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Sonko, l’espoir en vie

Affaire Sonko

Il n’y a pas de crime parfait

Ousmane Sonko détient aujourd’hui la clé d’une crise née en 2021 s’il veut bien refuser la politique de la terre brûlée et rester en vie, la seule bataille qui vaille

Les attentats au cocktail molotov, en particulier celui du Premier août à Yarakh, seraient paradoxalement la voie idéale pour parachever le processus de décrispation entamé en juin : l’indignation et l’inquiétude au niveau local et international furent telles que même ce qui reste du Pastef a dû se démarquer, à titre personnel et au niveau multilatéral avec la coalition Yewwi Askan Wi ; les répliques du 2 août sont à mettre au compte de troupes insuffisamment informées de la réaction du sommet.
Au demeurant, le combat devrait cesser de lui-même, faute de combattants : la mise hors d’état de nuire des têtes pensantes, des bailleurs, des facilitateurs et des exécutants prouve qu’il n’y a pas de crime parfait ; comme le dit cependant Thomas Kuhn dans « La structure des révolutions scientifiques », il faudra surveiller les derniers bastions d’irréductibles prêts au sacrifice ultime pour maintenir l’idéal ; l’attaque de la station régionale de la Radiotélévision sénégalaise à Kolda le 08 aout fait partie des répliques derniers Mohican et traduit plus le désarroi de ceux qui pensent jouer leur dernière carte avec l’absence des tètes pensantes.
Plusieurs groupes de recherches et de prospectives arrivent en effet à la conclusion que le Sénégal ne peut plus dépasser un tel sommet dans l’horreur et que les forces identifiées depuis 2021 devraient se rendre compte de l’échec de la politique de la terre brûlée.
Le comportement du 28 juillet de Ousmane Sonko a certes bouleversé toutes les logiques de décrispation vérifiées avec le discours d’avant-Tabaski du 27 juin du leader de ce qui était encore le Pastef, même agrémenté de quelques piques ; au demeurant, la libération de quelques ténors du parti, malgré leur divagation trans-frontalière et la levée du siège du domicile de Ousmane Sonko le 24 juillet signifiaient bien un processus de décantation voulu par certains grands intercesseurs, dont certaines familles religieuses.
Ces bonnes volontés se manifestent encore, certaines se posant la question simple : « Qu’est-ce qui peut aider à apaiser ? ».
La réponse principale : « Lui-même », dans une inspiration née dans son discours du 27 juin qui, à l’analyse, comportait un message au second degré, conforme aux multiples appels au secours de Ousmane Sonko depuis l’affaire Adji Sarr.
Aujourd’hui plus qu’hier, conforme à la devise du Pastef (« Le don de soi »), il maintient la même logique du suicide à la fois altruiste et anomique. Rester en vie est un combat, le meilleur, le seul qui vaille.

P. MBODJE