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Santé souveraine, pistes plurielles  Fanny ARDANT

1.697 milliards, montant de la souveraineté du Sénégal en vaccins anti-Covid. Pourquoi ne pas faire jouer la personnalité du président de la République ?

En plus de l’initiative « Covax » chapeautée par l’OMS, les autorités sénégalaises sont en discussion avancée avec la Chine pour l’acquisition de 200.000 doses de vaccin anti-Covid. C’est du moins ce qu’a révélé le ministre de la Santé et de l’Action sociale Abdoulaye Diouf Sarr. Mais pourquoi vouloir négocier un vaccin chinois dont le taux d’efficacité n’atteint même pas les 90% ? 79,43%, c’est le taux d’efficacité de Sinopharma selon les derniers résultats. Alors que Pfizer/BioNTech revendique une performance de 95% et que Moderna est garanti à 94,1%. Un choix à plusieurs titres pour le Sénégal qui n’est pas souverain en santé.

La course à la vaccination est lancée. Pour la plupart des pays développés, la campagne a démarré. L’Afrique comme toujours est en retard. Et pour le Sénégal qui a dépassé la barre des 500 morts liées au coronavirus depuis le 15 janvier dernier, ne veut plus traîner les pieds pour en finir avec les cas de contaminations devenus endémiques dans le pays. Pourtant le Sénégal est logé dans l’initiative Covax, une alliance de 170 pays dont le but est de saisir toutes les opportunités de vaccin futur avec comme leader l’Organisation mondiale de la santé (OMS). N’empêche, d’autres pistes sont à explorer. Autrement dit le pays ne se renferme pas à la possibilité d’étudier d’autres vaccins pour stopper la propagation du virus. Et c’est ce que le président Macky Sall avait instruit au Comité national de gestion des épidémies lors de son discours de fin d’année.

A ce sujet, le ministre de la Santé et de l’Action sociale Abdoulaye Sarr a d’ailleurs annoncé à qui veut l’entendre que la commande de vaccin est désormais sur la table du chef de l’Etat depuis le 13 janvier 2021. Ce qui signifie que les premières doses seront disponibles en mars prochain.

Mais quel vaccin pour la population sénégalaise ?

Sur les réseaux sociaux avancent des théories les plus farfelues sur les vaccins anti-Covid. A tort ou à raison ? Malgré ces spéculations, la communication des autorités sénégalaises se joue dans la cacophonie. A la date du 12 janvier, veille du dépôt de la stratégie de vaccination sur la table du Conseil des ministres, Abdoulaye Diouf Sarr a révélé certains contours de la Stratégie nationale de vaccination contre le Covid-19 lors d’une rencontre organisée avec le Clergé au Foyer de Charité du Cap des Biches. Deux informations en parallèle sont véhiculées entre Diouf Sarr et son ministère ce même jour. D’abord le compte twitter du ministre Abdoulaye Diouf Sarr, annonce un don de 200.000 doses de vaccin Sinopharma de la Chine au Sénégal. Quelques minutes plus tard, Diouf Sarr rétropédale. Il revient sur un autre tweet et cette fois ci c’est  dans le compte du ministère de la Santé pour soutenir le contraire.

« Le Sénégal n’a pas encore reçu de don de vaccin. Nous sommes dans une étude où, dans un premier temps, nous attendons des vaccins de l’initiative Covax. Nous allons commencer les vaccins retenus dans cette initiative Covax. Mais nous sommes aussi en discussion avec la partie chinoise pour acquérir des vaccins Sinopharma et le nombre 200.000 doses est avancé », avait précisé Diouf Sarr. » Ce qui a fini par nourrir davantage d’autres interrogations sur cette précipitation notée chez les autorités.

Le Sénégal, pas souverain sanitaire,  joue la carte de la diplomatie avec la Chine pour se faire vacciner

Toutefois, il faut savoir que le vaccin coûte cher et excessivement cher. Cela dit que son acquisition peut ne pas être à la portée du Sénégal. Et pour en donner un aperçu assez clair, Dr Mamadou Ndiaye, directeur de la Prévention au ministère de la Santé, a livré quelques chiffres sur les antennes de Iradio.

« Pour vacciner tous les Sénégalais, l’État du Sénégal doit mettre sur la table 1.697 milliards FCFA », a-t-il fait savoir.

Pour le moment, même si le Sénégal n’a pas encore communiquer sur le choix du vaccin. Un don de 200. 000 doses de vaccin Sinopharm développé par le Wuhan Institute of Biological Products est en train d’être négocié par le Sénégal. Un choix qui n’est pas anodin. Du fait que le pays, comme d’autres en Afrique, est confronté à un problème de taille, celui de la conservation des doses, puisqu’il ne dispose pas d’équipements adaptés aux vaccins devant être stockés à – 20 ou – 70 degrés. Le Docteur Annette Seck, directrice de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA), en a fait la confession dans un entretien avec Sud Quotidien.

Mais, pourquoi vouloir négocier un vaccin chinois dont le taux d’efficacité n’atteint même pas les 90%. 79,43%, c’est taux d’efficacité de Sinopharma selon les derniers résultats. Alors que Pfizer/BioNTech revendique une performance de 95% et que Moderna est garanti à 94,1%.

Les relations entre le Sénégal et le pays de Xi Jinping peuvent le justifier. Si l’on surfe un peu sur les nombreuses réalisations de la Chine sur le Sénégal, publié par le Service de nouvelles quotidiennes sur les affaires en Chine.

En Afrique de l’Ouest, région fortement tournée vers la France du fait de la colonisation,  la Chine est devenue le premier partenaire économique de certains pays comme le Sénégal. Et ce dernier a d’ailleurs été le premier pays à recevoir le président Xi Jinping lors de sa tournée africaine en Juillet dernier.

Dans le cadre de partenariat commercial, la Chine a énormément investit dans des projets d’infrastructures au Sénégal. Par exemple, le Grand Théâtre National inauguré en 2011 fut financé par la Chine dans la cadre du partenariat bilatéral entre les deux pays. Pour assurer la maintenance de l’édifice, des techniciens sénégalais ont été envoyés en Chine afin de recevoir les formations adéquates. Dans la même lancée, le Grand Musée des Civilisations Noires inauguré en fin 2018 fut financé par la Chine à la hauteur de plus de 30 millions de dollars. Il constitue un espace de rencontres et de dialogue pour les cultures de l’« Afrique Noire ».

Dans l’industrie des transports, l’investissement le plus récent est l’autoroute Ila Touba qui rallie 3 régions du Sénégal (Dakar, Thiès et Diourbel). Construite sur une superficie de 113 kilomètres, elle a coûté 800 millions de dollars à la Chine dans le cadre d’un crédit à l’export dédié au gouvernement sénégalais. C’est la raison pour laquelle les travaux ont été confié à la China Road and Bridge Corporation (CRBC) qui, avec l’appui d’EXIM Bank, était obligée de travailler en sous-traitance avec une société de bâtiment et de travaux publics locale. C’est ainsi que CRBC et AGEROUTE ont mis en place cette autoroute qui, aujourd’hui, permet de créer des centres de développements en dehors de Dakar et ainsi de décentraliser certaines activités dans les régions voisines.

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