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Retrouvailles libérales: « La route est longue, Jessica », sinueuse et pleine de surprises Par Pathé MBODJE

Coincé entre les vaincus des Assises et les défaits du Parti démocratique sénégalais, Macky Sall minoritaire avait compris que sa famille naturelle était celle des Libéraux. Il s’est donné le temps et les moyens de les regrouper autour de son panache. La route a été longue, sinueuse, et les surprises seront encore au rendez-vous après le premier coup d’essai du Premier novembre qui n’a pas été un coup de….Maître !

Il faut féliciter Serigne Mboup avec les résultats observés depuis le Premier novembre et le retour progressif des Libéraux autour du pouvoir ; la forme n’y est peut-être pas mais le fond est celui recherché dès 2014 : le regroupement de la grande famille libérale autour de Macky Sall. Et il faudra s’attendre à de nouvelles surprises, surtout en 2021, à l’expiration de certaines clauses du Protocole de Doha : « Macky Sall ne peut pas prendre le risque de se défaire de Aminata Touré Mimi, de Aly Ngouille Ndiaye et de Amadou Bâ sans une assurance formelle. Au demeurant, le silence de Wade depuis les accords de Conakry qui refuse de faire voter pour Idrissa Seck est intrigant quand il juge plus le gouvernement de la Toussaint que la procédure de formation avec des éléments extérieurs à l’Alliance pour la République (Apr) » ; au surplus, un mouvement d’animation était en gestation au sein du Pds auquel Me Wade lui-même s’est opposé ».

La rupture n’est en effet pas totale avec Me Abdoulaye Wade, estime ce major du Pds, et le Parti démocratique sénégalais, au cœur des préoccupations de Macky Sall dès son arrivée en 2012 : minoritaire avec 26 %, et encore avec les 11% de « Macky 2012 » qui ont fait le poids, le nouveau président s’est retrouvé coincé entre ses amis des Assises auxquels il avait dit « Oui » du bout des lèvres et sa famille naturelle que sont les Libéraux ulcérés par la victoire du banni et encore sous l’empire de la colère.

C’est là qu’opère le génie de Macky Sall : jouer sur la durée pour retrouver ses frères. Les théories du début (El Hadji Hamidou Kassé, l’inévitable Mamouth en extinction) le poussent dans les bras des vaincus des Assises, moindre mal puisqu’ils l’ont soutenu au second tour, vieille pratique d’une démocratie à la sénégalaise. Il restait à faire face au dernier des grands démocrates africains, Abdoulaye Wade, en adoptant d’autant plus facilement la théorie du chaos destructeur que le candidat Macky Sall s’était engagé auprès des institutions internationales dans une sorte de moralisation de la vie politique avec le programme de reddition des comptes, du jugement de Hissène Habré et de limitation de la durée de vie du président de la République à la tête de l’Etat.

Il faut féliciter Serigne Mboup : avec quelques têtes d’œuf (think tank), il interprète ses échanges avec son ami Macky Sall, tire la bonne conclusion et propose au président la théorie des retrouvailles libérales.

« Je n’ai pas les dates mais il y’avait les députés Abdoulaye Dramé, Kalidou Niasse et Tounkara de Rewmi : Idrissa Seck avait en effet donné son accord de principe.

Objet des négociations ?

La grande famille libérale autour de Macky Sall.

Résultat obtenu ?

En queue de poisson.

Pourquoi ?

La formule ne convenait pas à Macky, parce qu’il ne voulait pas de candidatures plurielles en 2019.

Cela sous-entend que chaque entité restait autonome. C’est ça ?

Effectivement.

Serigne Mboup n’était pas le seul à poser la problématique : beaucoup y ont pensé et ont essayé de l’opérationnaliser selon des approches différentes. L’essentiel est aujourd’hui établi que les ponts n’ont véritablement jamais été coupés entre les enfants de Wade. Certes, les premiers effets avec les événements de la Toussaint semblent bégayer et nécessitent sans l’ombre d’un doute des réajustements par rapport aux idéaux de base défendus par exemple par un Souleymane Anta Ndiaye et son « Pôle de jonction » annoncé au surlendemain de la « Journée de Wade l’Africain » organisée à Paris avec le Forum de la Renaissance africaine (Fora), par un Tafsir Thioye qui a rejoint le mouvement et un Iba Faye, frère de la Première dame « qui tenait à négocier directement avec Wade »