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Sonko-Macky: Bakounine vs Machiavel P. MBODJE

Deux individus sont en train de jouer avec la communauté sénégalaise depuis quelques années. L’un a les tendances du socialisme libertaire de Bakounine, l’autre est pire que Machiavel qui est si fasciné par le pouvoir qu’il exploite la moindre faille pour en faire une arme de survie.

Ousmane Sonko aurait pu mettre tout le monde à l’aise ce lundi 8 février en se rendant à la convocation de la gendarmerie, même sans une levée d’une quelconque immunité parlementaire : en bon démocrate et en bon citoyen, il aurait ainsi donné l’exemple : il ne l’a pas fait :  il aurait pu tout autant s’adresser à ses militants et sympathisants massés devant la porte de son domicile et éviter les heurts subséquents qui ont eu des dommages collatéraux : il ne l’a pas fait. La veille, il avait littéralement appelé à la veille militante en refusant la dictature de Macky Sall, comme naguère Bakounine avait rompu totalement avec Marx auquel il reprochait son autoritarisme.

Certes, la démocratie sénégalaise marche à reculons sous Macky Sall, les populations subissant avec lui ce contre quoi elles se sont élevées contre Me Abdoulaye Wade : la dissolution du pouvoir entre les mains d’un clan. L’érosion de l’autorité explique l’absence de crédit quand le pouvoir peine à donner du poids aux actes entrepris contre et avec la société représentée par ceux en face du gouvernement. Sonko se bat contre cela depuis quelques années, à sa façon, renforcé par toute une génération déboussolée d’autant plus parricide que le géniteur a perdu ce qui faisait sa force et son argent : la puissance de l’argent.

La solidarité envers Sonko ne devrait par ailleurs pas cacher le caractère anarchiste de celui qui voulait fusiller Senghor, Diouf, Wade et Macky, et qui se passe opportunément de tout appui extérieur quand il épouse  un nationalisme outrancier : les symboles transformés en bonzes du Viêt-Nam reposent le problème d’un sentiment anti, moins par l’ouverture fécondante vers l’autre que pour protester contre la  sujétion d’un pouvoir Charly qui se met à Ter par opposition à une préférence nationale libératrice qui permet de relever un front baissé depuis la nuit de la colonisation et qui se courbe encore devant une Indépendance plus douloureuse que le service du travail obligatoire.

Sonko rappelle ainsi Bakounine face à un Machiavel qui se sert des structures de renseignements pour mettre des adversaires à nu, avec, quand même, la complicité de ces mêmes adversaires qui succombent à certains péchés.