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Sonko au Grand théâtre : Tel qu’en lui-même

Sonko au Grand théâtre

Tel qu’en lui-même

Il a joué son propre rôle,             ni plus, ni moins

Ousmane Sonko veut un retour en beauté sur tout ce qui faisait de lui le coupable d’hier qui veut se blanchir aujourd’hui qu’il a le pouvoir sans comprendre qu’il se jauge lui-même par rapport un passé qu’il ne sait pas assumer. Dimanche, il a joué son propre rôle, dans un navet que vivent les Sénégalais depuis 1976. Attention : Danger ! Il faut désormais craindre le pire pour le Sénégal devant les différents fronts que le gouvernement de Ousmane Sonko ouvre devant lui : la justice se défendra, de même que les différents corps agressés par les dossiers que Ousmane Sonko se promet de rouvrir, en particulier celui des militaires disparus et l’amnistie sur laquelle le Premier ministre promet de revenir. De plus, la marmite du pouvoir ne sent pas encore bon, deux mois après et les populations paupérisées ne rient pas encore, si elles ne ne commencent pas à râler.

Toutes ces affaires présentent la curieuse originalité de le concerner au premier chef : elles se sont produites en pleine crise socio-politique née avec l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko qui en sert de substrat et  la convocation du Général Moussa Fall, par exemple, dans le dossier du sergent Fulbert Sambou et de l’adjudant-chef Didier Badji disparus le 18 novembre 2022 pourrait impacter négativement sur le moral des troupes ; déjà que l’affaire du Général Kandé ne s’est pas encore estompée dans les esprits malgré le recul apparent du  pouvoir.

L’incidence de la vidéo telle que révélée par Ousmane Sonko ce dimanche est la première invite à la prudence, à assumer un passé encore trop récent, un hier qui plane aujourd’hui : beaucoup se sont inquiétés que la tutelle ait envoyé le dossier d’instruction filmé de Alassane Fall alias “Alassane bou Sonko” au Premier ministre en criant au sacrilège ; il faut pourtant plus simplement interpréter le fait comme une invite à faire comprendre le danger que constitue le pouvoir pour le pouvoir auquel les faits renvoient, comme dans un effet boomerang : Alassane Fall bou Sonko mooy Sonko, Sonko mooy Alassane Fall bou Sonko ; faut-il aviser ?

Sonko à l’air inquiet, et pas seulement d’un passé qui le hante et qu’il essaie de fuir comme s’il était possible de se débarrasser de son ombre : hier, il n’a pas su mesurer son degré de …pénétration dans la société ; aujourd’hui, il a comme l’impression que tous lui sont redevables d‘une décision qu’il semble regretter et qui aurait dû le consacrer lui et pas Bassirou Diomaye Faye. Enfin, cette course éperdue du président du parti Pastef consacre peut-être ce que dit Seydou Gassama qui ne remonte pas à la source pour comprendre la logique du bon sens populaire qui est une logique conquise, construite et constatée dans une démarche scientifique qui la consacre hors de tout doute raisonnable ;  Sonko en fait lui-même un slogan de campagne contre une opposition imaginaire, comme si, justement, il voulait anticiper le fait ou, comme avec François Fillon et Nicolas Sarkozy, avertir qui de droit de ne pas lâcher au milieu du gué quand des rumeurs de remaniement ministériel avaient couru sur un divorce probable à la tête de l’Exécutif.

L’événement de ce dimanche 9 juin rappelle les forts moments de la crise sociale 2021-2023 : même atmosphère d’excitation populiste bon enfant, même thématique rédhibitoire, mêmes accusations gratuites à date que celles qui avaient valu des déboires à l’opposant Ousmane Sonko ; si vous avez l’impression de revivre la période de la pandémie de la Covid-19 et de son passif socio-économique avec ces morts qui hantent encore le président de la République et son Premier ministre et président de Pastef, vous avez raison : amuser pour dorer la pilule de la crise dont la solution est promise en septembre ; en attendant, chauffons l’atmosphère avec des propos insipides. Cette stratégie de communication renvoie à Sonko tel qu’en lui-même : cacher sa culpabilité ou sa mauvaise conscience sous les allures de la raillerie, de la bravade. Coupable hier qui veut se blanchir aujourd’hui qu’il a le pouvoir. L’œil de Caïn impose cette suite en beauté qui n’en finit pas. L’ombre, pas la lumière.

Pathé MBODJE