soit constatée et qu’il soit dit qu’il n’y a pas de délit. En conséquence le Pds s’oppose à la levée de l’immunité parlementaire du député Sonko ».

Propos contenus dans un “communiqué” du Pds daté du 14 février 2021. Un document qui est un cas d’école. Un soutien symbolique pour le leader de Pastef.  Il met en exergue des propos de Wade, comme aurait pu le faire un médium quelconque. C’est donc la position de Wade et non du Pds comme formation politique. Ça c’est pour la forme. Pour le fond, c’est du “souffler du chaud et du froid ». Ses « faiblesses » ont été soulignées, son « inexpérience », son « manque de prudence ». La « puissance » de son adversaire « futé » mise en exergue. Suffisant pour que certains soupçonnent une « charge » plutôt qu’un soutien. Pourtant, il s’agit d’un apport important pour un homme politique en difficulté. Wade, du moins l’auteur de ce texte-certains pensent qu’il n’est pas de lui- a été sincère.

Dans cette histoire, Pastef/les Patriotes est peut-être conscient qu’il a de faux amis qui soutiennent manifestement Sonko mais, en réalité, souhaitent sa mort…politique. Les soutiens à Sonko ont été presque unanimes du côté de l’opposition. Le dernier en date est celui de Malick Gakou leader du Grand parti.

Réuni lundi 15 février en visioconférence, le bureau politique de cette formation politique a donné mandat à ses députés membres de voter contre la levée de l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko. Tout en demandant à l’Assemblée nationale et à la justice de « préserver les acquis démocratiques et de l’indépendance de la justice ».

Entre sincérité et opportunisme…

Docteur Babacar Diop leader des Forces démocratiques sénégalaises (Fds) a été le premier à montrer sur ses grands chevaux pour dénoncer « un complot ». “Le Sénégal et les gens honnêtes comprennent que tu es victime d’une machination honteuse du régime de Macky Sall qui cherche par tous les moyens à salir ton image. La sueur de ton engagement sans faille au service de la patrie te disculpera. Demain, le soleil se lèvera comme toujours à l’Est et la vérité éclatera en plein jour.”, avait-il posté sur sa page Facebook. Il a été suivi par beaucoup d’autres marques de soutien à l’égard du député. Beaucoup d’hommes politiques issus de l’opposition ont fait le déplacement pour une « visite de courtoisie ».  Et cette « lettre au président de la République » de Boubacar Camara qui a quitté la coalition de Sonko pour créer « Tabax ».

« Cette affaire est truffée d’épaisses zones d’ombres avec un niveau d’implication politique et un amateurisme qui dépassent l’entendement. Les faits intrigants devraient plutôt nous inciter tous à la prudence.

Il est tentant de penser que l’occasion est trop belle pour la laisser échapper. Ce ne serait pas glorieux de raisonner ainsi.

Ensuite, Il sera probablement présenté au juge d’instruction. Vos faux amis vous supplient de le faire arrêter pour ne pas donner l’image d’être à la tête d’un Etat faible. Ils vous entrainent dans une voie sans issue et aux conséquences incalculables pour la stabilité de notre pays. N’ouvrez pas la boîte de Pandore ! », écrit Camara s’adressant au Chef de l’Etat Macky Sall.

Une démarche classique qui ne manque pas d’opportunisme. Si pour certains, c’est un « retour d’ascenseur » pour un chef de parti qui a eu à mener un combat pour la libération de certains opposants brimés par le régime, pour d’autres c’est du pur opportunisme en vue de gagner la sympathie des militants au cas où Sonko tomberait. Ce n’est peut-être pas du cynisme. Du pur, pire réalisme ?

Ainsi va le monde, le monde de la politique. La cruauté y est une qualité. La naïveté, un défaut mortel.